On dit que l’humanité tend à rejouer notre passé. Il y a 100 ans, l’Allemagne était soumise à des propagandes par le soutien de périodiques, d’affiches, de stations de radio, de livres, de films et d’interventions politiques. Ce qui impliqua par la suite la censure d’auteurs, d’artistes et de journalistes qui ne correspondaient pas à l’idéologie nazie. En 2019, le gouvernement canadien a décidé d’offrir à des médias près de 600 M$ en 5 ans. Bien que mon intention ne soit pas de comparer le Canada à l’Allemagne de Hitler, dans les deux cas, cela a multiplié le nombre de collabos du régime qui ont transformé des personnes éclairées en hommes invisibles.
Au début, ce programme d’aide visait plus précisément les organismes à but non lucratif (OBNL), ce qui avantageait le quotidien La Presse. Il faut préciser que le tapis était déjà déroulé depuis le 15 juin 2018. Ce jour-là, la loi 400 est entrée en vigueur, suite à un bâillon du Parti libéral du Québec (PLQ) de Philippe Couillard, pour que La Presse puisse devenir un OBNL, malgré l’opposition de 24 députés du Parti québécois et de l’indépendante Martine Ouellet, celle qui qualifia cette loi de «preuve d’une proximité entre le PLQ et Power Corporation de la famille Desmarais, le propriétaire de La Presse».
Aujourd’hui, les collabos menacent la démocratie et nos droits en soutenant des délires pour adolescents servant à entrer dans nos têtes l’idée que des «complotistes» représentent un péril à l’ordre social. Ni plus ni moins des indésirables qui participent à la propagation du coronavirus et de fausses nouvelles, comme d’autres avant eux furent accusés de mentir et de transmettre des maladies, par les propagandistes du régime nazi. Je pense ici au texte Le problème avec le Dr Raoult de Isabelle Hachey qui fut publié dans La Presse du premier juin. Dans ce papier, la journaliste a rejoué la scène du 21 avril 2020 qui associa la comédienne Lucie Laurier à un «danger public». Cette fois ce fut pour discréditer Didier Raoult, le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille devenue célèbre pour son utilisation de l’hydroxychloroquine, en le comparant et un apôtre des méchants «complotistes» dont la présence dans nos médias devrait être interdite. Pour appuyer ses propos, madame Hachey a précisé qu’Elisabeth Bik, cette «microbiologiste néerlandaise spécialisée en intégrité scientifique [qui a] forcé la rétractation de plus de 400 faux articles de recherche [a] relevé des problèmes de méthodologie ou de manipulation de données dans des dizaines d’autres publications du Dr Raoult et de ses équipes».
Je veux bien croire que le Dr Raoult fait des fausses notes. Mais lorsqu’on utilise la Dre Elisabeth Bik, comme un marteau servant à frapper le clou de la conspiration, cela nous rappelle que le flaire de l’investigatrice d’inepties n’a pas ébranlée la plus grande imposture médicale du XXIe siècle, concernant l’étude falsifiée du Lancet qui fut publiée le 22 mai 2020, afin de diaboliser l’hydroxychloroquine du Dr Raoult. Ajoutons que la création du site Retactation Watch, qui permet à des anonymes de s’attaquer à des rapports de spécialistes et dont Bik est une contributrice très active, a été soutenue par un don de 400,000 $ offert, en 2015, par la Fondation Mac Arthur où se retrouve au conseil d’administration le Dr James Manyika, depuis 2017. Il s’agit d’un membre du Council on Foreign Relations, une boîte à idées fondée en 1921, ayant pour participants des représentants des médias, du Pentagone, des services de renseignement, d’entreprises et de fonds d’investissement, dont Paul Desmarais junior de Power Corporation.
Toujours dans La Presse, mais cette fois le 30 mai, le texte Un candidat flirte avec des thèses conspirationnistes d’Isabelle Ducas rejoue la même tendance digne des collabos, en plaçant dans sa cible Gilbert Thibodeau. Il s’agit du chef d’Action Montréal. Un des rares politiciens contemporains que les médias devraient soutenir pour son programme plus ancré à la réalité du Québec, que Valérie Plante et Denis Coderre. Il est aussi celui qui m’a inspiré quelques mots concernant la firme-conseil McKinsey & Company dans un texte du 11 mars 2021. C’est en son honneur que j’ajoute que le Dr James Manyika est un copain de McKinsey & Company en cheville avec The Lancet, puisque son éditeur RELX a pour président Erik Engström, un ancien de McKinsey.
1977: une année qui devrait nous ouvrir les yeux
Devons-nous accepter de financer un OSBL qui nous éloigne de la réalité pour forger des opinions qui vont à l’encontre de nos valeurs nationales? Le premier juin, Gilbert Thibodeau a réagi promptement au texte de La Presse. C’était la moindre des choses, non seulement pour dénoncer le travail d’Isabelle Ducas, mais aussi la veille tendance de ce quotidien à vouloir rationaliser l’information. Ainsi, le 10 août 1973, le Montréal Matin fut vendu à Power Corporation (Gesca), le propriétaire de La Presse, pour nuire au Journal de Montréal de Pierre Péladeau (1925-1997). Non seulement ça n’a pas fonctionné, mais à l’automne de 1977, une grève de 6 mois débute au Montréal Matin, ce qui provoqua sa fermeture le 27 décembre 1978.
Est arrivée ensuite une tendance marquée à associer à des pestiférées les personnes qui ne répondaient pas aux règles du fédéralisme canadien et au libéralisme de l’anglosphère servant à la multiplication de larcins, dans le silence le plus complet. Je vous explique. Il y a une dizaine d’années, j’ai discuté avec un rentier du Montréal Matin qui était installé près du métro Place d’Armes, pour attirer l’attention sur un dossier que les médias ont évité d’ébruiter. Selon ses propos, le fonds de pension des retraités du Montréal Matin aurait fondu de plusieurs millions de dollars, après sa vente à La Presse. Un autre foutu «complotiste»! Que penser cette fois des expertises politiques? Le 6 février 1977, le premier ministre René Lévesque (1922-1987) a heurté mortellement, avec son automobile, Edgar Trottier, un homme qui était étendu dans le milieu de la rue, en pleine nuit. La nouvelle meubla les journaux durant plusieurs jours, avec raison, et alimenta l’idée que le premier ministre du Québec devait démissionner. Rien par contre sur une information dévoilée par un conférencier en 2007, qui questionnait un lien entre cet accident et la volonté du faire comprendre au PQ qu’il devait renoncer à inspecter des fourgons servant au transport de valeurs, dont ceux de la Brink’s et de Garda (un domaine de juridiction fédérale), en réaction à la rumeur d’une utilisation de ces convois par la CIA, à des fins de trafics d’armes et de stupéfiants.
Toujours en 1977, le 2 septembre un étranger est sorti de prison après plus de 11 ans de détention. Vous savez, ce genre de type dont le nom à lui seul provoque une migraine. Pour cause, il s’agit du patronyme de nombreuses personnalités connues, du chanteur français du début des années 60 à l’économiste au journal Le Monde. Je fais référence au peintre, cinéaste, docteur en cosmologie, journaliste et grand voyageur André Fontaine (1926-2005). En 1995, j’ai échangé quelques mots avec ce dernier, après qu’il ait présenté des fragments de sa vie trépidante et affirmé que des militaires étasuniens sont intervenus pour empêcher que Cuba devienne la onzième province du Canada. Assez d’informations pour réjouir des journalistes? Fontaine est plutôt resté invisible, comme d’autres, même si son livre Conspiration: entre l’ombre et la lumière (1977) coécrit avec Carmen Morin, fut interdit par le gouvernement canadien, trois jours après sa parution.
Le livre défendu
En 2014 j’ai eu la chance de me procurer un exemplaire chez un libraire étasunien, pour ensuite pondre quelques mots, dont voici l’essentiel. Fontaine aimait faire la navette entre Miami, Cuba et les Bahamas, avant d’être arrêté à La Havane, par la police de Fulgencio Batista (1901-1973), le 8 décembre 1958, au moment de son départ vers Miami. Il fut ensuite accusé d’espionnage et de complicité avec les rebelles de la Sierra Maestra pour enfin être torturé et emprisonné à Santa Clara. Le 28 décembre 1958, il est libéré d’une mort certaine par les Paysans de la révolution dirigés par Che Guevara (1928-1967). Ce fut pour Fontaine une occasion pour tisser des liaisons avec Fidel Castro (1926-2016), œuvrer aux relations de presse étrangères pour le docteur Juana Oreta, le secrétaire de Castro, et faciliter les contacts commerciaux entre Cuba et le Canada. Par la suite, Fontaine fréquenta l’univers des complots tout en entretenant des liens avec la famille Kennedy. Il fut au microphone de la radio de la Société Radio Canada (SRC), en tant que pigiste, lors d’un reportage diffusé le 11 octobre 1963. Le temps d’affirmer qu’une rumeur sérieuse, circulant chez les exilés cubains, laissait croire que John F. Kennedy (JFK) (1917-1963) sera assassiné à Miami le 17 novembre. Le drame se produit le 22 novembre 1963, à Dallas. Ce jour, André Fontaine déclara sur les ondes de la SRC qu’il avait entendu trois coups de feu provenant de deux endroits différents. Ce qui contredit la théorie du tueur solitaire, soutenue en 1964 par la Commission Warren. Il croit aussi que le président Lyndon Johnson (1908-1973) est impliqué dans le drame du 22 novembre.
Il y a en plus Désormais une étoile brillera à Cuba qui provoqua de vives réactions. Il s’agit d’un manuscrit qui expose des histoires vécues autour de ses activités et relations avec Cuba. Une copie de cet ouvrage fut envoyée à un de ses amis, en mai de l’an 1966, placée depuis dans un coffre au Liban. Bien que le contenu reste inconnu en 2021, à l’époque la CIA aurait tenté de le faire disparaître sous prétexte qu’il pouvait nuire à la reconquête de l’île. À cette fin, elle fait des offres à Fontaine pour récupérer le document. Il refuse. La CIA le menace d’accusations d’espionnage s’il persiste à vouloir éditer son ouvrage. Il décline toujours. Pour conséquence, le 19 mai 1966, il est arrêté par la CIA qui répond à une demande formelle de la Sûreté du Québec (SQ), l’original de son manuscrit est dérobé et Fontaine est transporté dans un centre carcéral américain. Le 22 juillet, la CIA fait une nouvelle offre de collaboration. Fontaine refuse toujours. Suit sa déportation vers Montréal, escorté par deux agents de la CIA, afin de le livrer à la SQ et à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
À Montréal, au quartier général de la SQ situé sur la rue Mc Gill, Fontaine perd connaissance pour se réveiller le 27 juillet dans un hôpital. On l’informe qu’il a tenté de mettre fin à ses jours, selon l’infirmière qui le soigne, alors qu’il aurait été victime d’un empoisonnement. C’est à parti de ce moment qu’il fut incarcéré dans des prisons canadiennes pour «fraude envers une caisse populaire de Longueuil» pour ensuite, le 2 août 1966, être accusé de «faux et usage de faux», sans en avoir gardé le «moindre souvenir». En août 1970, il apprend cette fois d’un officier préposé au classement qu’il y a «trois accusations» qu’il n’a jamais mentionnées: le 9 avril 1950, il a participé à un «vol avec prise d’otage» à San Diego, le 14 avril 1951, il se serait évadé et le 27 octobre 1966, il aurait été lié à un kidnapping. Arrive le mois d’octobre 1970. André Fontaine se fait offrir par un «officier supérieur de la GRC […] une libération conditionnelle et immédiate» et quelques faveurs, s’il accepte d’infiltrer «le milieu felquiste» en sachant que ce dernier est un ami de Jacques Lanctôt et son épouse Susanne, un couple qu’il a hébergé chez lui, à Kay Biscayne (Floride), en 1964. Il refuse et apprend que l’étude de son cas est reportée de deux ans.
André Fontaine est enfin libéré le 2 septembre 1977, après qu’il ait tout fait pour être innocenté, au point d’avoir l’impression d’une collusion entre le Canada et la CIA. Un «complotiste»! diraient les collabos. Pour conséquence, c’est le silence quand Conspiration est publié et que l’ouvrage est interdit par le gouvernement canadien. Et lorsqu’on met en doute les effets des actions des collabos sur la démocratie et nos droits, je dois souligner ces quelques mots extraits de la page 85: «la CIA a des ramifications partout. On me l’a affirmé et je le crois de plus en plus. On a même insinué en ma présence que le ministre de la Justice au Québec serait membre de cette agence criminelle» (CIA).
En mai de l’année 1966, ce type occupait son poste au sein du gouvernement du PLQ de Jean Lesage depuis juin 1965. L’histoire ne dit pas s’il a négocié la déportation d’André Fontaine, avant sa défaite lors de l’élection du 5 juin 1966. Elle reconnaît seulement qu’il a eu de grandes ambitions. En 1970, il affronte Robert Bourassa à la direction du PLQ, en espérant gouverner le Québec. Après, il devient député au Parti progressiste conservateur du Canada (PCC) et vise la chefferie en 1976. Une autre déconfiture qui le pousse vers le sénat en 1978, avant de décéder en 1979, à l’âge de 54 ans.
La résistance et le retour de l’homme invisible
Trouvez-vous cela normal que nous puissions ignorer qu’un ministre à Québec aurait été au service de la CIA et qu’André Fontaine, celui qui a dévoilé l’information, puisse être transformé en homme invisible? Heureusement, nous avons la résistance. Parmi ces derniers nous retrouvons Patrick Couture et Pierre Schneider. Dans La CIA au Québec, Couture présente Jules Kimble, un individu qui affirme avoir infiltré le FLQ pour le compte de la CIA et d’avoir commis deux meurtres «pour contrer la montée du nationalisme au Québec». Qui a été tué? Lors de l’élection provinciale de 1966, Daniel Johnson (1915-1968) de l’Union nationale devient le premier ministre du Québec, pour ensuite proclamer les mots «égalité et indépendance» qui font encore rougir les collabos en 2021. Il décède d’un trouble cardiaque, le 26 septembre 1968. Un moment tragique ramené à l’actualité dans J’accuse les assassins de Daniel Johnson du journaliste indépendantiste Pierre Schneider, dans lequel il affirme que le premier ministre a été empoisonné, une idée reprise par Richard Le Hir (1947-2018).
C’est notre histoire, la vraie, la pertinente, la rassembleuse. Celle qu’on tente de tuer pour servir une unicité mondiale qui mène aux délires subventionnés de collabos qui rejouent notre passé. Et lorsqu’on constate que l’humanité répète les mêmes bêtises, c’est assurément qu’on adopte les mêmes comportements, au nom des mêmes intérêts et en exploitant les mêmes outils de propagandes. Mais encore, il y a les mêmes obstacles. Conspiration: entre l’ombre et la lumière vient d’être réédité par les Éditions Dédicaces. Comme pour la première fois, André Fontaine sera transformé en homme invisible, s’il ne devient pas simplement la source d’hystéries journalistiques. Une occasion en or pour nous rappeler que les complots existent et que cela implique des entités autant gouvernementales, corporatives que médiatiques qui ont de plus en plus tendance à fouiller dans notre porte-monnaie, loin des yeux et du cœur de la population. En d’autres mots, nous sommes utiles pour payer des déductions d’impôt et des subventions à des médias. Et lorsqu’on se met à constater que ce compagnonnage forcé nous enfonce dans les délires des collabos au service de propagande, nous devenons les idiots à censurer; des pestiférés et des invisibles.
Et après que reste-t-il? Notre passé doit nous ouvrir les yeux sur le présent. Les agences de renseignement adorent laisser des marques dans l’espace public pour semer une idée, nous préparer à un drame et manipuler l’information à leur avantage. Je sais. Je délire. Pas suffisamment pour ignorer que nous sommes aussi devenus des collabos du régime. Actuellement, sous la COVID, des personnes manifestent avec des pancartes qui proposent la mort du premier ministre François Legault, près de 9 ans après les attentats contre Pauline Marois (PQ) du 4 septembre 2012, par un terroriste anglophone, alors que même Jean Charest et Philippe Couillard n’ont pas été victimes de telles menaces. Est-ce un hasard ou une opération visant à reproduire l’affaire JFK au Québec? Pendant ce temps, des personnes s’enragent des revendications nationales de la CAQ, mêmes timides, que ce soit la loi 21 ou 96, à la place de questionner l’influence des agences de renseignements et d’oser croire en des liens entre ces derniers et le soutien financier aux médias qui alimente la haine de groupes extrémistes. En d’autres mots, on ne se contente pas de parrainer des propagandes en fouillant dans nos poches, il faut aussi lier les Québécois à des indésirables qu’on peut transformer en «complotistes».
De mon côté, je crois qu’en avril 2022 nous risquons de vivre des actes terroristes en sol québécois, voire des homicides, pour fabriquer la défaite de la CAQ aux prochaines élections. Je ne tente pas d’animer des craintes, alors qu’on peine à se libérer des mesures sanitaires. Je crois seulement que lorsqu’on utilise l’argent de la population pour lui mentir, l’inviter à se taire et pour associer des citoyens à des emmerdeurs qu’on devrait censurer ou transformer en hommes invisibles, nous répondons aux règles d’un totalitarisme d’État. C’est ainsi qu’on s’assure de ne pas heurter les services des renseignements en taisant la présence de ces derniers au sein de l’État et qu’on doit accepter que tout ce qui déroge aux besoins de ces pouvoirs soit placé dans la mire des médias. Autrement, nous serions dans la rue pour manifester contre la loi 400 et l’ingérence de l’État dans l’information, plutôt qu’à écrire des menaces de mort qui pourront cautionner des attentats.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec