Nasrallah : si Israël continue ses violations à Jérusalem, une guerre régionale l’éradiquera

Nasrallah : si Israël continue ses violations à Jérusalem, une guerre régionale l’éradiquera

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 25 mai 2021, à l’occasion du 21e anniversaire de la Libération du Liban.

Suite au dernier affrontement entre Israël et Gaza, Nasrallah a déclaré que « l’Axe de la Résistance doit établir une nouvelle équation : De futures violations israéliennes à Al-Quds (Jérusalem) entraîneront une guerre régionale ».

Le Cri des Peuples a traduit les idées essentielles de ce discours en direct sur Twitter. Après la traduction littérale de l’extrait central, retrouvez, en résumé, la totalité du propos de Hassan Nasrallah extraits du Thread.

Source : video.moqawama.org via Middle East Observer

Traduction : lecridespeuples.fr

Vidéo à venir

Transcription :

[…] Sur la base de cette évaluation, il y a une chose importante que je souhaite mentionner, et c’est à mon avis la chose la plus importante que je dirai dans ce discours ; je veux dire que c’est une chose que nous devons envisager sérieusement et à laquelle nous devons œuvrer. Cette chose importante que les sionistes devraient connaître et comprendre, et à laquelle la Communauté musulmane (Oumma) devrait également tendre, l’Axe de la Résistance la prépare déjà activement. Mais nous devons y travailler encore plus dur et plus vite.

De quoi s’agit-il ? (Les sionistes) devraient savoir —et je m’adresse maintenant aux dirigeants de l’ennemi, à ses responsables, à son gouvernement, à son armée et à quiconque pourrait être à leur tête dans le prochain gouvernement ou dans les années à venir—, sur la base de cette (dernière) expérience (à Gaza), qu’ils doivent reconsidérer leurs évaluations. Vous devez savoir que lorsque vous menacez Al-Quds (Jérusalem), en tant que ville sainte, la mosquée Al-Aqsa et les sites sacrés musulmans et chrétiens, cela est totalement différent de tout autre acte (criminel que vous pourriez perpétrer).

Vous pouvez tuer certains dirigeants ici, ou expulser (des Palestiniens) de force… comme vous le faites dans certaines zones, comme vous le faites avec les (Bédouins) Arabes du Negev ou dans d’autres endroits, ou dans certaines maisons de différentes zones, vous pouvez agresser ou établir des périmètres de sécurité ou faire un certain nombre de choses… mais tant que cela ne menace pas Al-Quds en tant que lieu saint, la mosquée Al-Aqsa ou les lieux saints musulmans et chrétiens, alors ces actions ont leurs propres formules et réponses (limitées).

Cependant, lorsque vous menacez des lieux saints, c’est tout à fait différent. La preuve est ce que Gaza a fait au cours des dernières semaines, c’est-à-dire ce à quoi les dirigeants de la Résistance à Gaza se sont engagés (militairement) en ce qui concerne Al-Quds, la ville sainte, et les (autres) lieux saints. Il s’agit d’un engagement clair (attaquer Israël si les violations à Al-Aqsa et expulsions à Sheikh Jarrah ne cessent pas) et ils respecteront leurs engagements.

De plus, je souhaite ajouter quelque chose qui est lié à l’extérieur de Gaza. Nous suivions tous le déroulement de la bataille. Laissons de côté les slogans et les hyperboles. L’Axe de la Résistance, ses dirigeants, les mouvements de Résistance (de cet Axe), dans de telles circonstances, sont en communication non pas sur une base quotidienne, mais plutôt sur une base horaire. Ils agissent de manière rationnelle, sage et responsable, et conformément aux intérêts de la bataille. Ils ne succombent pas aux émotions, aux slogans ou n’agissent pas de manière stupide.

Ce que les Israéliens doivent comprendre ici, c’est que (s’ils continuent à) menacer (c’est-à-dire à violer) la ville sainte (d’Al-Quds), la mosquée al-Aqsa et les lieux saints, (la riposte qu’ils doivent attendre) ne sera pas limitée à Gaza. (Les Israéliens) doivent maintenant ajouter cela à leurs calculs. Bien sûr, nous (n’envisageons pas d’intervenir) au nom et à la place des Palestiniens, mais plutôt à leurs côtés, pour les soutenir… Cette affaire doit être un engagement soutenu par les peuples de la région, tous les mouvements de la région et l’ensemble de l’Axe de la Résistance, qu’il s’agisse d’États (Iran, Syrie) ou de mouvements de Résistance (Hezbollah, Résistance en Irak et au Yémen, Résistance palestinienne).

Maintenant, bien sûr, j’exprime ma propre opinion, à savoir que c’est ce à quoi nous devrions aspirer, afin que nous puissions établir une nouvelle formule, une nouvelle équation. La résistance à Gaza a établi une nouvelle formule qui est « les violations de la mosquée Al-Aqsa et d’Al-Quds entraîneront une confrontation armée. » Ce n’est pas quelque chose qui devrait nécessairement se produire avec chaque incident mineur ; ceux qui prennent cette décision sont les dirigeants de la Résistance à Gaza, qui prennent tous les facteurs en considération lorsqu’ils prennent leurs décisions (d’intervenir militairement). La formule que nous devrions établir à l’avenir est la suivante : « Toucher à Al-Quds entraînera une guerre régionale ». C’est ça dont je parle. Attaquer ou violer Al-Quds signifie déclencher une guerre régionale.

Les mouvements de Résistance ne peuvent pas rester les bras croisés lorsque la ville sainte et les lieux saints sont en danger réel et grave. Ce n’est pas permis ; les mouvements de Résistance, l’Axe de la Résistance, ne peuvent pas rester les bras croisés. Par conséquent, lorsque les Israéliens comprendront cette formule, lorsqu’ils comprendront qu’il s’agit d’une formule réelle et sérieuse, sauront qu’on s’y prépare jour et nuit, et que les Résistants de la région n’abandonneront pas cette ville sainte, ni n’abandonneront ces sanctuaires islamiques et chrétiens, (ni les autoriseront) à être démolis et détruits pour que des structures de remplacements soient construits dessus, alors les Israéliens comprendront qu’une telle mesure constituera une menace pour (l’existence même de l’entité sioniste), car le résultat de toute guerre régionale, si elle a lieu, et compte tenu de la réalité (actuelle) d’Israël, et sur la base de la la réalité (actuelle) de la région et des mouvements et Etats de l’Axe de la Résistance, à mon avis, (le résultat) sera la disparition de l’entité (sioniste).

Alors aujourd’hui, nous sommes confrontés à l’expérience grande, audacieuse et historique qu’a vécue la Résistance de Gaza, et nous devons développer cette position à ce niveau. En prenant une telle décision ; en adoptant une détermination aussi sérieuse ; (en établissant) cette nouvelle équation (militaire selon laquelle la violation d’Al-Quds déclenchera une guerre régionale), nous pouvons certainement protéger la ville sainte, et nous pouvons protéger les sanctuaires islamiques et chrétiens dans cette ville sainte. […]

***

Le discours du Sécrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, à l’occasion du 21e anniversaire de la Libération du Liban, commence, ainsi que sa traduction en direct sur ce Thread.⬇

Salutations. Nasrallah s’excuse d’être resté loin des écrans depuis la Journée d’Al-Quds, il était souffrant.

Les jours passés ont comporté des événements historiques qu’il a suivis de près, mais il ne pouvait s’exprimer malgré sa volonté. Il parlera largement des événements de Gaza dans ce discours. Il cite le verset : « Ne relâchez pas la pression que vous exercez sur vos ennemis, car si vous souffrez, eux aussi souffrent autant que vous, avec cette différence que la récompense que vous attendez de votre Seigneur, eux n’ont aucun espoir d’en bénéficier. » (s. IV, v. 104).

Nasrallah rappelle que le mois de mai a vu des fêtes malheureuses (la Nakba) et d’autres heureuses (la Libération du Liban le 25 mai 2000). Il félicite le peuple de Palestine qui a ajouté une nouvelle victoire, de Gaza à Jérusalem, en passant par les territoires de 1948. Il adresse ses condoléances aux familles de martyrs et ses vœux de rétablissement aux blessés. Il félicite en particulier les cadres de la Résistance & le peuple de Gaza qui a enduré la barbarie israélienne

Nasrallah félicite également les Libanais en cette fête de la Libération. Il souhaite que les Libanais, en particulier les nouvelles générations, n’oublient pas que cette Libération du 25 mai 2000 est le résultat de sacrifices durant de longues années de nombreux Libanais et factions de Résistants, pas seulement le Hezbollah. Il rappelle la mémoire des martyrs du Hezbollah, du mouvement Amal, des autres mouvements nationalistes, résistants libanais et palestiniens, ainsi que de l’armée libanaise et ceux de l’armée syrienne. Il mentionne les martyrs civils Libanais, hommes, femmes et enfants, face à la guerre civile et aux massacres israéliens. Enfin, il mentionne les martyrs de la Résistance et le soutien du peuple pour cette Résistance. Il ne parle pas que du sud-Liban, mais de la Bekaa, berceau du Hezbollah. Le 25 mai 2000 (date de l’expulsion des dernières forces israéliennes qui occupaient le Liban) était la victoire de tout le Liban, de Beyrouth, du Nord, partout. Tout le pays a contribué à la façonner.

Nasrallah rappelle en particulier le martyr Sayed Abbas Mousawi, assassiné par Israël avec sa femme et son enfant ; le martyr Cheikh Ragheb Harb ; le martyr Imad Moghniyeh. Le martyr Sayed Zulfiqar. Toute une caravane de martyrs du Hezbollah.

En plus de la Résistance libanaise et du peuple, il se doit de saluer la position officielle libanaise incarnée par le Président Emile Lahoud, Nabih Berri et Salim al-Hoss, ainsi que la position majoritaire du gouvernement libanais qui a soutenu la Résistance et sa légitimité. C’est tout cela qui a permis de finir en beauté avec la Libération, et d’éviter la guerre civile que préparait Ehoud Barak (pour dévaster le Liban après le départ des troupes israéliennes).

Nasrallah salue également le soutien syrien, de Hafez al-Assad et Bachar al-Assad, et le soutien de l’Iran, de l’Imam Khomeini à Khamenei. Et il salue tout particulièrement le rôle de Qassem Soleimani dans la victoire de 2000, même si son nom et son rôle étaient secrets à l’époque. Cette Libération a inauguré l’ère des victoires pour le monde arabo-musulman. Le 25 mai 2000, Nasrallah avait dédié sa victoire au peuple palestinien, la Libération de la Palestine et d’Al-Quds (Jérusalem) étant l’objectif ultime. Cette victoire a ouvert une nouvelle culture, de nouvelles valeurs, imposant de nouvelles équations stratégiques claires. En 2000, de nombreux dirigeants sionistes avaient parlé des conséquences désastreuses qu’aurait cette retraite humiliante. Shamir, sur la tombe de Ben Gourion, avait parlé de cette victoire du Hezbollah comme de quelque chose qui pourrait entrainer la disparition d’Israël. Ensuite, a eu lieu la première Intifada en 2000, et la Libération de Gaza en 2005.

La Résistance populaire armée a établi deux bases solides au Liban et à Gaza, que l’ennemi a voulu détruire. Il a échoué, accumulant les défaites et renforçant la Résistance, que ce soit durant la guerre de 2006 contre le Liban, ou les guerres de 2008, 2012 ou 2014 à Gaza. Le siège de Gaza depuis plus de 15 ans, les tentatives d’assassinat ont également échoué.

La dernière guerre de 11 jours est très différente. Mais toutes ces guerres remportées par le camp palestinien et libanais ont confirmé et renforcé la voie de la Résistance.

Nasrallah en vient à la dernière bataille nommée « Epée d’Al-Quds » par la Résistance palestinienne. Il ne va pas entrer dans le détail, mais expliquer en quoi c’est une grande victoire et ce qu’elle annonce pour la suite de la lutte contre Israël. Le début était à Al-Quds, avec l’insistance d’Israël à nettoyer ethniquement Jérusalem et le quartier de Cheikh Jarrah, les attaques contre les Palestiniens, le fait d’empêcher les fidèles de prier à Al-Aqsa pendant le Ramadan (ceux des territoires de 1948, de 1967 et de Jérusalem même). Israël empêchait au maximum les fidèles d’aller à Al-Quds et à Al-Aqsa, et agressait sans cesse ceux qui parvenaient à s’y rendre.

Il y avait une menace réelle sur Al-Quds, qui a amené la Résistance à Gaza à lancer un ultimatum historique à Israël : cessez votre nettoyage ethnique à Sheikh Jarrah et vos agressions contre les fidèles à Al-Aqsa, où nous interviendrons militairement. La menace a été mise à exécution par le Hamas et le Jihad islamique qui ont lancé leurs roquettes au moment promis.

Toute cette crise a été causée par la stupidité de Netanyahou & des dirigeants israéliens, leur arrogance, hubris, mépris et sous-estimation des Arabes, traits qui sont une constante dans l’histoire d’Israël. Toutes les guerres précédentes ont eu la même cause, et cet ennemi va rester aveugle, arrogant, stupide, faisant des erreurs et des mauvais calculs qui conduiront à sa perte et à son éradication.

L’Imam Khomeini disait « Louange à Dieu qui a rendu nos ennemis stupides ». Netanyahou et les Israéliens pensaient qu’ils pouvaient s’emparer de Jérusalem et la judaïser, expulser des familles, les remplacer par des colons, agresser les fidèles, sans qu’il ne se passe rien, juste de vaines protestations. C’est ce qu’ils pensaient, estimant les Arabes vaincus et ayant normalisé leurs relations avec Israël. Ils pensaient que le monde arabe avait abandonné la cause, que les Palestiniens de 1948, de Cisjordanie et de Gaza étaient impuissants.

Jamais l’ennemi n’a ne serait-ce qu’imaginé que Gaza pourrait intervenir militairement en défense d’Al-Quds et d’Al-Aqsa. Ça n’était venu à l’esprit de personne au sein de l’entité sioniste, ni les dirigeants politiques, ni les chefs militaires, ni les services de sécurité. Mais Gaza a surpris à la fois l’ennemi et l’ami. Israël n’imaginait rien de tel, et a donc persévéré dans son agression aveugle à Al-Quds (Jérusalem). C’est pourquoi il a été surpris et vaincu.

La décision de Gaza est historique, et ses enseignements doivent être bien compris. Auparavant, toutes les guerres à Gaza avaient des causes liées à Gaza : réaction à des assassinats ou agressions israéliennes à Gaza, siège trop sévère, etc. Les calculs de la Résistance étaient toujours purement Gazaouis, protégeant seulement les habitants de Gaza. Mais ce qui s’est passé dernièrement, c’est que Gaza est intervenue pour protéger Al-Quds (Jérusalem), Sheikh Jarrah, Al-Aqsa. Cette décision est historique, exceptionnel, bouleverse la donne. La Résistance savait qu’elle se dirigeait vers la guerre, les massacres, la destruction de Gaza. Mais la Résistance de Gaza était prête à se sacrifier pour défendre Al-Quds (Jérusalem) et Al-Aqsa.

Gaza et tous ses habitants se sont sacrifiés pour préserver le 3e lieu saint de l’Islam, s’en estimant responsables et garants. C’était une décision d’un haut niveau de djihad et de sincérité, et c’est pourquoi elle a eu cette influence énorme, secouant les Palestiniens dans toute la Palestine occupée, avec le soutien des réfugiés et du monde entier, sauf la minorité des (dirigeants arabes) morts-vivants ayant normalisé leurs relations avec Israël. Les manifestations à la frontière libano-israélienne, jordano-israélienne, dans le monde entier, le soutien populaire et la victoire, étaient exceptionnels, à la hauteur de cette décision exceptionnelle de la Résistance de Gaza.

Les sionistes doivent comprendre, de même que la communauté musulmane, l’Axe de la Résistance, mais je m’adresse à l’ennemi et à ses dirigeants : cette expérience doit vous amener à refaire tous vos calculs. Vous devez savoir que toucher Al-Quds et Al-Aqsa est une ligne rouge. Assassiner ici ou là, exproprier ici ou là, assiéger ici ou là n’a rien à voir avec poser la main sur Al-Quds et Al-Aqsa, nos lieux saints, comme le prouve ce qu’a fait Gaza, les engagements pris et tenus par la Résistance à Gaza. Ils étaient sincères et resteront prêts à refaire ce qu’ils ont fait si Al-Quds et Al-Aqsa sont menacés ou profanés.

Toutes les factions de l’Axe de la Résistance étaient en contact constant, heure par heure, durant cette guerre. A l’avenir, nous ferons en sorte que toucher Al-Quds et Al-Aqsa n’engagera pas que Gaza mais tout l’Axe de la Résistance. La Résistance à Gaza a imposé une nouvelle équation : si Israël touche à Al-Quds et Al-Aqsa, c’est Gaza qui rentre en guerre. Ce que nous devons maintenant imposer, c’est que si Israël touche Al-Quds et Al-Aqsa, alors il y aura une guerre régionale ! C’est tout l’Axe de la Résistance qui doit y être prêt et bien faire comprendre cela à Israël : jamais nous ne tolèrerons que la mosquée Al-Aqsa soit mise en danger. Car l’issue de toute guerre régionale ne peut être que l’éradication de l’entité sioniste. C’est cette nouvelle équation qui nous permettra de protéger la ville sainte d’Al-Quds (Jérusalem) et ses lieux saints musulmans et chrétiens. Nous y œuvrons très sérieusement. Quand nos lieux saints sont mis en danger, il n’y a plus de ligne rouge, plus de calcul (= ce sera la guerre totale).

Je ne vais pas analyser toutes les conséquences de cette guerre, mais en souligner quelques-unes :

1/ L’âme de la Résistance a resurgi dans tous les Palestiniens, qui se sont tous unis et soulevés comme un seul homme, à Gaza, en Cisjordanie, dans les territoires occupés en 1948, les Palestiniens réfugiés partout dans le monde, etc. La division et la dislocation imposées depuis des décennies est terminée : le peuple palestinien est uni.

2/ La cause palestinienne a été ravivée dans le monde entier. Elle qu’on croyait enterrée par Trump et la normalisation, elle a repris sa place de premier rang dans le monde entier, dans tous les médias, toutes les consciences.

3/ L’identité palestinienne et le rêve de Libération ont été remis au premier plan.

4/ La croyance en la Résistance armée et en l’Intifada est redevenu le meilleur choix pour obtenir la Libération. L’âme de Résistance est revenue à nos peuples.

5/ Toutes les prétentions des normalisateurs, qui disaient que les Palestiniens eux-mêmes avaient abandonné la cause, ont été prouvées comme mensongères. Les Palestiniens ont prouvé qu’ils restent attachés à leur cause et prêts à tous les sacrifices.

6/ Le processus de normalisation lui-même est mis en péril, de même que tous les régimes arabes qui s’y sont engagés.

7/ L’Accord du Siècle est définitivement enterré. La Résistance à Gaza et l’échec des Israéliens à vaincre ont poussé l’administration Biden à renoncer aux concessions de Trump. Biden a remis Jérusalem-Est sur la table et demandé aux Israéliens de ne pas exproprier les habitants de Sheikh Jarrah. Le cœur de l’Accord du Siècle était de donner tout Jérusalem à Israël, mais c’est oublié maintenant. Bien sûr, Biden n’est pas intervenu pour des raisons humanitaires, mais parce qu’il a vu l’impuissance d’Israël et le risque d’explosion dans la région, qui contrecarrait ses priorités internationales.

8/ Le visage d’Israël, barbare, sanguinaire, massacrant les enfants, raciste et suprémaciste juif, est revenu dans tous les esprits, malgré l’emprise d’Israël sur les médias et les réseaux sociaux. Israël se moque de l’opinion du monde arabe, mais pas de celle du monde occidental, et on a vu que même les pays de l’UE ont dû condamner d’une manière ou d’une autre Israël, et l’ont mis dans une position gênante.

9/ L’un des plus importants résultats politiques, c’est que la boussole des conflits dans la région s’est réglée à nouveau sur Israël, après des années de guerres civiles, de création de faux ennemis comme l’Iran, etc. Aujourd’hui, il est clair aux yeux du monde entier (et pas seulement dans le monde arabo-musulman) que l’ennemi de l’humanité, de la justice, de la vérité, le raciste, criminel, c’est Israël et personne d’autre.

Après avoir évoqué les conséquences politiques de cette guerre Gaza-Israël, Nasrallah en vient maintenant aux conséquences militaires. Il faut bien prendre en compte les échelles (dans ce conflit asymétrique) : d’une part, Israël, une armée étatique qui a la plus puissante aviation de la région, et d’autre part, Gaza, assiégée depuis plus de 15 ans, territoire minuscule entouré de toutes parts, avec +2 millions d’habitants, et une géographie ingrate (du point de vue des opportunités de Résistance : pas de montagnes, etc.). Les armes de Gaza sont importées pour certaines, et créées sur place pour d’autres. Mais on voit bien que malgré leurs possibilités très limitées, et l’emprise totale d’Israël au niveau des informations (Gaza est sous surveillance constante par tous les moyens : drones, surveillance électronique, espions, etc.), Gaza a su faire preuve de courage, de sagacité et de lutte victorieuse face à un État parmi les plus puissants militairement au monde.

Nasrallah énonce rapidement les conséquences militaires :

1/ L’entrée de Gaza dans l’équation de protection d’Al-Quds, Al-Aqsa et Sheikh Jarrah. En fait, Gaza est entré dans les affaires de toute la Palestine, passant de la défense à l’attaque.

2/ Malgré le siège sévère, la Résistance a pu améliorer grandement ses capacités au niveau des roquettes / missiles et des soldats. 11 jours durant, ils ont continué à tirer des roquettes / missiles malgré tous les efforts d’Israël, ses avions, drones, frappes d’artillerie,

3/ Gaza a même prouvé sa capacité à tirer des roquettes / missiles à des heures annoncées à l’avance, au point que certains frères se sont étonnés, conseillant de ne pas donner ces informations à l’ennemi (qui lui permettraient de mieux se défendre), mais c’était un point de force, de guerre psychologique très fort.

4/ Le nombre de roquettes / missiles tirés était très grand, des centaines, ce qui traduit des stocks très importants et une grande compétence. Le type de roquettes / missiles tirés, les cibles touchées, les dégâts causés, tout cela était très puissant.

5/ Tout cela a secoué l’État israélien comme jamais. Tous les pays peuvent traverser des guerres civiles, des crises très éprouvantes, et rester stables. Mais Israël est un État factice, artificiel, qui a été secoué au point que son existence même a été remise en question. Israël est un État dont la condition d’existence est la sécurité. Si la sécurité n’est plus là, tous les Israéliens (qui ont tous deux nationalités) vont revenir d’où ils viennent : Europe, USA, Australie… A la moindre tempête, la société israélienne va plier bagage ! Cela distingue Israël de tous les autres pays : les Palestiniens, malgré 1948 et 1967, sont restés attachés à leur terre. Ils sont prêts à se sacrifier par centaines de milliers pour y retourner, jusqu’à ce jour. Ils n’ont pas abandonné leur territoire ! Mais Israël, non ! Les Israéliens ont leur deuxième passeport prêt, leur valise prête, et ils partiront à la moindre tempête : si ni le gouvernement, ni l’armée ne peuvent les protéger, pourquoi resteraient-ils ? Cette conséquence, à savoir ébranler à ce point Israël, est sans précédent, même durant la guerre de 2006. Car jamais une si grande superficie d’Israël n’a été sous le feu des roquettes missiles : Tel-Aviv, Beer Sheva, Ashdod, les aéroports, le Néguev… 70% des Israéliens étaient terrés dans les refuges durant 11 jours… Le pire pour Israël, ce ne sont pas les pertes matérielles, mais les pertes psychologiques : les alertes sonnaient partout, introduisant la terreur dans leur cœur. Peu importe si les roquettes touchaient ou non !

6/ En plus de toutes les pertes économiques et du sentiment d’insécurité à l’intérieur, c’est la même chose à l’étranger : qui va venir investir en Israël sans garantie de sécurité pour ses investissements, sans stabilité ? Le rêve d’Israël de devenir un hub est terminé !

7/ Pour la première fois, les territoires palestiniens occupés en 1948 sont entrés en révolte. Ce n’est plus seulement Gaza et la Cisjordanie. Tous les dirigeants israéliens reconnaissent que c’est un danger existentiel pour Israël !

8/ La Résistance de Gaza a également été exceptionnelle : la manière dont ils ont mené le combat, dont ils se sont préparés à une incursion terrestre, au point que l’ennemi n’a pas osé mettre un pied à Gaza, tout cela est une grande victoire

9/ La Résistance a pu présenter à son peuple, au monde entier et à ses ennemis une image de victoire éclatante.

Face à cela, voyons les échecs de l’ennemi, de l’aveu même de leurs responsables et experts :

1/ Échec à réaliser le moindre succès stratégique après 11 jours. Rien !

2/ Les responsables israéliens parlent de succès tactiques, mais ceux-ci sont insignifiants pour une armée si puissante : détruire certains tunnels, tuer certains cadres, c’est négligeable ! Les tirs de roquettes n’ont pas pu être arrêtés, et Israël n’a même pas su d’où ils venaient. Même en sachant d’avance l’heure des salves de roquettes, les avions et drones n’ont pas pu les localiser. Le Dôme de fer a également été un échec. Le chiffre de 90% est un mensonge, c’est plutôt 50-60%. Les dégâts prouvent que leurs 90% sont un mensonge. La preuve de l’échec du Dôme de fer, c’est aussi le fait que Netanyahou a demandé l’aide militaire de Biden, qui l’a immédiatement accordée. Les roquettes ont touché toute la Palestine occupée !

3/ L’échec du piège tendu à la Résistance à Gaza, qu’Israël se préparait à neutraliser depuis des années, mais Israël s’est révélé impuissant.

4/ L’échec à empêcher les armes de parvenir à la Résistance. Les roquettes n’ont pas cessé et auraient pu être lancées à ce rythme encore des mois entiers. Israël est incapable de savoir non seulement où sont les roquettes, mais n’a aucune idée de leur nombre, ce qui est un échec colossal de leur renseignement.

5/ L’échec à localiser (et assassiner) les dirigeants militaires de première ligne. Israël a avancé plusieurs noms, dont le commanadnt du Hamas Mohamed Dayf, mais ils ont échoué à les tuer. Que certains (commandants sur le terrain) aient été tués est normal durant une guerre, mais c’est loin de ce que voulait Israël.

6/ Israël, tant au niveau des dirigeants politiques, militaires que sécuritaires, a été incapable, comme je l’ai dit, non seulement d’anticiper, mais même d’imaginer que Gaza allait entrer en scène militairement pour protéger Al-Quds, Al-Aqsa et Sheikh Jarrah, de même qu’il a été incapable d’anticiper ou d’imaginer que toute la Palestine allait se soulever face aux agressions israéliennes à Al-Quds.

7/ Le pire est qu’Israël s’est retrouvé complètement pris de court, perdu, ne sachant que faire face à cette explosion imprévue de toutes parts.

Et je pose maintenant une question au chef d’état-major de l’armée israélienne, Kochavi, ce prétendu « philosophe » qui depuis 3 ans a repensé la stratégie d’Israël, organisé des manœuvres colossales, etc. Sa pensée principale était que l’infanterie était la base pour remporter une victoire. Ce grand penseur stratégique [Nasrallah parle avec ironie] s’est donc cassé les dents, malgré toutes ses mesures, toutes ses manœuvres, toutes ses préparations, face à Gaza. Il n’y a même pas eu d’incursion terrestre à Gaza ! C’est une marque éclatante de leur défaite.

Je ne prétends pas qu’Israël est incapable de mener une opération terrestre d’envergure, pas à ce point, non, mais j’affirme que le moral des troupes israéliennes est marqué par la peur : elles sont terrorisées à l’idée d’une opération terrestre, que ce soit à Gaza, au Liban ou n’importe où. Malgré leur technologie, leur armement, leurs avions, leur tanks, etc., ils sont apeurés à l’idée de mener une opération terrestre. Ils sont encore hantés par leur incursion à Gaza en 2014, qui fut un massacre, avec des soldats dont ils ne savaient même pas s’ils étaient vivants. Que la prétendue plus puissante armée de la région ait peur à ce point est un échec stratégique majeur.

Dernier point, Israël a échoué à présenter ne serait-ce qu’une image de victoire, à défaut d’une vraie victoire ! Les sondages indiquent que pas plus de 20% des Israéliens considèrent qu’Israël a gagné. Voilà pour la description, les conséquences et les enseignements à tirer de cette confrontation à Gaza.

***

J’en viens maintenant au Liban. En ce jour commémorant la Libération du Liban, j’assure au peuple libanais que le Hezbollah n’a jamais été dans une meilleure situation qu’aujourd’hui. Nous sommes plus puissants que jamais (armes, effectifs, expérience, préparation, foi, courage, moral, etc.). Je dis aux Israéliens de ne pas être stupides, de ne pas être arrogants, de ne pas faire de mauvais calcul face au Liban. Les règles d’engagement restent valables (la moindre agression contre le Liban entrainera une riposte.)

Vous avez fait une grosse erreur de calcul face à Gaza et vous avez vu ce que ça vous a couté, alors imaginez ce qu’il en serait avec le Hezbollah, qui est dans une bien meilleure situation que Gaza ! Malgré les sanctions et les difficultés, nous ne sommes pas assiégés ! Nous ne tolèrerons aucune agression contre notre territoire ou notre population !

Troisième point, les masses qui soutiennent le Hezbollah restent fermement attachées à la Résistance malgré les difficultés économiques, qui ne changeront rien au soutien massif de notre base populaire. Le Président du Liban, Michel Aoun, continue à soutenir la Résistance et les droits du Liban. Même chose au gouvernement et à la Chambre des députés. Toutes les sanctions et menaces américaines n’affaiblissent ni la Résistance ni ceux qui la soutiennent.

Quatrième point, au niveau de nos comptes en suspens avec Israël, nous ajoutons (à nos 2 martyrs de Damas à venger) le martyr Mohamad Tahan, tué à la frontière libano-israélienne alors qu’il manifestait sans armes pour la Palestine. Je renouvelle mes félicitations et condoléances à sa famille. Ce sang sera vengé : nous avons eu la patience de ne pas le venger immédiatement, mais nous l’ajoutons aux comptes en suspens (et il sera vengé tôt ou tard).

Cinquième point avant la conclusion : la formation d’un nouveau gouvernement est la clé de tout. Il n’y a pas besoin de démission du Président Aoun, ni de démission du Premier ministre Hariri chargé de le former, ni de démission simultanée des deux. Ce qui empêche la formation d’un gouvernement, ce sont des obstacles purement intérieurs.

Il y a deux solutions :

– soit Hariri s’assoit le temps qu’il faut avec Aoun pour parvenir à la formation d’un gouvernement. Le Liban est entre vos mains.

– soit un ami intervient pour vous aider, à savoir Nabih Berri, le Président de la Chambre des Députés.

Tout le monde doit les aider à parvenir à la formation d’un gouvernement pour sauver le pays. Il n’y a pas d’autre solution. Car le pays doit avancer, la situation économique, sociale, etc. ne supporte pas l’attente.

En conclusion, en revenant sur tout ce qui s’est passé ces derniers jours, mois et années, le Moyen-Orient a traversé les 10 années les plus difficiles qu’il jamais traversées. Des pays entiers étaient ciblés pour être détruits. Mais l’Axe de la Résistance a contrecarré ces plans. L’Axe de la Résistance a non seulement préservé le Moyen-Orient, mais également permis à la Palestine de tenir et de remporter des victoires. S’il n’y avait pas eu l’Iran face à Daech, en Irak et en Syrie, où en serions-nous ? Le Liban, les autres pays ? L’Iran a dépassé la menace de guerre (américaine), triomphe des sanctions, et va vers des élections présidentielles. Daech est quasi éradiqué en Irak. Tout l’Irak a soutenu Gaza et la Résistance. La Syrie se remet de Daech, et va également tenir des élections présidentielles demain. Le Liban tient bon malgré tout. Mais imaginons quelle serait la situation de la Palestine si l’Iran, la Syrie et le Liban avaient été vaincus ? Où en serions-nous, avec tous les régimes ayant normalisé avec Israël ? Aujourd’hui, tout le monde arabo-musulman est aux côtés de la Palestine, d’une extrémité à l’autre, et rejoint le camp de la Résistance au moins au niveau des populations.

Et au niveau des forces politiques et militaires, le Yémen a rejoint l’Axe de la Résistance, et il est prêt à partager son pain avec Gaza malgré la famine qui y sévit. Nasrallah est ému aux larmes en rapportant cette anecdote : la solidarité du Yémen affamé avec la Palestine, prêt à partager le pain qui lui fait défaut, quand les pétromonarchies milliardaires normalisent avec Israël. C’est une base qui rend optimiste pour l’avenir.

La Libération d’Al-Quds est plus proche que jamais, de même que la disparition d’Israël est très proche. L’indépendance, la stabilité, la paix noble et digne sont l’avenir de notre région.

Nasrallah adresse ses remerciements à tous ceux qui ont soutenu la Résistance, d’une manière ou d’une autre, en premier lieu la République Islamique d’Iran & Sayed Khamenei, ainsi que le Hajj Qassem Soleimani qui a consacré plus de 20 ans à renforcer notre région. Quand il est venu à notre aide, il n’avait aucun cheveu blanc sur la tête, et quand il est reparti, tous ses cheveux étaient blancs. Nasrallah salue l’âme de ce grand martyr, Soleimani, qui a tout sacrifié pour la région et la Palestine, infatigable quand même les autres se fatiguaient.

Nasrallah salue enfin les auditeurs.

Fin de ce thread.

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À propos de l'auteur Le Cri des Peuples

« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

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