par Gérard Durrmann.
La France doit s’extraire très vite de ce bourbier infernal que représente l’OTAN et le danger dans lequel les États-Unis entendent entraîner l’Union européenne soutenus par leur allié inconditionnel l’Allemagne.
L’oligarchie financière anglo-saxonne se rend compte que son rôle hégémonique est mis en danger par ces nouveaux acteurs entrant dans le jeu géopolitique et géostratégique mondial et notamment la Chine et ses alliés (BRICS, OCS).
La Chine
Sous le fallacieux prétexte que la Chine viole les droits de l’Homme les eurodéputés pourraient refuser de voter en faveur de l’accord UE-Chine sur les investissements conclut le 30 décembre dernier. La vérité est tout autre. Les États-Unis poursuivent un seul but : créer une coalition contre la Chine. Jusqu’ici l’ordre économique mondial a été orchestré par les accords de Bretton Wood au seul profit des États-Unis en faisant du dollar l’architecture de l’économie mondiale d’après-guerre.
La Chine n’est plus l’unité de production basique à bas coût du monde occidental. S’appuyant sur les résultats économiques obtenus les autorités, au détriment du bien réel de la population, ont consacré les résultats financiers à doter le pays de moyens de création de richesses exportables en développant l’outil industriel et la R&D. Depuis le 10 février dernier la sonde chinoise Tianwen-1 est en orbite autour de mars et un engin d’exploration à son bord sera déposé en mai prochain. La Chine est maintenant une puissance spatiale !
Sa montée en puissance économique, financière, industrielle… effraie les américains et depuis Obama ils sont prêts à tout pour lui bloquer la route.
En novembre dernier le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg et l’ambassadrice américaine auprès de l’OTAN, Kay Bailey Hutchison dans une déclaration faite à Bruxelles ont manifesté une certaine inquiétude en affirmant que Chinois et Russes tendaient à se positionner avec force face aux pays membres de l’OTAN. De leurs déclarations il semble que la Chine investit massivement dans de nouveaux armements et se rapproche toujours plus des positions du bloc occidental de l’Arctique à l’Afrique, sans pour autant respecter les droits de l’homme et en jouant sur sa puissance pour intimider certains pays. En parallèle la Russie déploie des forces toujours plus nombreuses du Grand Nord à la Syrie et la Libye suite aux crises de Biélorussie et du Nagorno-Karabakh (région de l’Azerbaïdjan).
« Il semblerait également que la Chine et la Russie opèrent plus d’incursions de navires et de sous-marins, de même que le survol de frontières dans la zone arctique. L’armée chinoise est de plus en plus active dans l’espace. Elle tend à restreindre la liberté de navigation des navires commerciaux tout en rachetant des points stratégiques en Europe » ont-ils précisé.
L’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) une institution qui la lie à la Russie et à des pays d’Europe centrale non seulement sur le plan économique mais également dans un esprit d’étroite collaboration sur les autres plans relatifs à la géopolitique dans la globalité du terme. La Chine renforce également sa pression sur l’oligarchie anglo-saxonne en tentant d’attirer les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) avec ses échanges commerciaux et ses promesses de vaccins. La Chine a prévu d’importer plus de 140 milliards d’€ de marchandises en provenance de ces pays comme l’a déclaré le président Xi Jinping au cours du dernier sommet « 17+1 ».
Ce forum initié par Pékin ne cesse de prendre de l’ampleur et défie l’UE en cherchant à étendre son influence économique et politique en Europe en dehors du cadre institutionnel et formel de l’UE. « Nous devons approfondir la coopération agricole afin de doubler les exportations agricoles des PECO vers la Chine et d’augmenter de 50% le commerce agricole bilatéral au cours des cinq prochaines années », a ajouté le président chinois. L’union des pays émergents, Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud contribue également à renforcer l’inquiétude des États-Unis.
Sur le marché américain les produits manufacturés en Chine par des multinationales américaines délocalisées et par des sociétés chinoises sont extrêmement nombreux et cela entraîne un déficit conséquent dans le commerce bilatéral au détriment des USA qui accusent un déficit de 300 milliards de $. À cela il faut ajouter une diminution importante des investissements chinois à buts productifs aux États-Unis (46,5 milliards de $ tombés à 4,8 milliards de $) pendant que ceux des USA en Chine restait à 13 milliards de $. Autre point d’inquiétude pour les américains, les réserves monétaires chinoises en $ a baissé de 20% et les chinois travaillent au remplacement du $ à utiliser pour le commerce international par une monnaie alternative. Et pourquoi pas le Yuan ?
Ne pouvant pas arrêter ce processus visant à mettre un terme à la prédominance économique des États-Unis, Washington jette son épée dans le plateau de la balance. « L’endiguement » économique devient « endiguement » militaire. L’amiral Phil Davidson, qui est le chef du Commandement Indo-Pacifique des États-Unis (dont l’aire de responsabilité couvre la Chine et 35 autres pays), a requis au Congrès plus de 27 milliards de dollars sur cinq ans pour construire autour de la Chine un rideau de bases de missiles et systèmes militaires, y compris une constellation de radars sur des plateformes spatiales. « Nous devons commencer à affronter la Chine depuis une position de force », a déclaré au Sénat Antony Blinken, secrétaire d’État de l’administration Biden.
La Russie
À la Conférence de Munich sur la Sécurité, le 19 février, le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg a affirmé : « Europe et Amérique du Nord doivent défendre l’ordre international, que Chine et Russie défient en tentant de récrire ses règles au bénéfice de leurs propres intérêts ».
Après avoir accusé la Russie de « comportement déstabilisant », il a déclaré que « l’ascension de la Chine est une question déterminante pour la communauté transatlantique ». Il a ensuite annoncé un prochain « ajournement du concept stratégique de l’OTAN » parce que « nous avons besoin de nous renforcer militairement » avec des « partenaires proches comme Australie et Japon ». Appel aux armes donc pour les alliés des USA, non seulement contre la Russie en Europe mais contre la Chine en Asie. Avec pour résultat que Russie et Chine renforcent leur alliance aussi sur le plan militaire.
Côté Europe l’escalade dangereuse se poursuite et tend même à s’accélérer si l’on en croit la déclaration du général James C. McConville, chef d’État-Major de l’Armée des États-Unis dans une intervention auprès d’une réunion d’experts à la George Washington School of Media and Public Affairs. Le général McConville non seulement communique que l’U.S. Army est en train de se préparer à installer de nouveaux missiles en Europe, d’une façon évidente dirigés contre la Russie, mais révèle que ce seront des missiles hypersoniques, un nouveau système d’arme d’extrême dangerosité.
Cela crée une situation à très haut risque, analogue si ce n’est pire à celle dans laquelle se trouvait l’Europe pendant la guerre froide, comme première ligne de confrontation nucléaire entre États-Unis et Union Soviétique.
Les Allemands, fidèles alliés des Américains, ont certainement compris le plan Biden mais ils refusent de voir d’admettre que cela met l’ensemble de l’Europe en grand danger. L’Allemagne œuvre en permanence pour rester sous la tutelle des américains au détriment de ses alliés européens. Peu importe ce que pensent les Français, les Italiens, les Espagnols, les Polonais, les Belges et les autres. La vision de l’Allemagne pour l’UE est une totale soumission aux États-Unis, lesquels n’ont strictement rien à faire de l’Europe si ce n’est l’intérêt commercial qu’elle représente à leurs yeux.
L’Allemagne ne cache pas son ambition, au sein de l’OTAN, mais aussi en Europe, d’être le relais fidèle des États-Unis. « Prouver son rôle central » dans l’alliance militaire transatlantique est affirmé comme un intérêt essentiel pour l’Allemagne. Il est certain que son tropisme historique vers la Mittel-Europa la pousse aussi à agir dans ce sens.
Le plan OTAN 2030 cherche à maintenir la pression sur les européens pour que la Russie soit toujours considérée comme une menace constante et dangereuse, prête à détruire l’Europe. Les américains veulent nous entraîner dans une folie et la France ne doit pas se laisser berner par ce comportement irresponsable et totalement absurde.
L’OTAN n’est pas respectueuse des spécificités de ses membres mais est surtout positionnée en tant que plateforme à visée commerciale menée par les États-Unis qui, sous prétexte de protéger l’Europe, poursuivent essentiellement un but, vendre leur matériel militaire. La dernière « invention » vient du cercle de pensée américain le « Center for American Progress » très influent et lié au parti démocrate qui préconise que l’OTAN créé sa propre banque pour aider les partenaires à acheter du matériel américain.
Après la guerre de 14-18 les Anglais ont empêché la France de se protéger en maintenant l’Allemagne sous sa domination et lui ont permis de se réarmer pour constater bien trop tard par la suite leur erreur. Hitler et ses nazis représentaient une sérieuse épine dans le pied de l’oligarchie financière et en juin 44 les « alliés », qui ne l’étaient pas tous très sincèrement, sont intervenus pour détruire le nazisme qui commençait à mettre en danger l’hégémonie anglo-saxonne.
Profitant de cette victoire les anglo-saxons en ont profité pour renforcer leur projet de dominance mondiale de l’économie par l’instauration des accords de Bretton Wood, le fruit du travail en concertation exclusive d’un Anglais et un Américain (!) et des entités crées (FMI, BIRD), les prémices d’une nouvelle organisation du monde fonctionnement essentiellement à leur profit en faisant du dollar le pilier du développement économique dans le monde.
Ce plan OTAN 2030 est d’une dangerosité extrême et s’y soumettre c’est prendre le risque de succomber à un conflit mondial infiniment plus meurtrier que tous ceux que le monde a connu jusqu’ici. Comportement totalement irresponsable uniquement induit par les exigences d’une oligarchie financière aux abois paniquée de constater que son hégémonie sur le monde tend à s’estomper.
Les Américains ne craignent pas la Russie, leur capacité à détruire les missiles intercontinentaux traditionnels russes étant pleinement opérationnelle. Par contre en installant des missiles supersoniques sur le territoire européen ils savent être capables d’atteindre Moscou en seulement quelques minutes ce que les Russes ne peuvent pas réaliser, leurs missiles supersoniques ne pouvant atteindre que des cibles situées sur le continent européen.
Réagir
Se désolidariser du pouvoir hégémonique des anglo-saxons est une absolue nécessité. Difficile à réaliser en Europe sachant que les Allemands feront tout pour contrecarrer un tel projet. Mais c’est un devoir de la France qui ne doit plus se soumettre aux décisions des Américains notamment sur le plan de la défense de notre territoire. Notre pays doit regagner sa souveraineté pleine et entière en renforçant sa capacité de défense conventionnelle et nucléaire et, dans un souci de protection et de développement de nos intérêts nationaux, doit engager un dialogue constructif et intelligent avec la Russie et la Chine notamment sans toutefois négliger d’autres acteurs qui tendent à s’inscrire de façon durable et conséquente dans la géopolitique et la géostratégie du monde : Iran, Turquie, Israël. La politique envers les pays d’Afrique ne doit pas être négliger mais menée en cherchant des partenariats tenant compte de la spécificité des États de ce continent.
Il ne s’agit pas de « chicaneries » dans une cour d’école mais bel et bien de la vie de centaines de millions d’innocents si un conflit éclatait. Les budgets cumulés de la défense de la Russie et de la Chine restent inférieurs à celui des États-Unis mais l’Europe se trouvera toujours entre le marteau et l’enclume.
Il est fondamental de rebâtir une industrie française abandonnée depuis des décennies par les gouvernements successifs qui n’ont pas compris que, même en étant européenne la France devait conserver sa puissance industrielle, militaire, économique. Elle en possède tous les atouts, seuls font défauts le courage et la volonté politique d’un président français digne de ce nom capable de redorer le blason de la France sur le plan international et de jouer son rôle de garant de nos institutions sur le plan intérieur. La France doit cesser de jouer ce rôle de grand donneur de leçons et respecter les partenaires avec lesquels elle entend développer des relations.
Quitter l’OTAN va entraîner un différend avec l’Allemagne positionnée comme « leader » de l’UE et se posera la question de savoir si la France sera capable d’imposer sa vision d’une politique véritablement européenne en refusant d’être « le bon petit soldat » des États-Unis. Le cas échéant la France ne doit-elle pas se désolidariser complètement de ce regroupement d’États pas réellement solidaires mais plutôt intéressés par les opportunités et les avantages que cela leur apporte.
Conclusion
Quel président doté de courage politique et de suffisamment de volonté républicaine sera capable, en s’appuyant sur des institutions qui ont fait leurs preuves depuis de décennies, de transformer la France en un pays souverain et puissant sur le plan international ?
Quel président sera capable de redorer le blason de la France en renforçant les moyens nécessaires à sa défense, en reconstruisant un outil de production industriel, en relançant l’activité économique (balance import/export), en privilégiant une industrie agro-alimentaire recentrée sur une production nationale, en retissant une économie assise notamment sur une consommation privilégiant les produits français …?
source : http://www.revuemethode.org
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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