Nouveau Premier ministre, Naftali Bennett, dirige cette improbable coalition « anti-Bibi » à la majorité très fragile.
C’est la fin d’une époque. Après quelque 4350 jours de gouvernance – soit un règne bien plus long que celui de David Ben Gourion, l’un des pères fondateurs de l’État hébreu – Benyamin Netanyahou cède son poste de Premier ministre.
Le nouveau gouvernement a pour chef Naftali Bennett, le leader de Yamina, un petit parti de la droite ultra-nationaliste et religieuse. La Knesset a donné son approbation ce dimanche par un vote à 60 voix contre 59, soit une majorité qui jusqu’au bout n’a tenu et ne tient qu’à un fil. Il résulte de l’alliance improbable de huit partis de gauche, du centre, de droite et de droite radicale avec en cerise sur le gâteau la participation du Raam, un mouvement islamiste représentant la sensibilité conservatrice de la population arabe israélienne. Un système de rotation prévoit de confier au bout de deux ans les rênes du pouvoir au centriste Yair Lapid, le concepteur de la coalition d’alternance. Si l’accord tient jusque-là, ce dont doutent les Israéliens selon les sondages.
Le baptême du feu a été tumultueux pour Naftali Bennett. Son discours d’intronisation devant la Knesset a été couvert par les cris et les vociférations. « Menteur », « escroc » : les députés d’extrême droite messianique se sont déchaînés. Ils ont été expulsés de la salle puis ce fut le tour de parlementaires du Likoud et d’élus ultraorthodoxes. Kippa vissée sur l’arrière du crâne, Naftali Bennett a dénoncé un climat de « haine » et de « décomposition » du pays. « Il faut mettre fin à cette folie » a-t-il lancé.
Le nouveau gouvernement à des allures d’auberge espagnole. Il comprend vingt-huit ministres dont six vice-ministres et constitue l’un des plus larges cabinets de toute l’histoire d’Israël même s’il est de taille plus modeste que le précédent. Pour la première fois, il comptera dans ses soutiens un parti arabe, sans qui il n’aurait pas obtenu la majorité au Parlement.
Le partage des ministères est un savant millefeuille. Yair Lapid est aux Affaires étrangères. L’ex-chef d’état-major de l’armée, Benny Gantz, conserve la Défense. Les Finances sont confiées au chef de file du parti russophone Israel Beitenou, Avigdor Lieberman. Gideon Saar, un dissident du Likoud de Benyamin Netanyahou, est à la Justice et Ayelet Shaked, de Yamina, à l’Intérieur. La travailliste Merav Michaeli prend les Transports et Omer Barley, lui aussi issu des rangs travaillistes, détient le portefeuille sensible de la Sécurité intérieure.
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