Sans surprise aucune, le Conseil constitutionnel vient de valider l’essentiel du dispositif répressif du pass sanitaire, mettant ainsi fin au système libéral en France au nom d’un objectif constitutionnel de santé, qui justifie dans sa radicalité toutes les atteintes aux droits et libertés. Une grande manifestation devant l’enceinte du Conseil a accueilli cette décision, d’autres sont annoncées demain dans toute la France. Les institutions ont failli à défendre l’État de droit, le peuple est appelé à descendre dans la rue.
Portez le masque, et ça passera. Restez confinés, et ça passera. Vous portez toujours le masque, rien n’est officiellement passé. Vous avez été confinés, coincés dans des couvre-feux à répétition et rien n’est passé. Maintenant, vaccinez-vous, et ça passera. Comme le vaccin contre la grippe a permis de faire disparaître la grippe, c’est bien connu. Mais l’enjeu est ailleurs – c’est la fin du politique et de ce qui l’accompagne, de ce monde complexe que nous chérissons.
Le président l’a annoncé, le Gouvernement l’a formulé, le Parlement l’a voté, le Conseil constitutionnel l’a validé, le pass sanitaire est passé. La vie est réduite désormais à sa plus pauvre expression – biologique. L’Homme est réduit à sa plus vide existence – moléculaire. Le reste n’existe plus.
La décision du Conseil mérite d’être lue (elle est accessible ici), tant de conformisme et de renoncement montre bien la faillite des institutions publiques en France. Tout est passé, tout est proportionnel, tout est justifié par un magique « objectif à valeur constitutionnelle de santé », sauf l’isolement obligatoire des contaminés (quand même jugé non proportionnel) et la rupture des contrats de travail, car les CDI eux sont protégés … En revanche aucune rupture de l’égalité pour les restaurants professionnels routiers et chemineaux … En quoi sont-ils des zones sanitaires « saines » par rapport aux autres restaurants ? Cela reste l’un des mystères de la pensée complexe …
Il faut comprendre que le Conseil constitutionnel n’a pas le droit de créer des normes, il ne peut que les interpréter. Son rôle est, dans le cadre de cette saisine, de vérifier la conformité de la loi à la Constitution. Or, la Constitution contient des normes qui se contredisent, puisqu’elles ont été adoptées à des périodes idéologiques différentes de notre histoire – le tout libéral de 1789, le social de 1946, puis la nouvelle vague de 1958. Or, ces normes, dont la signification se contredit, ne sont pas hiérarchisées dans le préambule : il faut bien trouver une sortie. Le Conseil « découvre » ainsi régulièrement des « objectifs à valeur constitutionnelle », afin de donner la priorité, selon le cas, à une norme constitutionnelle plutôt qu’à une autre.
Si l’on traduit en langage clair, le Conseil constitutionnel permet ainsi à une loi, qui est contraire à certaines dispositions constitutionnelles, d’être considérée comme valide, car elle correspond à une vision idéologique, qui est défendue par d’autres dispositions constitutionnelles, auxquelles le Conseil choisit de donner la priorité.
Bref, dans cette décision, le Conseil constitutionnel a pris la défense du système idéologique dominant – le tout-sanitaire, qui justifie le tout-surveillance. Nous sommes bien loin de la beauté des droits et libertés fixés par notre texte constituant. Nous sommes bien loin du droit en général. Nous avons plongé dans un abîme idéologique, une fantasmagorie malsaine, comme régulièrement, malheureusement, l’humanité en connaît.
Au-delà des Fabius père et fils, reste une question fondamentale. Non pas seulement théorique, mais très pratique, car il nous faut savoir comment agir et où s’adresser pour sauver notre culture et notre civilisation, pour protéger notre existence et celle de nos proches. Un système judiciaire, quels que soient les organes, peut-il réellement être indépendant du système idéologique dominant de l’État auquel il appartient ?
La réponse est simple : non. La justice n’est pas un lieu d’opposition politique, c’est un lieu systémique. Son indépendance ne peut exister que pour les affaires courantes, dans lesquelles les magistrats doivent être objectifs et juger selon la loi. Et même ici, dès qu’une affaire à forte dimension idéologique se présente, le droit a tendance à s’effacer au profit d’une certaine vision de la société voulue.
Il est donc fondamental de comprendre, pour ceux qui veulent se battre contre ces dérives, qu’ils ne trouveront pas de soutien de la part des institutions en tant qu’institution – ce qui ne veut pas dire que certains élus, policiers, militaires ou magistrats ne partagent pas ce combat. Mais l’institution restera fidèle sinon, ce sera la révolution, sinon elle se dissout avec l’État auquel elle appartient.
PS : En mai 1968, les manifestations ont conduit à un changement brutal de cours idéologique, car les gens qui manifestaient ne demandaient l’annulation de certaines dispositions législatives, ne revendiquaient pas une place dans un système qui ne le leur permettait pas, ils voulaient prendre le pouvoir. Et ils l’ont pris.
source : http://russiepolitics.blogspot.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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