par Serge H. Moïse.
Ce petit pays caraïbéen qui a fait la fortune des puissances colonialistes au point d’être désigné : La perle des Antilles !
Ce coin de pays où des femmes et des hommes sont réduits au stade de bêtes de somme dont le corps était présumé trop noir pour avoir une âme.
Cette partie de l’Afrique, cadeau de Dieu à la France, selon Victor Hugo et autres gobinistes a bouleversé l’ordre infernal du monde aux cris de : Vivre libre ou mourir !
Mais depuis l’assassinat crapuleux du père fondateur de la patrie, l’héroïque général Jean-Jacques Dessalines, on est tenté de dire comme l’autre : Le temps semble s’être arrêté.
En effet, la fierté de la race, cette perle des Antilles, est devenue la risée de la communauté internationale, le pays le plus corrompu et le plus pauvre de la planète.
Cette descente vertigineuse dans les profondeurs abyssales aurait dû interpeller tous les fils authentiques de la mère patrie en vue d’une prise de conscience collective afin de parachever l’œuvre des pères fondateurs, paradigme d’ailleurs incontournable quant à la refondation et la reconstruction de ce pays dévasté tant par ses élites que par les catastrophes naturelles.
Hélas, 217 ans après, force est de constater que plus ça changeait, plus ça demeurait pareil dans ce coin de terre qualifié ces dernières années de poubelle des Amériques par certains cyniques, sans foi ni loi.
En ce 18 mai 2021, anniversaire de notre bicolore, symbole de notre souveraineté foulée aux pieds, nous sommes tombé des nues, sidéré, abasourdi de prendre connaissance d’une certaine « lettre ouverte » adressée au sénat de la république, lui enjoignant d’abdiquer les droits et prorogatives à lui attribués par la constitution en vigueur ou présumé tel.
Nous estimons, sous toutes réserves, que le conseil national des églises, en tant qu’institution spirituelle et apolitique vient de rater une occasion en or de se taire.
Nous doutons fort que le Pape, Son Éminence François cautionne cette intervention intempestive de ses représentants en terre kisqueyenne, tout comme il désapprouve la position de ce fameux cardinal dominicain eu égard à l’arrêt inique TC163-58 à l’encontre de nos sœurs et frères qui ont sué sang et eau afin de contribuer au développement de la république voisine
Le conseil national spirituel des églises qui n’aurait pas dû s’immiscer dans les affaires politiques, relevant du temporel, tel que le prescrit le droit canon, s’est départi de cette impartialité qu’on lui créditait, à tort évidemment puisqu’il vient d’en faire la preuve à partir de cette lettre ouverte qui en dépit des fioritures de style, prend partie sans en avoir l’air mais personne n’est dupe.
Ces honorables messieurs en soutane auraient fait œuvre utile en suggérant ou au pis aller, en suppliant les deux pouvoirs d’État en discussion, au nom des intérêts supérieurs de la nation et par empathie pour les millions de fidèles qui croupissent dans des conditions infra-humaines, de poursuivre le dialogue inachevé, tel que tout le monde le constate, en vue d’en arriver dans les plus brefs délais, de sorte que des élections transparentes, honnêtes et crédibles puissent avoir lieu à la fin de cette année.
Cette fameuse « lettre ouverte » se révèle un camouflet pour tous ceux qui osaient encore croire que l’aura des églises pouvait garantir une issue heureuse à cette crise qui perdure depuis trop longtemps au pays de Dessalines et de Christophe.
Nous l’avons souligné à maintes reprises à travers nos modestes réflexions et analyses. Aucun parti politique parvenu au pouvoir légalement et en toute légitimité ne saurait à lui seul, s’attaquer et résoudre les problèmes complexes et multidimensionnels de la république sans la participation active et constructive de tous les secteurs vitaux de la nation y compris celle de tous et chacun des filles et fils du pays tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du terroir.
La recherche du consensus s’avère donc le paradigme incontournable si nous voulons que les fossoyeurs cessent de tirer profit de nos luttes intestines, stériles et contre productives.
Dr Jean Price-Mars attirait l’attention, il y a belle lurette, sur l’échec de nos élites.
Un diplomate américain les a qualifiées récemment de « most repugnant elites ».
Un président américain n’avait-il pas déclaré que pour régner sur ce petit peuple de nègres turbulents, il fallait faire en sorte que les sans-souliers soient toujours à couteaux tirés avec les nantis qui sont bien chaussés ?
On se souvient évidemment de l’autre qui se demandait si l’Haïtien avait un chromosome en plus ou en moins dans son organisme.
Faut-il remonter jusqu’au colonel John Russel, lequel, pendant l’occupation américaine soutenait que nos compatriotes, quel que soit leur degré de scolarisation, avait la mentalité des gamins de sept ans ?
Autant de raisons, mais plus encore, l’état lamentable de notre nation pour que nous bandions toutes nos énergies et ressources internes comme externes afin de jeter les bases solides de la refondation de nos institutions, piliers indispensables à l’instauration de cet État de droit auquel nous rêvons tous.
Le gouvernement et le parlement sont donc condamnés à réussir là où les autres ont échoué auparavant. Les négociations seront franches et constructives, en tenant compte des intérêts de toutes les parties en cause, mais encore et en particulier, de ceux de la nation tout entière, histoire de limiter, autant que faire se peut, l’ingérence des étrangers, ce qui se fait toujours au profit de ces derniers qui n’ont pas d’amis mais des intérêts.
Il faut reconnaître que certains pas ont été franchis, la lueur au bout du tunnel est visible à l’œil nu. S’il est vrai, comme disait René Descartes, que le bon sens est la chose la mieux partagée dans le monde, il nous est possible de traverser les quelques étapes en perspective et ne pas avoir à constater que le tout n’aura été hélas, qu’un triste et pitoyable parcours.
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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