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Des usines polluantes à proximité d’un quartier peuplé par des minorités racisées. Un manque d’eau potable dans les communautés autochtones. Des taux de pollution de l’air élevés dans une communauté des Premières Nations. Ce n’est pas le hasard. C’est du racisme environnemental, clament les experts. Une loi canadienne pour tenter de remédier à la problématique pourrait bientôt voir le jour.
« Le racisme environnemental existe, il y a plusieurs cas au Canada et il faut que la population soit au courant rapidement de cette problématique », affirme d’emblée Ingrid Waldron, professeure à la faculté de la santé de l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse.
Le racisme environnemental se produit lorsque des quartiers, des villages ou des réserves peuplés par des minorités racisées sont situés plus proches d’usines ou de lieux polluants, ce qui fait qu’ils ont une moins bonne qualité d’air que d’autres groupes de la société, explique Bertrand Schepper, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).
Vers une loi canadienne
À l’heure actuelle, le Canada ne reconnaît pas le droit à un environnement sain, et aucune loi fédérale ne traite du racisme environnemental. Afin d’y remédier, la professeure Waldron et la députée du Parti libéral Lenore Zann ont élaboré le premier projet de loi sur le racisme environnemental au Canada.
S’il est adopté, le projet de loi C-230 obligera le ministre fédéral de l’Environnement à élaborer une stratégie nationale concernant le racisme environnemental et la justice environnementale. À titre de comparaison, des exigences similaires sont en place aux États-Unis depuis 1994.
Le 21 juin 2021, le comité de l’environnement de la Chambre des communes a terminé son examen du projet de loi. Un vote final des députés l’automne prochain sera nécessaire avant qu’il ne devienne officiellement une loi canadienne, à condition que des élections ne soient pas déclenchées d’ici là.
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Ça existe au Québec ?
Le racisme environnemental est un phénomène de plus en plus connu aux États-Unis et dans le monde anglo-saxon, mais demeure très peu abordé au Québec. Malgré le manque de données sur le phénomène, les experts consultés par La Presse affirment qu’il existe probablement plusieurs cas de racisme environnemental au Québec.
« À Montréal, par exemple, les îlots de chaleur se trouvent principalement dans les quartiers peuplés par une plus grande densité de personnes racisées, comme Saint-Léonard ou Saint-Michel », soutient M. Schepper.
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D’où vient le racisme environnemental ?
Certaines politiques gouvernementales sont discriminatoires à l’égard des communautés racisées, soutiennent les experts. « Ce sont souvent des dirigeants blancs qui vont choisir l’endroit des usines polluantes. Il n’y a personne qui veut ces industries dans son quartier. La dernière chose qu’ils vont faire, c’est de les mettre dans des communautés blanches », explique Ingrid Waldron, professeure à la faculté de la santé de l’Université Dalhousie.
Les personnes blanches ont plus de ressources pour se faire entendre, ajoutent les spécialistes. « Quand on a voulu faire des puits de gaz de schiste dans des régions peuplées par des chalets de personnes blanches, une organisation a été capable de se faire entendre auprès des administrations locales et des médias », se remémore M. Schepper. Il ajoute qu’il est beaucoup plus simple pour les dirigeants de faire passer un pipeline au cœur d’une nation autochtone qui n’a pas la capacité de se faire autant écouter.
Les solutions
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Selon Mme Waldron, on doit enseigner cette problématique aux étudiants dès maintenant. « On sait que les jeunes sont extrêmement passionnés par les changements climatiques et les injustices sociales, alors il faut leur enseigner la problématique du racisme environnemental, parce que ce sont eux, les futurs dirigeants de notre pays », dit-elle.
>>> Lire l’article complet d’Alice Girard-Bossé
Source: Lire l'article complet de Horizon Québec Actuel