Mélenchon passe à la moulinette trotskiste
• Textes du 23 juillet 2021. • Il s’agit d’une présentation et d’un commentaire sur la manifestation anti-“obligation vaccinale” en France, le 17 juillet. • Particulièrement dans l’œil du viseur des trotskistes orthodoxes : Mélenchon, si souvent présenté comme trotskiste en France, et cette fois sans la moindre hésitation assimilé aux divers et nombreux néo-fascistes de l’extrême-droite. • Le Covid et ses vaccins font des merveilles pour aiguiser la compréhension de la situation française : le virus sera-t-il élu président en 2022 ? • Contributions : dedefensa.org, Alexandre Lantier (WSWS.org).
… Dieu sait qu’on l’accuse de trotskisme, en France, en plus de la désormais très-classique étiquette d’“islamo-gauchiste”. Eh bien ! Pour le site WSWS.org dont on sait qu’il est celui de la IVe Internationale trotskiste, se revendiquant haut et fort d’être la seule voix “autorisée” de Léon T. ressuscité, comme une sorte de Jésus-Christ athée et socialiste-croyant, – tout ce qu’il faut, hyper-socialiste et chrétien-barbouze, pour séduire Nietzsche, – pour WSWS.org, donc, Mélenchon est par assimilation une sorte de faux-gauchiste d’extrême-droite. C’est ce que des esprits un peu trop vifs concluraient du texte d’Alexandre Lantier, que nous reprenons ci-dessous pour vous le donner.
Mélenchon qui a soutenu au nom de son parti LFI, assez passivement mais droitement (si l’on peut dire) la manif’ “anti-‘pass sanitaire’” du 17 juillet, y est droitement (si l’on ose redire) accusé d’être aussi fasciste que les Gros Bras des partis de droite dure qui ont mené la manifestations (en réalité, répartis en plusieurs villes françaises). Sont cités notamment Philippot, Dupont-Aignan (en tête du cortège parisien), Le Pen (pour cette dernière, in absentia) …
Dans ce texte, WSWS.org nous donne une leçon directement sorti de la doxa trotskiste dont il est seul dépositaire, sous l’approbation sérieuse et scientfique des mannes de Léon T. Le texte est à la fois terrifiant, impératif et involontairement tragico-bouffe, ou bouffe tout court. D’autre part, les cibles désignées, l’hydre fasciste/néo-fasciste certes mais bien plus encore : le traître soi-disant gauchiste mais au fond de son cœur franchement fasciste, – Mélenchon soi-même, en clandestines épousailles de Marine, – est absolument voué aux bûchers des gémonies.
D’un autre côté, si on veut bien considérer sérieusement ce texte, on trouve bien entendu quelques erreurs patentes dues à la fougue de l’orthodoxie trotskiste (ni les droites ni les gauches extrêmes ne sont abruptement « contre la vaccination et les politiques sanitaires contre le coronavirus ») mais surtout une extraordinaire description in vivo du désordre et des contradictions (internes et externes), – ou désordre-contradictoire, – qui touche absolument tous les courants activistes-extrémistes, y compris l’accusateur lui-même (WSWS.org) ; au reste, ce même désordre-contradictoire, parce qu’il est le reflet absolument fidèle de la situation, renvoie au même désordre-contradictoire des forces établies du Système.
Il est extrêmement fascinant de voir comment une crise au départ si complètement non-idéologique, a morphé en un an et demi en un phénomène extrême d’idéologisation rendant compte de la radicalité dans le chef de ce fameux désordre-contradictoire. L’avantage paradoxal de cette super-idéologisation est qu’elle est, justement, c’est-à-dire complètement affectée par ce “désordre-contradictoire” ; de ce fait, elle tend à se dégager de l’emprisonnement des langues de bois des idéologies institutionnalisée et identifiées.
Lorsque l’enjeu est et reste malgré tout “doit-on établir une obligation de vaccination ?”, l’on comprend que l’absence complète d’idéologie directe du sujet permet à toutes les interprétations en vue d’une idéologisation de s’exprimer, au risque de rencontres inattendues. On se dit que Mélenchon est assimilé assez proche des comploteurs-Covid, et du premier d’entre eux, Philippe de Villers avec son ‘Jour d’après’, pour un sujet pourtant si éloigné des habituelles joutes “sérieuses” des idéologies ; on le comprend de la sorte lorsque nous est livrée une sélection des réflexions de Mélenchon, comparées à celles des esprits comploteurs du domaine, – du ‘ReSet’ au dressage du moutonnier vulgum pecus :
« [D’un autre côté], Mélenchon a adopté tous les arguments de l’extrême-droite contre non seulement la politique réactionnaire de Macron, mais aussi une politique scientifique contre le coronavirus.
» Il a traité l’obligation de présenter un passe sanitaire de “changement profond de notre manière de vivre”, de “restriction considérable des libertés” et de “dressage collectif qui pousse chacun à tout moment à se sentir obligé de dire qui il est, de quoi il est malade, et de quoi il ne l’est pas”. Il a prétendu que cette situation “tout à fait anormale” aboutirait à “une société du contrôle permanent et universel”, et à “une société du conflit permanent”. »
Toute cette grande bataille autour du vaccin, ou du vaccin-obligatoire, ou encore du “Pass-Sanitaire” agrémenté des grandes nouvelles concernant le marché noir du susdit qui se développe, particulièrement en France, jusqu’à en faire des informations chez les dissidents US, toute cette bataille se déploie alors que les lignes qui semblaient enfin établies (le vaccin et la victoire libératrice, pas de vaccins et restrictions multipliées !) se brouillent à nouveau dans la mesure où les maîtres de la vaccination, y compris obligatoire, se re-déploient et se re-précipitent eux-mêmes dans les politiques de réglementation sanitaires frisant le (re)-confinement.
Ainsi des constats du journaliste et auteur John Scott Lewinski, sans aucun doute chaud partisan du vaccin et témoin volontaire et assermenté du succès de la vaccination, dénonçant avec force une contre-offensive de la bureaucratie sanitaire-narcissique voulant ré-imposer les mesures restrictives que ce succès affirmé devait sans le moindre doute balayer… Mais pas du tout !
« Il n’est pas nécessaire que les personnes entièrement vaccinées portent des masques, alors pourquoi des villes comme Los Angeles et New York les imposent-elles à nouveau ? Les gens voteront avec leur visage, et rejetteront ces tentatives mesquines d’être encore contrôlés.
» Les gratte-papiers narcissiques que Covid-19 a poussés dans des positions de pouvoir inattendues et absolument imméritées n’accepteront jamais librement la perte de cette position de contrôle. Ce n'est pas dans leur nature. La pandémie est le plus bel événement de leur vie d'adulte, et ils pleureront ces jours lorsque la pandémie sera passée. Ils utiliseront n'importe quelle excuse, n’importe quelle statistique, et n'importe quelle rationalisation qu’ils pourront trouver pour maintenir cette exaltante position…
» En conséquence, le monde occidental effectue une fois de plus une retraite tragiquement prévisible devant le virus, malgré le déclin évident du Covid-19 avec des vaccins massivement efficaces. »
C’est dire s’ils l’on ne comprendra pas vraiment grand’chose d’utile et d’assuré au texte ci-dessous, qui découpe Mélanchon à la tronçonneuse trotskiste. Il faut d’abord le considérer comme un artefact révélateur de la capacité de jugement de courants politiques connus pourtant pour leur sérieux et leur documentation en général soignée.
Il importe ensuite, pour plus de profit, de le lire au moins au second degré, sinon au troisième, en se disant qu’il prétend pourtant servir de véhicule d’information à propos d’une part non négligeable de la situation politique en France, par le biais de bacchanales vaccinales interprétées par des idéologies diverses qui se retrouvent de plus en plus souvent en position d’organisations de rapprochements étranges… On en déduit alors, sans réelle surprise dans un monde conduit sur le rythme d’une danse de Saint-Guy, que la folie-Covid ne s’apaise nullement, qu’elle se confirme à chaque nouvel épisode comme un des principaux moteurs de la Grande Crise puisqu’avec elle, ce sont les divers principes de notre démocratie, orgueil de notre civilisation, qui sont mis en cause, dénoncés, débattus, applaudis, portés aux nues, etc., avec une vigueur sans pareille.
Quant à la manifestation du 17 juillet, en en déduit à la lecture de ce texte :
1) que les fascistes (néo- ou pas) sont partout, puisqu’ils vont de l’extrême-droite à l’extrême-gauche ;
2) que le but de ces fascistes est de préparer une sorte de “coup d’État” pour parvenir à faire élire le virus du Coivid19 à la présidence de la république : le virus (Covid-Ier) remplaçant en 2022 le masque vacciné (Macron-dernier).
On n’oserait pour l’instant en dire plus, en remarquant tout de même l’une ou l’autre chose que nous observons de manière plus générale :
que la prévision selon laquelle nous sommes de plus en plus emprisonnés à la pandémie-Covid se vérifie chaque jour et à chaque décision un peu plus ;
que cette pandémie ne cesse de faire surgir tous les caractères et les constituants de notre Grande Crise sans que personne ne puisse réellement contrôler ce courant de déstabilisation et de déstructuration ;
que notre psychologie en souffre jusqu’aux abords élégants de la folie idéologisée.
Là-dessus, on lira le texte, version française réalisée par WSWS.org d’un texte original en anglais du même site, du 19 juillet 2021. Le titre original est : « Mélenchon soutient la manifestation anti-vaccinale à l’appel des néofascistes »
dedefensa.org
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Mélenchon et l’appel des néofascistes
Le 17 juillet, des dizaines de milliers de personnes en France ont manifesté contre la vaccination et les politiques sanitaires contre le coronavirus, à l’appel de néofascistes dont Marion Maréchal Le Pen et Florian Philippot.
Cette manifestation s’est déroulée sur fond de remontée de Covid-19 à travers l’Europe, poussée par le variant delta, alors que Macron refuse toute distanciation sociale scientifique. S’opposant à la fermeture des lieux de travail non-essentiels et des écoles, Macron propose seulement de faire vacciner les soignants et de demander un «passe sanitaire» démontrant l’immunité ou la négativité au virus avant d’accéder aux restaurants et aux fêtes. Maréchal Le Pen et Philippot dénoncent quant à eux toute obligation vaccinale et toute restriction sociale visant à sauver des vies du virus.
Leur appel à laisser le virus se propager sans aucune contrainte a recueilli le soutien non seulement de militants néofascistes, mais de la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon ainsi que d’une partie des Verts. Des Insoumis ont rejoint les manifestations de Philippot et Maréchal. Celles-ci ont rassemblé des milliers de personnes dans plusieurs manifestations à Paris, 5.500 à Montpellier, 4.500 à Marseille, 2.800 à Strasbourg, 2.500 à Toulouse et à Nantes, 2.000 à Rennes, et 1.200 à Perpignan et à Nancy.
En tête de cortège à Paris se trouvaient Philippot, ex-dirigeant du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen; Nicolas Dupont-Aignan du parti d’extrême-droite Debout la France; et Jacline Mouraud, une «gilet jaune» largement rejetée du mouvement pour avoir appelé les «gilets jaunes» à briguer des responsabilités au sein de l’appareil d’État. On y scandait «Macron démission», «Liberté», et des pancartes déclaraient «Non à la vaccination obligatoire. La liberté vaccinale est un droit», ou encore «Ne touchez pas à nos enfants».
La manifestation avait un caractère hétérogène. Parmi les manifestants se trouvaient du personnel soignant voulant dénoncer la politique menée par Macron, des restaurateurs opposés à l’obligation de contrôler les «pass sanitaires» de leurs clients, et des anciens «gilets jaunes». Jérôme Rodrigues, figure connue du mouvement et éborgné par la police, agitait pour le refus de se faire vacciner et refusait de participer à la manifestation dirigée par les néofascistes.
Toutefois, le caractère politique de cette manifestation était nettement dominée par l’extrême-droite et les néo-fascistes. En France et autour du monde, l’extrême-droite est en tête de l’opposition à une politique guidée scientifiquement de vaccination et de distanciation sociale pour endiguer le virus. Cette opposition est foncièrement réactionnaire étant donné que la pandémie a déjà fait plus de 4 millions de morts dans le monde et 1,1 million en Europe et ressurgit à nouveau.
Philippot s’est félicité d’avoir le soutien tacite des forces de l’ordre pour la politique de propagation à outrance du virus, en déclarant sur Twitter: «Je rencontre un nombre surprenant de restaurateurs qui n’ont absolument pas l’intention de réclamer le #PassSanitaire et, plus inédit encore, de policiers qui me disent ne pas avoir du tout l’intention d’opérer des contrôles très zélés … L’humanité existe encore.»
Marion Maréchal Le Pen, présente au cortège, a dit à Valeurs actuelles: «je suis résolument opposée à l’obligation vaccinale contre la Covid et au passe sanitaire. Il me semble que le doute devrait encore être permis au pays de Descartes!» Elle a ajouté, «Et maintenant, on devrait justifier de son état de santé à un inconnu pour avoir le droit de prendre un café en terrasse? Il y a une dérive évidente, avec une radicalisation de ceux qui détiennent les instruments de pouvoir.»
En même temps, les néofascistes tentaient de semer la confusion en établissant des amalgames faux et obscènes entre des vaccinations pouvant sauver des millions de vies, l’apartheid anti-noir du régime sud-africain au 20e siècle, et le génocide des Juifs en Europe fasciste. Le but transparent de cette opération était de tenter de donner un vernis «de gauche» à leur politique d’extrême-droite de faire propager le virus à travers la population européenne.
Les vaccins, dont Pfizer, AstraZeneca, Janssen distribués en France ont été testés scientifiquement et leur efficacité vérifiée par de nombreuses études confirmées par les chercheurs. Leur usage en tant que partie d’une politique sanitaire guidée scientifiquement est une nécessité urgente qui doit permettre de sauver des millions de vies. Ils comportent des effets secondaires dangereux pour quelques individus par million de personnes vaccinées, mais le virus tue des dizaines de milliers par million de personnes infectées. Il n’y a aucune raison scientifique de s’y opposer.
Les travailleurs et les petits patrons sont en colère et méfiants vis-à-vis de la politique menée par Macron et par l’Union européenne, dont les morts se comptent à présent par millions. Mais l’aristocratie financière exploite ces sentiments, en mettant en avant des forces néofascistes, pour tenter d’impulser un nouveau tournant vers la droite. Maniant les mensonges d’extrême-droite, elle veut stopper toute politique de vaccination et de confinement, qui nécessiterait de dépenser de l’argent sur la situation sanitaire plutôt que sur le «sauvetage» des banques et des marchés financiers.
Parmi ces mensonges se trouve la fausse comparaison entre la manifestation voulue par Philippot et les manifestations des «gilets jaunes» contre les inégalités sociales et contre Macron en 2018. Les «gilets jaunes» manifestaient contre Macron et les privilèges des riches, et jouissaient du soutien écrasant des Français et des travailleurs, à 72 pour cent.
Ici, des néofascistes appellent à laisser propager le virus, politiques soutenue dans ses grandes lignes par Macron et par les forces de l’ordre, alors que les sondages indiquent que plus de 70 pour cent des Français sont favorables à la vaccination et à la vaccination des soignants.
La force politique qui joue le rôle central pour semer la confusion et faire passer cette politique d’extrême-droite pour une politique populaire est LFI.
Le dirigeant de LFI en Picardie, François Ruffin, a joint sa voix directement aux appels des néofascistes à manifester contre la vaccination et le passe sanitaire. «Je vis ça comme une humiliation», a déclaré Ruffin sur BFM-TV. Bien que vacciné, il a dit vouloir se «bagarrer» contre la vaccination. Déclarant que «moi j'invite à des manifestations», il a ajouté: «Le pouvoir, quand il a le pouvoir, il tend à en abuser. Là il en abuse, il abuse de cette monarchie absolue (…) et il doit trouver une limite. Et la limite qu'il doit trouver en place, c'est nous.»
Mais la politique de Ruffin engage toute LFI, car Mélenchon l’a cautionnée directement dans une vidéo cynique publiée vendredi, dans laquelle il a laissé clairement entendre qu’il comprendrait ceux parmi ses partisans qui rejoindraient la manifestation néofasciste.
D’un côté, il a laissé entendre qu’il était choqué par les arguments politiques obscènes des organisateurs de la manifestation anti-vaccins. Il a imploré ses soutiens qui allaient rejoindre la manifestation d’extrême-droite de ne pas utiliser des amalgames politiques qui risqueraient de le discréditer. Il les a invités à éviter «des termes tout à fait inappropriés. Non, le vaccin librement consenti n’est pas un apartheid et sa diffusion ce n’est pas la Shoah. … J’appelle à ce qu’on revienne à la raison.»
De l’autre, Mélenchon a adopté tous les arguments de l’extrême-droite contre non seulement la politique réactionnaire de Macron, mais aussi une politique scientifique contre le coronavirus.
Il a traité l’obligation de présenter un passe sanitaire de «changement profond de notre manière de vivre», de «restriction considérable des libertés» et de «dressage collectif qui pousse chacun à tout moment à se sentir obligé de dire qui il est, de quoi il est malade, et de quoi il ne l’est pas». Il a prétendu que cette situation «tout à fait anormale» aboutirait à «une société du contrôle permanent et universel», et à «une société du conflit permanent».
Ces commentaires antiscientifiques et l’alignement politique de LFI sur l’extrême-droite qui en résulte doivent sonner comme un avertissement aux travailleurs en France et à travers l’Europe.
Alors que des centaines de milliers de vies sont à nouveaux menacées par la propagation du variant delta, toute l’élite dirigeante fait une politique sinistre et fatale de laisser le virus se propager et infecter voire tuer les jeunes, les non-vaccinés ou les vulnérables.
Pour empêcher qu’une nouvelle vague de morts sanctionnée par l’extrême-droite et la pseudo-gauche ne s’abatte sur l’Europe, il faut mobiliser les travailleurs contre l’ensemble de la classe dirigeante. Ceci nécessite la construction de comités de sécurité de base sur les lieux de travail et les écoles, indépendamment des appareils syndicaux, et la construction d’un mouvement politique européen et international pour le socialisme et pour une lutte scientifique contre le coronavirus.
Alexandre Lantier
Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org