Dans une vidéo postée le mois dernier, Alain Soral soutient qu’il n’a jamais prétendu que les Juifs étaient derrière l’incendie de la cathédrale Notre-Dame. C’est pourtant ce qui ressort des propos pour lesquels il a été condamné.
La preuve que « le sionisme » contrôle la justice et les médias ? Alain Soral a été condamné à quatre mois de prison en semi-liberté pour avoir simplement évoqué un projet immobilier impliquant une société israélienne… C’est en tous cas ce qu’essaie de faire croire le polémiste antisémite.
Le 19 mai 2021, Soral, dont le casier judiciaire cumule près d’une vingtaine de mentions, a vu sa peine alourdie en appel pour avoir, rapportait l’AFP, « imputé aux juifs l’incendie de Notre-Dame ».
Dans une vidéo postée le 31 mai 2021 sur YouTube, le président d’Égalité & Réconciliation conteste cette formulation, arguant qu’il s’est contenté de participer à une émission de radio d’une durée de deux heures dans laquelle il n’aurait rien fait d’autre que souligner l’existence d’un projet de restructuration de l’Île de la Cité à Paris dans lequel interviendrait une société immobilière israélienne :
« Là je viens de prendre quatre mois de prison ferme, tu sais tu l’as dit, et officiellement ils ont mis dans les journaux que c’était parce que j’avais imputé aux Juifs l’incendie de Notre-Dame. En réalité ce n’est même pas le jugement et ce n’est bien sûr pas ce que j’ai dit. […] Là, par exemple, pour ma dernière condamnation, l’AFP – qui est une instance qui contrôle on va dire tout le discours médiatique français et qui est alignée sur le sionisme et le Nouvel Ordre Mondial –, l’AFP produit l’article de base qui dit pourquoi j’ai été condamné. Alors ils disent : “Alain Soral, le militant d’extrême-droite […] a été condamné à de la prison parce qu’il a imputé aux Juifs l’incendie de Notre-Dame”. Et les gens se disent “ah bon, bah il est fou”, et à la limite c’est normal, tu vois ? »
Ce que Soral se garde bien de préciser, c’est que la condamnation pour « provocation à la haine » qui le vise ne concerne pas l’émission de radio à laquelle il fait allusion mais un ensemble de publications sur sa page personnelle VKontakte (VK), une plateforme de réseau social russe inspirée de Facebook.
Le 17 avril 2019, deux jours après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, il avait publié sur VK les messages suivants :
« Rappelons que la haine du Christ et de ses lieux de culte provient d’abord de la Synagogue et de ses succursales maçonniques… »
« Les sionistes font tout pour désigner les musulmans… et faire oublier que brûler les églises est une injonction du Talmud et la haine du Christ au cœur du judaïsme (et de sa succursale la Franc-Maçonnerie). » [archive]
Le lendemain, il avait récidivé en publiant, toujours sur VK :
« Ne laissons pas les sionistes et les franc-macs récupérer l’incendie (volontaire) de Notre-Dame ! » [archive]
« Cet incendie est bien évidemment un incendie criminel, voulu, pour plusieurs raisons, par les plus hautes instances qui dominent et écrasent notre pays… » [archive]
Conspiracy Watch a pu consulter l’arrêt de la cour d’appel du 19 mai 2021. Le jugement est clair : c’est pour ces quatre publications qu’Alain Soral a été condamné.
Clémente, la cour d’appel l’a même relaxé pour les propos suivants, publiés sur Égalité & Réconciliation le 17 avril 2019 :
« Les soldats du mondialisme ont foutu le feu à notre cathédrale chérie et maintenant ils veulent la reconstruire. En synagogue ? On plaisante ! » [archive]
L’avocat d’Alain Soral, Damien Viguier, a fait valoir que la preuve d’un lien entre le compte VK « Alain Soral » et son client n’était pas rapportée. Un argument balayé par la cour d’appel qui souligne que le site Égalité & Réconciliation ainsi qu’Alain Soral lui-même ont invité publiquement les internautes à le retrouver sur VK avec indication du lien permettant la redirection vers cette plateforme.
VK a finalement banni le polémiste d’extrême droite en juillet 2020, quelques jours après la suppression des deux chaînes YouTube qui lui étaient liées.
Fin novembre 2020, son compte Twitter a été supprimé après qu’un tribunal l’a condamné à 5 400 euros d’amende pour avoir, cette fois-ci, imputé aux juifs les attentats du 11 septembre 2001.
Voir aussi :
Un an après l’incendie de Notre-Dame, plus d’un Français sur trois doute de la thèse de l’accident
Source: Lire l'article complet de Conspiracy Watch