Viande saignante, armes à feu, musculation et nationalisme goguenard, bienvenue dans la « virilosphère » – une demi-douzaine de youtubeurs, au public souvent jeune et masculin –, qui s’est donné pour mission de diffuser, sous couvert d’humour, des idées de droite identitaire. Les stars de cet univers portent le plus souvent des pseudos, du Raptor à Papacito, Valek Noraj ou Bruno le Salé. Une bonne part d’entre eux figuraient parmi les abonnements de Damien Tarel, le jeune homme qui a giflé Emmanuel Macron en marge d’un déplacement, le 8 juin, à Tain-l’Hermitage (Drôme).
Que Papacito soit invité par Bercoff sur Sud Radio, rien de plus logique. Entre nationaux-sionistes, le lien est naturel, la courte-échelle, habituelle. Mais que Le Monde, ce journal néolibéral socialo-sioniste à souhait, consacre un long article à la mouvance des jeunes nationaux-sionistes, rebaptisée virilosphère, alors là, il fallait une explication. Et elle est simple.
Le journal des marchés et des lobbies fait semblant de découvrir, avec quelques années de retard, la mouvance nationaliste qui agite le Net, fait le débat et fait débat. À gauche, c’est la panique : on est passé dans le camp des vieilleries, avec un logiciel politique centenaire, face à des jeunes affamés de vérités, de patriotisme et de fight idéologique. Tout le monde connaît ces youtubeurs, qui sont plus dans le business de divertissement que dans la politique profonde, sérieuse, utile. Ils drainent une bonne partie de la jeunesse, comme le souligne Le Monde le 5 avril 2021 :
En mars 2017, la presse mainstream découvrait avec horreur des centaines de milliers de jeunes Français totalement décomplexés, à l’inverse de leurs aînés, culpabilisés par 30 ans de propagande antinationale, d’aller vote FN, ou RN.
Le FN-RN, premier parti chez les jeunes, cela n’augure rien de bon pour la gauche dans les années à venir. Dès lors, qui de la poule ou de l’œuf, du renouveau national sur les réseaux sociaux ou de la dynamique interne du parti de Marine Le Pen, peu importe : les deux mouvements se rejoignent, et même si pour certains youtubeurs MLP est déjà trop politiquement correcte, le grand public qui les suit n’est pas aussi subtil et vote – pour ceux qui votent – en masse pour le RN.
Ce qui n’a pas eu lieu, soit dit en passant, lors des régionales 2021, qui ont été sabotées à dessein par le camp macronien. Ce n’est pas pour rien que deux semaines avant le scrutin, l’écrou a été desserré par Castex, soudain devenu tolérant, pour que les Français partent en week-end afin d’oublier un quotidien pourri par la guerre du covid, ce qui était quasiment interdit depuis presque un an et demi…
Lorsque nous avons cherché à le contacter, M. Marchais nous a répondu d’une phrase qui résume bien le personnage : « Je préfère ne pas voir mes propos déformés dans votre PQ de boomers subventionnés. » Une réponse qu’il s’est empressé de publier sur son compte Instagram, pour le plus grand bonheur de sa communauté.
Dans l’article du Monde, on retrouve certes les réflexes pavloviens de la novlangue gauchiste, qui dénonce de la couille gauche tout ce qui peut aimer la France. Cependant, la différence, c’est le trop long traitement des accusés, qui semblent plus être à la table des maîtres que sur le banc des accusés. Curieusement, on ne retrouve pas la haine habituelle des rédacteurs pour les représentants de l’extrême droite. L’explication est simple : la haine de la presse mainstream est dirigée contre les nationaux-antisionistes, pas contre les nationaux-sionistes, qui représentent désormais la nouvelle opposition contrôlée. Alors, il faut la promouvoir car ainsi, le débat est clos, il n’y a plus de risque que le pouvoir échappe au sionisme, qui gère les deux maisons, les deux idéologies, le socialo-sionisme et le national-sionisme.
L’opposition sans risque
Dans ce jeu truqué, les jeunes youtubeurs jouent sur du velours : malgré quelques remontrances de la gauche paléolithique, incarnée par les mélenchonistes, ils ne risquent rien, ou presque, à l’image d’un Zemmour qui doit de temps en temps débourser 10 000 euros de pénalités pour un dérapage raciste islamophoble, une paille pour celui qui a détrôné Amélie Nothomb en 2018 de la place de numéro un de la vente de livres.
Sur la ligne de Zemmour, donc, malgré le positionnement encore majoritairement gauchiste des médias mainstream, on ne risque pas les amendes et la prison, comme c’est le cas pour Soral. La ligne rouge, c’est bien la critique du sionisme, pas celle du gauchisme, sur lequel tout le monde commence à taper aujourd’hui, y compris les repentis du socialo-soinisme, ceux qui ont compris le basculement en cours.
Leur univers possède son propre jargon, imagé : eux sont des « babtous [Blancs] solides », capables de distribuer des « patates de forain », là où les gauchistes et autres SJW (« social justice warriors », guerriers de la justice sociale, terme directement importé de la droite alternative américaine pour désigner les activistes de gauche sur les réseaux sociaux) sont des « hommes soja », des « fragiles », qui ont « le physique de leurs idées ».
Promotion pour les uns, bannissement pour les autres
Faire monter en grade médiatique la bande des youtubeurs dits d’extrême droite est donc un calcul à long terme de la part de la Pravda française. Mais pour cela, il a fallu au préalable le basculement à droite des grandes figures du sionisme de gauche, on pense à la Badinter et au Finkielkraut. Seul BHL reste fidèle à sa vieille ligne, celle qui a plongé Julien Dray dans les poubelles de l’histoire politique.
BHL, soutenu encore par la presse servile (voir son portrait en héros dans Paris Match), ne peut pas se renier, car le couple qu’il forme avec Zemmour contrôle de fait le débat politique français. Entre les deux, tout est permis ; hors champ, c’est la punition. Les officiers de Mélenchon sont en train de s’en rendre compte, le ciel sioniste leur tombe actuellement sur la tête. Ils ont beau se défendre de manière rationnelle, rien n’y fera : on ne gigote pas dans les sables mouvants. Ils sont marqués du stigmate de l’antisémitisme.
Pour Mélenchon, une question se pose : est-il complice de cette ingénierie ou, au contraire, a-t-il le ressort pour se révolter contre le rôle que le Système veut lui voir jouer ? Ce n’est pas un hasard si Papacito s’en est pris à la cible favorite du CRIF…
Alors, Papacito, petit soldat du CRIF par écrans interposés ? Objectivement oui, officiellement non. Mais grâce à E&R, il saura maintenant que, sans le vouloir, il trahit la France, sa patrie, à qui il déclare régulièrement sa flamme, au profit de l’occupant.
Inévitablement, on en vient à Soral, qui est en train de détrôner le point Godwin pour le point Soral :
« Ils utilisent l’humour pour botter en touche lorsqu’on prend au sérieux leur idéologie, explique Tristan Boursier, doctorant en sciences politiques à Sciences Po Paris et à l’université de Montréal, qui termine une thèse consacrée à ces communautés. Leur humour est une stratégie rhétorique, ils recourent à des mèmes [blagues récurrentes issues de la culture Web] et à des éléments de la culture geek qui ciblent les jeunes, en y ajoutant beaucoup de sous-texte et de choses “entre les lignes”, qui permettent d’éviter les soucis légaux et la modération de YouTube. » En cela, ces nouveaux héros de la jeunesse nationaliste ne font que reprendre les recettes de leurs aînés, à commencer par Alain Soral, « père » de ce type d’agit-prop sur Internet.
E&R, l’opposition incontrôlable
Quant à l’amalgame entre Soral et les youtubeurs, il est idéologiquement faux, et Le Monde tente de noyer le poisson E&R en faisant croire que la relève est là, alors qu’il s’agit d’une déviance idéologique calculée, d’une opposition contrôlée. Pour l’instant, ces youtubeurs sont toujours sur YouTube, dont Soral et son mouvement ont été bannis à travers leurs chaînes. Cherchez l’erreur !
Youtubeurs, avez-vous les couilles de dire ça ?
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation