D’abord, se garder de tout schéma simpliste. Ceux qui ont essayé – bravant les interprétations officielles orientées, linéaires et unifactorielles – de corréler ces deux blocs événementiels, l’attentat et l’élection, ont à la fois tort et raison. L’objectif de ces attentats, et là tout le monde sera d’accord, est toujours politique : ils servent soit une cause, soit un gouvernement ou une oligarchie, celle-ci se cachant généralement derrière celui-là.
Si l’assassinat d’Ilan Halimi en 2006 et les assassinats attribués à Mohammed Merah en 2012 correspondent aux intérêts d’une droite dure en France, qu’on appelle aujourd’hui nationale-sioniste, et qu’on qualifiait de sarkozyste à l’époque, les grands attentats de 2015 et 2016 ne correspondent à aucun agenda électoral d’importance.
Or, début 2015, nous sommes au plus fort de la crise syrienne, de cette guerre mondialiste contre le peuple syrien incarné par Bachar. La France, depuis 2013, veut intervenir, et elle est déjà engagée dans le conflit aux côtés des Américains. Elle a d’ailleurs laissé partir ses candidats au djihad, ou au suicide, sur les terrains irako-syriens. Naturellement, le renseignement intérieur et extérieur les a suivis, car dans ce jeu dangereux, l’État gagnait sur les deux tableaux : il se débarrassait de djihadistes en puissance, et il participait au renforcement des forces anti-Assad. L’intervention russe était en préparation début 2015, nos services ne pouvaient pas l’ignorer, et elle a été effective le 30 septembre de cette année.
François Hollande envisageait-il une participation plus officielle et plus massive de la France en Syrie ? Quand on sait qu’il a voulu faire bombarder les bâtiments du pouvoir syrien à Damas en août 2013, après le massacre de la Ghouta attribué aux gaz de l’armée syrienne, et qu’Obama a renoncé en dernière minute, on peut se poser la question.
C’est pourquoi le massacre de Charlie Hebdo aurait pu servir de déclencheur à une opération militaire de plus grande ampleur en Syrie. Il y a là une intention politique, et l’attentat n’est pas corrélé à la proximité d’une élection. Pour information, un attentat comme celui de Manchester en Angleterre (22 mai 2017, soit deux semaines avant les élections générales du 8 juin 2017 !, au moment d’une très forte poussée des travaillistes de Corbyn) resserre toujours les liens entre une population en mal de protection, de sécurité, et le régime en place. Une opposition politique, ou politico-confessionnelle comme l’est théoriquement Daech, n’a donc strictement aucun intérêt à déclencher un attentat avant une élection, puisque ce dernier va favoriser le camp dominant.
D’où les multiples interrogations à propos de l’affaire Merah qui a eu lieu un mois avant le premier tour de la présidentielle 2012 et la possible réélection du président Nicolas Sarkozy.
« L’insécurité, ça va de l’insécurité ordinaire au drame de Nanterre » (Jacques Chirac)
Même France Inter ose la corrélation, celle entre insécurité et élections, pas entre attentats et élections. Mais l’insécurité englobe les faits divers… et les attentats. Mélenchon ne dit pas autre chose dans sa petite sortie pseudo-complotiste.
« Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident, ou un meurtre. Ça a été Merah en 2012, ça a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs-Élysées [1], vous vous rappelez de tout ça, c’était la dernière semaine. Avant, on avait eu Papy Voise dont plus personne n’a jamais entendu parler après [2]. Donc, tout ça, c’est écrit d’avance. Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau, nous aurons l’événement gravissime qui va une fois de plus, permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile. Voilà, c’est bateau tout ça. »
Écoutons ce que dit France Inter :
« Bientôt une campagne présidentielle, et déjà depuis plusieurs mois le débat sur l’insécurité et des phrases chocs. Le sujet n’est pas nouveau et depuis des décennies les campagnes ont leur climax sécuritaire, comme en 2002 ou 2007. Sommes-nous dans un contexte similaire, avec les mêmes ficelles de communication ? […]
Ce fut le cas par exemple en 2002 et 2007. En 2002, Jacques Chirac a ainsi surfé sur les questions de sécurité. En 2007, aussi, Nicolas Sarkozy, ancien ministre de l’Intérieur, évoquait le lien entre insécurité et identité nationale, immigration, dans la continuité des émeutes en banlieue en 2005, avant d’être élu. En 2012, candidat, comme il ne pouvait pas surenchérir sur sa propre politique sécuritaire en tant que président, la campagne s’est faite sur d’autres thèmes. […]
Lorsque Nicolas Sarkozy entre en campagne en mars 2007, il est ministre de l’Intérieur depuis deux ans. Il est à l’origine d’une loi sur la récidive des infractions pénales, une loi pour “promouvoir une immigration choisie et non subie”, une loi contre le terrorisme, et une loi anti-terroriste. On l’a entendu promettre de “nettoyer” les quartiers après le meurtre d’un jeune adolescent à La Courneuve. À Argenteuil, il promet aux habitants de les débarrasser de cette “bande de racailles”, alors qu’il est insulté et qu’on lui lance des pierres. »
France Inter poursuit, et là on est dans l’attentat, moins d’un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2002 :
« Dans la nuit du 26 au 27 mars 2002, un homme ouvre le feu en plein conseil municipal à Nanterre, 8 élus sont tués et 19 blessés. L’événement s’est retrouvé au cœur des débats. François Hollande avait mis en garde contre une récupération politique, car en l’occurrence il s’agissait d’un acte de folie : “Malheur à ceux qui en feraient un élément de campagne », avait-il déclaré, alors que Jacques Chirac déclarait que « l’insécurité, ça va de l’insécurité ordinaire au drame de Nanterre » et que c’était “une préoccupation forte chez l’ensemble de nos concitoyens ». »
Pour ceux qui ont de la mémoire, il y a la fameuse affaire Rey-Maupin (4 octobre 1994), qui ressemble fortement au croisement calculé entre deux paumés et un agent du renseignement, sinon un petit escroc manipulé par le renseignement. Nous en avons parlé sur E&R (voir l’article en renvoi), et fait le lien avec la fameuse élection de 1995 qui se jouera, elle aussi, sept ans avant celle de 2002, sur la politique sécuritaire.
Certains crieront au « hasard », d’autres au « complotisme ». Nous dirons qu’il y a deux espèces d’observateurs de ces événements : les complotistes et les coïncidentistes, avec un mix possible entre les deux, ce qui complique tout.
Pour ce qui concerne l’attentat du Bataclan et des terrasses à Paris, il suffit de voir les réactions officielles et la montée du national-sionisme en France pour comprendre la récupération, dans le meilleur des cas, ou l’organisation, dans le pire des cas, par des éléments du Système. Pas besoin d’élection dans ce cas, ce qui compte, c’est le changement de paradigme de l’idéologie dominante. Incarnation de ce basculement : la présence (non voulue par Paris officieusement) de Benyamin Netanyahou, le bourreau de la Palestine.
Un Netanyahou qu’on retrouve curieusement au premier rang de la manifestation des chefs d’État, puis dans la Grande Synagogue le 11 janvier 2015, après l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo :
« Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le président français François Hollande sont venus manifester dimanche soir leur soutien à la communauté juive lors d’une cérémonie à la Grande Synagogue de Paris, comble, où ils ont été accueillis sous les ovations, ont constaté des journalistes de l’AFP. À leur arrivée, certains dans la très nombreuse assistance réunie pour rendre hommage à « toutes les victimes » des attentats de Paris ont scandé « Bibi », le surnom de Netanyahou, et « Israël vivra, Israël vaincra », agitant le drapeau de l’État hébreu. »
Quand on voit la soumission de l’exécutif français, incarné par François Hollande, ou de Manuel Valls, qui devait rêver d’un putsch anti-Hollande à l’occasion de ce drame, Valls incarnant à gauche la tendance nationale-sioniste (d’ailleurs, Valls et Sarkoy avaient une relation – politique – secrète), au Premier ministre israélien d’un État ouvertement terroriste, on peut se poser des questions, ou alors trouver des réponses.
« Dans un article sobrement intitulé “Quand Valls était fan de Sarkozy”, l’hebdomadaire relate, jeudi 26 mars, une anecdote du temps où le premier était encore maire d’Évry et le second ministre de l’Intérieur [2005-2006, NDLR]. Manuel Valls, alors « fasciné par le patron de l’UMP, » aurait « insisté à plusieurs reprises pour être reçu place Beauvau ». Une demande légèrement compliquée à satisfaire tant Nicolas Sarkozy hérissait déjà les socialistes. Alors, pour recevoir Manuel Valls dans la plus grande discrétion, le cabinet du ministre de l’Intérieur avait recours à différents stratagèmes. Comme le faire venir à une heure tardive et le faire passer par les entrées de services.
Un récit qui n’est pas loin de faire penser à un passage de la tragédie shakespearienne Roméo et Juliette. Et la romance ne s’arrête pas là. L’hebdomadaire ajoute que Manuel Valls a continué d’entretenir des « liens privilégiés » avec Nicolas Sarkozy une fois ce dernier devenu président de la République. En atteste l’invitation de Manuel Valls à une garden-party du 14 juillet, où il fut reçu « en VIP dans les salons privés du chef de l’État au milieu d’une vingtaine de proches de celui-ci. » »
Et Europe 1 de révéler que Sarkozy avait fait une proposition d’ouverture à l’Intérieur dans le gouvernement Fillon à Manuel Valls en 2007…
Donc si les attentats qui ont eu lieu sur le sol français sont en partie corrélés à un agenda électoral, ils ne le sont pas tous, mais tous génèrent un bénéfice politique. La question est de savoir pour quel camp. Sûrement pas celui des islamistes et encore moins des musulmans, qui ont pourtant été assimilés par les agents médiatico-politiques du national-sionisme français.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation