par Alain Gérard.
Un lointain cataclysme fit, paraît-il, disparaître les dinosaures. L’humanité d’aujourd’hui ne s’en porte que mieux.
La « pandémie » que nous vivons depuis quelques mois présente cette vertu de faire apparaître, de façon lente mais continue, un type de personnalité humaine qui est savante, compétente, éthique, sincère. Des individus se lèvent, seuls d’abord, et utilisent leur intelligence pour tenter de rééquilibrer le débat ambiant. Ils se reconnaissent mutuellement, se « saluent de loin », s’agglomèrent lorsqu’ils le jugent nécessaire, sans perdre leur indépendance de pensée ni leur autonomie d’action. Ils exècrent le mensonge sans être naïfs ni dupes. Ils comptent sur chacun, prennent en compte chacun, et placent la relation humaine, et la confiance et la fidélité qu’elle suppose, au cœur de notre condition.
Comment, lorsqu’on les voit et les écoute, ne pas se demander si ce n’est pas là notre véritable élite ? L’élite aujourd’hui déclarée ne présente-t-elle pas, de façon caricaturale, la plus parfaite antithèse aux qualités énoncées plus haut ? Cela pourrait en partie motiver son arrogance et sa nervosité.
Ce sont pour l’heure des médecins et des juristes qui se révèlent, actualité oblige. Ce sont aussi quelques artistes et journalistes. Il est probable que demain ils soient économistes, historiens, mathématiciens, intellectuels rectifiés, architectes des hommes, au gré des besoins que l’évolution de cette crise fera naître.
Ce que nous pouvons faire est de les soutenir, mais de les laisser faire. Les hésitations de nos gouvernants sont peut-être déjà fortement motivées par la somme de connaissances qui parvient aux oreilles lasses de beaucoup d’entre nous. En effet, alors que la promesse initiale de nos gouvernants, pour justifier les pleins pouvoirs qu’ils se sont octroyés, tenait en l’assurance d’un bilan sans compromis, il semble que la fin de cette crise soit pour toujours retardée et que les comptes ne soient jamais rendus.
Or, pour certains « sachants », les comptes sont déjà faits, et le bilan est accablant pour la pouponnière au pouvoir.
Il y a quelques temps déjà que de nombreux observateurs pronostiquent un affaissement ou un effondrement du fonctionnement de nos sociétés. La fin, et le non-retour, à un certain nombre de pratiques et de façon de penser sont, pour eux, devenus une évidence.
Mais il se joue, au dessus de nos têtes, des luttes idéologiques beaucoup plus fondamentales que la sortie de crise. En cette période où tout le monde cite G. Orwell et 1984, on peut s’interroger sur le nombre réel de lecteurs de ce roman. Sinon, nous serions bien plus nombreux à en connaître le cœur, c’est-à-dire le livre théorique génialement inséré dans le récit, et de même bien plus nombreux à frémir de son titre : « Théorie et pratique du collectivisme oligarchique » (page 261, Éditions Gallimard, collection Folio).
Il est en effet particulièrement révélateur que nos élites, qui constituent déjà, « de facto », une oligarchie, observent les organisations collectivistes avec une envie certaine, confirmée par un certain suivisme. On a l’étrange sentiment que les modèles autoritaires de gouvernement s’imposent à eux comme l’évolution la plus souhaitable de nos sociétés individualistes. Le modèle de la ruche les fascine, là où l’individu n’existe qu’à titre de brique dans l’édifice. Le maintien de la structure est bien plus important que les individus qui, de génération en génération, la constituent et la traversent. L’individu n’est qu’un moyen. Le président Macron ne se disait-il pas maoïste en 2017 ?
À la lueur des évènements actuels, caractérisés par une perte rapide, massive et sans précédent de nos libertés fondamentales, et de l’extrême autoritarisme de nos gouvernants, il pourrait être salutaire à chacun de concevoir cet objectif du collectivisme comme le fil rouge de ce qu’il est en train d’advenir.
À l’inverse de cette idéologie, dont l’histoire fourmille d’exemples et déplore les méfaits, les types humains qui se lèvent aujourd’hui se dressent pour l’humain. Pour le soigner à son chevet, en tête à tête, pour le défendre ou le protéger, en tête à tête, reconnaissant que la relation inter individuelle est le cœur et le sens véritable du mot humanité, et non pas la somme des bipèdes qui courent sur le globe. Pour eux, la structure de la société n’existe que pour accueillir chaque nouvel individu, le reconnaître comme tel, et lui permettre d’atteindre son plus haut niveau d’épanouissement et de réalisation. L’individu est ainsi nommé car non seulement il constitue une unité impossible à diviser, mais également impossible à dissoudre ou à fusionner dans ou avec une autre.
C’est assurément cette évidence qui pousse à chaque crise nos gouvernants à clamer sur les ondes qu’il faut remettre l’humain au centre de la société, de l’économie, du « système ». Ultime cabriole pour cyniques embarrassés…
Depuis que la première image de la planète, prise de l’espace, a envahi nos écrans et modifié nos représentations, tel le point d’appui extérieur qui faisait dire à Newton qu’il pourrait ainsi soulever la terre, voire le monde, l’évidence d’une communauté de destin a vu le jour. La nécessité d’une coordination minimale mais générale s’est imposée. Et les chemins pour y parvenir secouent et divisent encore un peu plus notre monde. Mais voilà, nous sommes à ce carrefour idéologique et, à la croisée de ces deux chemins, le choix semble se faire sans nous. Choix entre une vision de l’homme, et une vision de l’organisation sociale. Entre une vision de l’homme que la société s’attache à réaliser, et une vision de l’organisation sociale qui fabrique l’homme dont elle a besoin. Il semble d’ores et déjà que la fantasmagorie transhumaniste ait choisi son camp alors que l’autre camp, lui, tarde à en saisir l’enjeu.
Il n’est heureusement pas impossible que, tels les grands sauriens d’antan, nos élites factices finissent par disparaître, à la faveur de notre cataclysme, et que l’humanité ne s’en porte que mieux.
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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