La dette publique de l’Ukraine a atteint 90 milliards de dollars. Cet argent a servi à boucher les brèches dans le budget, mais le moment est venu de le rembourser. Kiev devra rembourser prochainement presque 16 milliards de dollars, ce qui nécessite d’urgence un nouveau prêt du Fonds monétaire international (FMI), mais ce dernier a marqué une pause depuis un an. Il faudra se passer de l’aide des organisations internationales et chercher de l’argent sur les marchés extérieurs. Sachant qu’il existe un risque de faillite définitive: les nouveaux fonds coûtent trop chers.
Un immense trou s’est formé dans le budget ukrainien en 2020. Selon le ministère des Finances, le déficit a atteint 11 milliards de dollars. Un chiffre record depuis cinq ans. L’économie du pays bat déjà de l’aile, et la pandémie de l’an dernier n’a fait qu’aggraver la situation. Au final, les recettes fiscales du budget ont sérieusement fléchi. Début 2021, le déficit du trésor a continué de se creuser avec un milliard supplémentaire au premier trimestre.
L’Ukraine emprunte activement afin de financer le déficit de son budget public. La dette publique totale et garantie par l’Etat a déjà dépassé 90 milliards de dollars, soit presque 65% du PIB. En même temps, cette année sont prévus des remboursements importants de crédits extérieurs. Selon le ministère des Finances de l’Ukraine, cela représente presque 20 milliards de dollars, dont plus d’un quart sont les intérêts.
Les plus grands remboursements de la dette extérieure de l’Ukraine cette année sont prévus pour septembre. D’ici trois mois le ministère des Finances devra rembourser environ 6 milliards de dollars. « Entre juillet et septembre inclus il est nécessaire de rendre 5,73 milliards de dollars. Or c’est plus que le FMI prévoit de nous envoyer dans le cadre du programme d’un an et demi stand-by. 1,68 milliard de dollars de cette somme sont les intérêts », indiquent les médias ukrainiens.
Mais il semblerait que le FMI n’a pas l’intention de donner quoi que ce soit pour l’instant. En juin 2020, Kiev s’est entendu avec le FMI sur un prêt de 5 milliards de dollars. Au même moment il a reçu la première tranche de 2,1 milliards de dollars. Il était prévu de verser le reste de la somme en quatre tranches, mais aucun autre versement n’a suivi le premier virement. Ainsi, cela fait un an que Kiev ne reçoit pas d’argent de la part de son principal créancier.
De toute évidence, les espoirs de recevoir une nouvelle tranche du prêt en septembre se dissipent. Le président ukrainien a maladroitement déclaré récemment que la FMI ne devait pas avancer à son pays les mêmes exigences qu’à d’autres emprunteurs. Maladroitement, parce que les règles du Fonds stipulent qu’il ne prête pas d’argent aux pays en état de guerre.
Toutefois, d’après le chef de l’Etat ukrainien, ce n’est pas non plus un problème. En l’absence d’une aide la république parviendra à gérer la situation par ses propres moyens, a-t-il affirmé. Autrement dit, il sera nécessaire de payer sans l’aide du FMI et d’emprunter sur les marchés extérieurs. En revanche, cet argent coûtera trop cher.
Kiev est capable de trouver de l’argent, mais à prix fort: actuellement, les intérêts sur les anciennes obligations européennes avoisinent 7-8% et près de 6% sur les nouvelles. Et ce, dans un monde avec des taux d’intérêts pratiquement nuls.
Dans l’ensemble, les observateurs trouvent dangereuse la stratégie de Kiev qui continue de sortir sur le marché de la dette publique tout en cherchant des moyens de contourner les exigences du FMI. Le montant des emprunts grandit comme une boule de neige, alors que le gouvernement de Volodymyr Zelensky ne fait qu’aggraver le problème. En accumulant des prêts sans réformes nécessaires de facto le cabinet ne fait que pousser l’économie à la faillite.
Alexandre Lemoine
Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
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