par Miko Peled.
Lorsque Naftali Bennett, le premier premier ministre israélien à porter la kippa, se réfère à la Bible pour justifier sa revendication sur la Terre d’Israël, il ne fait pas référence aux Écritures juives, mais à la doctrine religieuse protestante.
Jérusalem – Naftali Bennett a un jour déclaré dans une interview avec Mehdi Hassan que d’après la Bible, la Palestine – ou selon ses termes, Israël – appartient au peuple juif. Certaines personnes font référence à la Palestine en tant que « Terre d’Israël » et, dans cette interview de 2017, M. Bennett insiste que si M. Hassan veut prétendre que « cette Terre ne nous appartient pas, je vous suggère de modifier la Bible ».
M. Bennett est depuis devenu premier ministre d’Israël (poste qu’il n’occupera très probablement pas très longtemps) et tandis que cette affirmation semble trouver un écho chez de nombreuses personnes, en examinant de plus près ce que disent vraiment les écritures juives il s’avère très clairement que ce qu’il a dit n’est pas vrai.
D’après la Torah (les écritures juives) et les paroles de plusieurs générations de sages juifs, la Terre Sainte appartient au Tout Puissant qui l’honore de sa sainteté. Le peuple juif a reçu l’autorisation de résider sur la Terre Sainte et de bénéficier de sa grâce tant qu’il se comportait avec droiture et respectait les lois édictées par le Tout-Puissant dans la Torah.
Quand le peuple juif a dévié de la voie de la Torah, il s’est attiré la colère du Tout-Puissant et a été expulsé de la Terre Sainte, et s’est vu interdire le retour jusqu’à la venue du Messie et le retour du Roi David sur le trône.
La Terre d’Israël n’a aucune valeur intrinsèque, seulement comme instrument pour servir le Tout-Puissant et suivre la Torah. Par ailleurs, la venue du Messie n’a pas plus à voir avec la souveraineté juive sur la Terre d’Israël ; c’est une vision qui englobe beaucoup de choses.
Principalement toutefois, elle concerne la transformation du monde en un lieu de paix où le peuple juif sera de nouveau autorisé à résider pacifiquement sur la Terre Sainte, avec pour objectif de suivre les lois du Tout-Puissant sur cette terre qui a été bénie par la présence de la sainteté.
C’est une idée religieuse qui n’a rien à voir les notions de conquête, nationalité ou souveraineté.
On peut penser que ce que dit la Bible concernant la Palestine n’est pas important, mais nous devons reconnaître que beaucoup de personnes considèrent que ce que disent les saintes écritures juives comptent, et qu’elles sont les vraies paroles de Dieu. Par conséquent, cela vaut la peine d’examiner attentivement ce que la torah et les sages d’antan disent réellement.
Il faut aussi se souvenir que le sionisme est une idéologie laïque et raciste et que les fondateurs du sionisme se souciaient peu de la Bible ou du judaïsme. Israël – la création monstrueuse de ce mouvement sioniste – est un régime d’apartheid qui commet des crimes odieux.
Israël prétend qu’il parle et agit au nom, et pour le bien, du peuple juif. Cependant, nous ferions bien de démontrer que la revendication d’Israël et du sionisme sur la Palestine n’a rien à voir avec le judaïsme ; en fait, l’affirmation que la légitimité du sionisme se trouve dans la Bible est totalement fausse.
Le sionisme, une idolâtrie
D’après les écritures juives, les hébreux furent transformés en peuple, le peuple juif, lorsqu’ils ont reçu la Torah au mont Sinaï, montagne dans le désert du Sinaï située très loin de la Terre Sainte. La transformation des juifs en une nation n’avait rien à voir avec l’acquisition d’une terre ou d’une souveraineté, ou aucun autre symbole associé à l’idée moderne de nationalité. C’était un acte d’engagement religieux envers le Tout-Puissant.
Dans son œuvre épique, « The Empty Wagon : Zionism’ journey from identity crisis to identity theft » le Rabin Yaakov Shapiro débat de cette question en profondeur. Il cite le révéré Rabbin du dix-septième siècle Shlomo Ephraim ben Aaron Luntschitz, connu comme le Kli Yakar (ou vaisseau précieux) pour son commentaire de la Torah.
Le Rabbin Luntschitz a écrit, dans son commentaire des cinq livres de la Torah, que le peuple juif n’est que le locataire de la Terre d’Israël et que le Tout-Puissant est le seul propriétaire de la Terre Sainte. Le Rabbin Shapiro poursuit avec une citation du Livre de Lévitique 25 :23, dans lequel le Tout-Puissant dit au peuple juif, « La terre ne doit pas être vendue à perpétuité, car la terre est à moi et vous y résidez en tant qu’étrangers et hôtes » (mes italiques).
Il existe même une histoire plus ancienne dans le livre de la Genèse, au chapitre 23, où il est clair que même le patriarche Abraham se considérait comme étranger sur la Terre d’Israël. Abraham veut enterrer sa femme Sarah dans la ville d’Hébron et il s’adresse à un homme de la ville pour acheter un lopin de terre à utiliser comme sépulture. L’homme accepte et Abraham achète la parcelle.
Si la terre lui avait appartenu en vertu de la promesse divine il n’aurait pas eu à l’acheter. Dans cette histoire, Abraham se présente comme un « étranger » sur cette terre.
Le rabbin Shapiro explique en outre que la simple dévotion à Israël, sans le respect des lois de la Torah et la dévotion au Tout-Puissant, revient à de l’idolâtrie. La Terre n’a pas de valeur en soi, ajoute-t-il. « L’amour de Eretz Israël est censé faire partie de l’amour de Hashem (le Tout-Puissant) et de la Torah ».
Comme la plupart des gens le savent, les Dix Commandements, partie intégrante de la Torah, interdisent le meurtre, le vol, et la convoitise de la maison d’autrui. Ce qui veut dire que les sionistes – même ceux qui comme Naftali portent la kippa – sont coupables d’idolâtrie, car leur désir de la Terre est de la convoitise, et ils ont recours au meurtre et au vol pour se l’approprier. Ils sont très loin d’une observance honnête de la Torah.
Admonestations, mises en garde et interdictions
Dans les prières quotidiennes, il y a une phrase que les juifs répètent régulièrement et qui dit « Nous avons été exilés à cause de nos péchés ». Tout au long des 24 livres de l’Ancien Testament, figurent d’innombrables mises en garde et admonestations faites par le Tout-Puissant au peuple d’Israël.
Il les avertit à maintes reprises que s’ils s’écartent de la voie tracée par les lois de la Torah, ils seront bannis de la Terre. Il existe de nombreux passages dans lesquels le Tout-Puissant prévient les juifs que s’ils lui tournent le dos, la Terre elle-même les « vomira » de la même façon qu’elle avait vomi d’autres nations qui y avaient vécu avant eux.
Le passage le plus connu est peut-être celui du Livre du Lévitique, chapitre 18, verset 28 : « Ne laissez pas la Terre vous vomir pour l’avoir souillée, comme elle a vomi les nations qui vous ont précédés ».
Une fois que le peuple d’Israël a été exilé pour avoir tourné le dos à la Torah et à ses lois, il leur a été interdit d’y retourner. Le grand rabbin Yoel Teitelbaum – connu sous le nom de rabbin de Satmar, qui s’est fait de nombreux adeptes aux États-Unis et partout dans le monde – aborde cette interdiction dans son livre « Vayoel Moshe ».
Le rabbin Teitelbaum parle des trois serments que les juifs ont prêté devant le Tout-Puissant. Ces serments comprennent : ne jamais tenter d’accélérer la fin de l’exile (ils doivent attendre le retour du Messie avant de pouvoir revenir en Terre Sainte) ; ne jamais revenir en usant de la force ; et ne pas se rebeller contre les autres nations, nations parmi lesquelles le peuple juif vit en exil.
Interprétation chrétienne
La notion que les écritures juives promettent au peuple juif la Terre d’Israël comme « foyer » est une notion chrétienne que les sionistes ont depuis adoptée. Selon les écritures juives, la Terre d’Israël n’est pas le foyer du peuple juif. Le Tout-Puissant a fait des juifs une nation sur le Mont Sinaï quand il leur a donné la Torah. Cela n’a pas eu lieu sur la Terre d’Israël mais, comme déjà mentionné, loin, très loin de là.
La notion du lien d’un peuple à un foyer est une idée moderne, idée qui implique le nationalisme et n’est en rien une idée juive.
Le rabbin Shapiro écrit, « Le concept sioniste d’Eretz Yisroel ne vient pas de la Torah. » Cette idée, d’après les nombreuses sources qu’il cite dans « The Empty Wagon », est « une idée chrétienne ». Il poursuit en soulignant que « la perception de Eretz Yisroel en tant que « droit de naissance » ou « foyer national » du peuple juif apparaît pour la première fois dans des sources chrétiennes protestantes restaurationnistes ».
Cette idée est née avec l’avènement du mouvement protestant au cours de la deuxième moitié du précédent millénaire ; elle s’est répandue à travers le monde protestant et continue de le faire aujourd’hui par le biais des Chrétiens Unis pour Israël ou CUFI, qui est l’un des plus significatifs soutiens d’Israël dans le monde.
L’idée que le Tout-Puissant a donné toute la Terre d’Israël au peuple juif de façon permanente et inconditionnelle, et que les juifs y reviendront en fin de compte, est une idée protestante, et non juive. C’est en grande partie la raison pour laquelle les sionistes ont réussi à obtenir le soutien de pays majoritairement protestants comme la Grande Bretagne et les États-Unis, où le sionisme chrétien prospère depuis plusieurs siècles.
De la fin du seizième siècle à Napoléon, de la Société londonienne pour la Promotion de la Chrétienté Protestante chez les juifs (mission chrétienne sioniste qui fait partie de l’Église d’Angleterre et est connue aujourd’hui en tant que Ministère de l’Église au sein du Peuple juif), à Quincy Adams et même Abraham Lincoln, l’idée du retour des juifs dans leur « patrie » est très populaire chez les protestants du monde entier.
Même le slogan « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » n’est pas à l’origine un slogan sioniste. Bien que généralement considéré comme étant un slogan sioniste, l’expression a été utilisée dès 1843 par un pasteur chrétien restaurationniste, le Révérend Dr. Alexander Keith DD de l’Église d’Écosse. L’Expression a continué à être utilisée pendant près d’un siècle par les restaurationnistes avant d’être adoptée par les sionistes.
De la même façon, l’idée de faire de l’hébreu la langue « nationale » du peuple juif dans leur « patrie » fut aussi une idée protestante adoptée ultérieurement par les sionistes.
Ainsi quand l’actuel premier ministre israélien Naftali Bennett, qui est aussi le premier premier ministre à porter la kippa, se réfère à la Bible pour justifier sa revendication de la Terre d’Israël, il ne fait pas référence aux écritures juives mais à la doctrine religieuse protestante. Lorsqu’il – ainsi que d’autres personnes politiques comme l’ancien premier ministre Benjamin Netanyahu – fait cette affirmation, il ne s’adresse pas au juifs, mais aux sionistes chrétiens.
Les plus importants alliés de l’état d’Israël et des sionistes sont les sionistes chrétiens évangéliques.
Des déclarations comme celles de M. Bennett sont faites pour s’assurer que les sionistes chrétiens continuent d’œuvrer pour Israël et pour le mouvement sioniste en faisant pression sur les gouvernements et en levant des fonds. Cette doctrine protestante, au fait, prône le retour du peuple juif sur la Terre d’Israël, non pas dans l’objectif de servir le peuple juif.
Ce retour a pour objectif de faire en sorte que les juifs se convertissent au christianisme et accélèrent la seconde venue du Christ.
L’antisionisme ne peut pas être de l’antisémitisme
Puisque les idées exprimées par les sionistes ne sont clairement pas des idées juives, l’opposition au sionisme ne peut pas être antisémite. Une fois qu’il est clairement établi que les prétentions sionistes à la Terre d’Israël, ou Palestine ne sont non seulement pas juives, mais sont issues de la théologie chrétienne protestante, on comprend que l’opposition au sionisme ne peut en aucun cas être de l’antisémitisme.
Être antisioniste n’est absolument pas antisémite parce que les principes fondamentaux du sionisme ne sont en réalité pas juifs du tout. Ils sont chrétiens.
source : https://www.mintpressnews.com
traduit par Chronique de Palestine – MJB
via https://www.chroniquepalestine.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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