L’auteur est artiste pour la paix
Lors de la dernière rencontre de l’OTAN, le message des pays dits alliés suivants a été diffusé à grande échelle : « Tant que la Russie ne montre pas qu’elle respecte le droit international et qu’elle honore ses obligations et responsabilités internationales, il ne peut y avoir de retour à la normale… » Une telle assertion soulève plusieurs questions:
- pourquoi tout à coup l’OTAN revient-elle à mettre de l’avant la figure de la Russie comme ennemi numéro 1 ?
- Qui détermine en quoi consiste le respect du droit international selon la logique de l’OTAN piloté par les États-Unis ?
- À quelles obligations et responsabilités internationales réfère-t-on? Encore là, les définitions sont définies selon les intérêts étasuniens et ceux des pays qui suivent le pas donné par leur grand maître à penser.
En réalité, l’enjeu principal est la prédominance du rôle de gendarme du monde que s’attribuent les États-Unis. America is back, proclame Joe Biden. La Russie traîne ses sabots sur plusieurs sentiers géopolitiques, mais rien de comparable avec le grand jeu des Étasuniens avec leur puissante force armée répartie dans plus de 800 bases militaires dans le monde. Aucun pays n’a une présence militaire aussi grande partout sur la planète, ni la Russie, ni la Chine.
Les autres enjeux s’énoncent assez clairement :
- En voulant créer l’image de la Russie comme ennemi, la propagande vise à susciter la méfiance et la peur de la Russie dans l’opinion publique. Maintenir la présence d’un ennemi sur la scène mondiale permet de faire avaler les dépenses militaires faramineuses en augmentation constante dans les divers pays membres de l’OTAN. Depuis longtemps, les États-Unis réclament que tous ses alliés consacrent 2 % de leur PIB aux dépenses militaires; en ce sens, Joe Biden dit la même chose que son prédécesseur, Donald Trump. Le 15 juin, l’Agence France-Presse rapportait justement cet enjeu en citant le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg : « l’Alliance doit se consulter et investir mieux… » Sur les 21 pays membres de l’OTAN, 8 seulement tiennent l’engagement de consacrer 2 % de leur PIB à leurs dépenses militaires. » (Spilmann, Christian et Jérôme Cartillier – AFP in Le Devoir, 15 juin 2021).
- En proclamant haut et fort la Russie comme une menace, on détourne l’opinion publique d’autres situations cruciales pour la paix su sujet desquelles les États-Unis et ses alliés gardent un silence honteux et hypocrite. Il y a plusieurs conflits, zones d’ombre et situations qui gâchent la vie de millions de personnes dans le monde et au sujet desquelles on ne dit rien et on laisse faire ou bien on intervient militairement ou par des actions subversives menées par la CIA. Les alliés évitent de dénoncer l’utilisation d’une force démesurée contre le peuple palestinien, ce sans parler de l’occupation militaire du territoire palestinien et la stratégie de colonisation par l’appropriation forcée de maisons et de terrains. Les mêmes partenaires militaristes restent cois devant les exactions constantes commises par le régime saoudien contre les opposant.e.s à leur régime autocratique répressif et sanglant. Ils se montrent absent aussi au soutien des États-Unis à des régimes répressifs dans d’autres pays comme la Colombie d’aujourd’hui. Silence complet aussi sur le soutien américain inconditionnel à des fantoches de la droite politique en Amérique latine (Venezuela, Pérou). Le scandale de l’embargo américain permanent contre le peuple cubain ne fait pas davantage sourciller ces membres de l’OTAN qui s’auto-proclament anges gardiens de la démocratie, des droits de la personne et du droit à l’auto-détermination des peuples sur la planète. Et il y a encore beaucoup à dire à ce sujet.
En bref, les positions de l’OTAN vont toujours dans les sens d’une militarisation grandissante enrobée de discours pompeux, faux et hypocrites quant à leur soi-disant souci de la sécurité internationale, des droits de la personne et de la démocratie. En un mot, inventer un ennemi en criant au loup sert bien leurs intérêts géopolitiques et économiques, leur soif de supériorité nucléaire et, bien sûr, la course aux profits de l’industrie de l’armement.
Personne n’est dupe de ces discours. La recherche de la paix ne passe pas par la construction d’un ennemi diabolisé et présenté comme une menace fantasmée.
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