“Quand j’ai vu son regard sympathique et menteur, j’étais rempli de dégoût”

“Quand j’ai vu son regard sympathique et menteur, j’étais rempli de dégoût”

En déplacement dans la Drôme le 8 juin 2021 dans le cadre d’une journée consacrée à la restauration, le président Emmanuel Macron a vu son bain de foule, exercice pourtant classique de tout politique en déplacement sur le terrain, être perturbé par une claque plus politique que véritablement violente, donné par Damien Tarel. Celui-ci fut jugé puis condamné jeudi à Valence à 18 mois de prison – dont 14 avec sursis – et aussitôt incarcéré pour son geste. 

Si d’aucuns pourront s’étonner de la rapidité de la machine judiciaire, quand d’habitude cette dernière n’hésite pas à traîner en longueur dans d’autres procès tout autant “politique”, c’est que cette claque n’a seulement fait remuer les cervicales du Président Manu, mais également toute la classe politique et médiatique française. 

Oui, cette claque n’est pas celle d’un homme contre un autre homme, mais bien d’un individu de la France périphérique contre le représentant le plus haut et le plus prestigieux de notre système : le Président de la République. 

Très rapidement, les dernières secousses médiatiques initiées par le Youtuber Papacito n’étaient pas encore terminées, qu’un nouvel événement spectaculaire défrayait la chronique, montrant par là encore une fois cette infobésité et rapidité des médias à digérer et expulser n’importe quel événement, accentué par cette phrase prononcée au moment de porter le coup : « Montjoie ! Saint Denis ! », cri d’armes ou cri de guerre utilisé par les armées des rois de France, en particulier celles des Capétiens.

L’occasion était trop belle pour la classe médiatico-politique pour exprimer une nouvelle fois leur sentiment de persécution leur procurant à moindre frais ce statut victimaire et de martyre officielle de la république française : la république est “en danger”, tous ceux qui l’aiment et la soutiennent doivent se réunir et ainsi faire front face au danger. 

Si les experts médiatiques politiques ont tôt fait d’y voir là une attaque contre la figure sacrée du Président de la République, en réalité, ce coup porté contre Emmanuel Macron l’était bien contre sa personne et tout ce qu’il représente à travers la phrase lancée à la figure : “A bas la Macronie !”. 

Le coup porté par ce Gilet Jaune peut être constitué comme une violence car provoquant de la douleur à celui qui recoit le coup. Mais, cette volonté de frapper le plus haut représentant de l’Etat n’est en fait qu’une réponse à toutes les violences commises par les forces de l’ordre et du désordre social depuis l’émergence des gilets jaunes fin 2018. 

Ce mouvement social, encore inédit à l’heure actuelle sous la 5ème république, constituait déjà un ras-le-bol, une réponse exaspérée et désespérée d’une France périphérique laissée à l’abandon et dépourvue de toute considération quant à une hypothétique unité politique des territoires et des peuples qui vivent en France. 

Cette irruption du réel devenue soudainement sensible, à la fois palpable et sensible, n’est qu’un indice supplémentaire du profond malaise qui agite tout le corps social français. Par le refus de prendre en compte les besoins du pays réel, celui-ci n’a plus d’autre choix que de progressivement prendre des décisions d’acte de violence pour tenter de faire basculer son destin et ainsi retrouver sa pleine souveraineté. 

La réaction des grandes figures représentatives de l’intelligentsia bourgeoise française peuvent virer au ridicule devant la faiblesse du coup porté par ce Gilet Jaune. 

Après tout, Emmanuel Macron a pu reprendre sans peine son bain de foule, à peine perturbé par l’intervention musclée de ses gardes du corps sur ce pauvre malandrin. 

Plus qu’un coup porté contre Macron, c’est d’abord contre la France d’en haut, qui n’hésite à prendre des grands airs et à hurler à l’attentat. La république se déclare en danger et appelle à la répression pour un incident mineur. Elisabeth Badinter, désignée comme femme de lettres, philosophe et féministe, comprendre comme une de ces innombrables avatars de cette décadance républicaine, expliquait à Europe 1 : “Il y a quelque chose d’animal, presque de non-humain dans ces coups (…) J’ai été terriblement choquée, inquiète et je dirais presque humiliée ». 

Pourtant, il est intéressant pour nous dans ces propos, d’y voir là des répétitions de comportement, qui ne tarderont pas à se multiplier dès lors que d’autres individus venaient à s’en prendre à la République. 

Au fond, ce n’est pas tant la violence du coup qui détermine sa dangerosité, mais bien la cible et la motivation et surtout son caractère mobilisateur qui peut faire revêtir à un geste presque anecdotique,  les oripeaux d’un mouvement de fond appelé à faire basculer le destin de la France et à lui forcer à rentrer à nouveau dans l’Histoire. 

Si “L’histoire de France est, pour les Français, un énorme magasin de rancunes”, comme l’écrivait Emmanuel Berl, les Français sont aussi un peuple qui se souvient de sa glorieuse histoire, celle où les chaînes se brisent, les langues se délient et les regards portent au loin vers des lendemains qui chantent.

Erwan Kohl

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À propos de l'auteur Rébellion

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