Le roi du Maroc, Mohammed VI vient de remettre la question de l’intégration régionale du Maghreb au cœur de son agenda diplomatique, appelant dans le discours Royal diffusé samedi 31 Juillet à dépasser la mésentente structurelle entre le Maroc et l’Algérie, tout en évoquant au passage la question de la souveraineté sanitaire et économique du Royaume.
Apaisement et réconciliation avec le voisin de l’Est
Point clé du discours du Trône, la main tendue à l’Algérie a été longuement évoquée cette année. En référence au peuple algérien, le Roi du Maroc a utilisé à plusieurs reprises le terme « frères », tout en appelant à faire prévaloir la sagesse. « Je rassure nos frères en Algérie : vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc qui n’est nullement un danger ou une menace pour vous. En fait, ce qui vous affecte nous touche et ce qui vous atteint nous accable », a rassuré le Souverain.
Soulignant l’importance accordée à « la sécurité et la stabilité de l’Algérie, et la quiétude de son peuple », qui sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc, Mohammed VI a assuré que « corollairement, ce qui touche le Maroc affecte tout autant l’Algérie ; car les deux pays font indissolublement corps ».
Le Roi du Maroc n’a pas cherché à polémiquer sur les responsabilités quant à la nature des relations entre les deux pays. Il a appelé par ailleurs à dépasser les désaccords du passé et à regarder l’avenir, dans l’intérêt des deux peuples et de l’unité du Maghreb. Ainsi, le Maroc « s’attache à poursuivre ses efforts sincères pour consolider la sécurité et la stabilité dans son environnement africain et euro-méditerranéen, et plus particulièrement dans son voisinage maghrébin ». Et de préciser que « plus que deux nations voisines, le Maroc et l’Algérie sont deux pays jumeaux qui se complètent ».
S’adressant directement au président algérien Abdelmajid Tebboune, le Monarque a invité celui-ci « à sa plus proche convenance… à œuvrer à l’unisson au développement des rapports fraternels tissés par les deux peuples durant des années de lutte commune ».
Le Roi a notamment a plaidé pour les frontières ouvertes entre deux pays frères. « Leur fermeture heurte un droit naturel et un principe juridique authentique, consacré par les instruments internationaux, notamment le Traité de Marrakech, texte fondateur de l’Union du Maghreb Arabe qui prévoit la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux entre les pays constitutifs de l’espace maghrébin. Je n’ai eu de cesse, depuis 2008, de clamer haut et fort cette idée et de la réaffirmer à maintes reprises et en diverses occasions », a-t-il rappelé.
Une nouvelle perspective est ainsi tracée, celle de la réconciliation totale entre Alger et Rabat et la pacification des esprits. Il faut dire que la politique de la main tendue du Maroc à l’Algérie n’est pas un fait nouveau dans la mesure où le Roi a déjà, à plusieurs reprises, invité Alger à dépasser les malentendus en vue de stimuler la construction maghrébine.
Souveraineté sanitaire
Alors que le Maroc poursuit son combat contre la propagation de la Covid-19, considéré comme « exemplaire » par de nombreux experts, le Souverain n’a pas manqué de relever la complexité du contexte. « Pour tous, la période est difficile. Et elle l’est également pour Moi personnellement, à l’égal de tout citoyen. Elle l’est pour Ma famille. Et soyez assurés que Je connais la détresse des Marocains et que J’en souffre comme eux, partageant totalement leur ressenti en pareilles circonstances », a-t-il indiqué.
« La pandémie persiste, et la crise n’est pas encore achevée ». C’est ainsi que Mohammed VI a signifié la nécessité de rester tous mobilisés et de maintenir un seuil de vigilance élevé durant cette phase où la hausse des contaminations menace de manière directe le plan de relance économique.
En parallèle, le discours du Trône est revenu également sur la question de la souveraineté sanitaire, devenue désormais un enjeu hautement stratégique, qui « distingue les puissances régionales et mondiales dans leur milieu naturel et permet de jouer le rôle attendu de locomotive de développement ».
Un défi de taille que le Maroc a réussi à relever, de l’aveu du Souverain Chérifien, celui de « la bataille pour l’accès aux vaccins ». Évoquant la campagne nationale de vaccination, à laquelle les citoyens répondent massivement, il a souligné le bon déroulement de cette opération. En effet, le Maroc a remporté avec brio le titre de champion de l’Afrique en matière de vaccination et fait preuve d’une agilité économique, technologique et industrielle unique dès les premiers jours de la crise.
Rappelant les différentes initiatives prises depuis l’apparition de la « pandémie » afin d’en amortir le choc, le Roi a cité la création d’un Fonds spécial qui a emporté l’adhésion spontanée des citoyens, la mise en place du plan ambitieux de relance économique, destiné à soutenir les PME, préserver les emplois et protéger le pouvoir d’achat des ménages.
« Convaincu que la souveraineté sanitaire est une composante essentielle de la sécurité stratégique du pays, Nous avons lancé un projet d’avant-garde pour la fabrication de vaccins, de médicaments et de matériel médical, indispensables pour le Maroc », a indiqué le Souverain. Rappelons que le Maroc a décidé de se lancer dans la fabrication des vaccins anti-Covid. Une enveloppe de l’ordre de 500 millions de dollars sera mobilisée à cet effet pour créer au Maroc un pôle d’excellence biopharmaceutique sur le continent.
Décollage économique et nouveau modèle
Au Maroc, la Commission spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD), composée de 35 membres, a livré récemment sa feuille de route pour le Maroc de demain. Dans un document volumineux de 170 pages, la Commission a proposé « un chemin du changement crédible et réalisable ». La première copie a été remise au Roi Mohammed VI, le 25 mai, au palais royal de Fès, lors la cérémonie de présentation de ce document.
Maintenant que la CSMD a passé au scanner tous les sujets , notamment les inquiétudes et insatisfactions des citoyens marocains, ainsi que les enjeux du changement escompté à l’horizon 2035, la prochaine étape consiste à mettre en œuvre cette vision.
Ainsi, le Roi a souligné qu’il veillera à accompagner la mise en œuvre opérationnelle de ce modèle, avec les dispositions et les mécanismes nécessaires à cet effet. En outre, le Souverain a émis le souhait de voir le Pacte national pour le développement constituer le cadre de référence pour définir les principes et les priorités du pays en matière de développement, et former le socle d’un pacte économique et social, propre à impulser une nouvelle révolution du Roi et du peuple.
Les propositions de la Commission spéciale sur le Modèle de Développement, a relevé Mohammed VI, « ouvrent en effet la voie à une nouvelle étape dans le processus d’accélération du décollage économique et de consolidation du projet de société que Nous voulons pour notre pays ».
Adblock test (Why?)
Source : Lire l'article complet par Réseau International
Source: Lire l'article complet de Réseau International