Et avec Marx, c’est toute la filiation, l’invariance du communisme qui s’affirme de plus en plus nettement en rupture avec le socialisme bourgeois, en rupture avec le réformisme, en rupture avec la démocratie. Et ce, même si à certains moments les communistes subissant le poids trop élevé de l’idéologie bourgeoise retombaient dans l’ornière démocratique. C’est ce que critiquait la Gauche Communiste abstentionniste d’Italie lorsqu’elle écrivait:
Il est indéniable que Marx et Engels, bien qu’ils aient été des démolisseurs de toute l’idéologie démocratique bourgeoise, attribuaient encore une importance excessive à la démocratie et croyaient le suffrage universel fécond d’avantages qui n’avaient pas encore été discrédités.
Les enseignements de la nouvelle histoire, Avanti 1918
Il ne s’agit pas de défendre le pôle du travail contre celui du Capital.
Il ne s’agit pas de liquider les “méchants” capitalistes pour utiliser les “bonnes” forces productives.
Il ne s’agit pas de critiquer la barbare démocratie bourgeoise au profit de la civilisatrice démocratie “ouvrière”.
Ce qui nous intéresse c’est la destruction de l’ensemble du système dont les pôles positifs – démocratie, progrès, civilisation, science,… – n’existent qu’en fonction et grâce à ceux négatifs – terreur blanche, barbarie, guerre, famine, pollution…Nous marxistes nous avons nos papiers théoriques parfaitement en règle sur ce point: Au diable la liberté! Au diable l’Etat !
Bordiga, Communisme et connaissance humaine, 1952
Les ouvriers vaincront s’ils comprennent que personne ne doit venir. L’attente du Messie et le culte du génie, concevables pour Pierre et Carlyle, sont seulement pour un marxiste de 1953, une misérable couverture d’impuissance. La révolution se relèvera terrible, mais anonyme…
Bordiga, Fantômes carlyliens, 1953
C’est la révolution qui est une ; et elle est toujours elle-même, au cours d’un arc historique immense qui se terminera comme il avait commencé et là où il l’avait promis ; là où il a rendez-vous peut-être avec beaucoup de vivants, mais certainement avec les êtres encore à naître, comme avec les morts. Ces derniers savaient qu’elle ne fait jamais défaut et qu’elle ne trompe jamais. Dans la lumière de la doctrine elle est déjà prévue comme une réalité visible, une réalité vivante…
Bordiga, Dialogue avec les morts, 1956
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