Bénédicte Taurine m’a fait l’honneur naguère d’assister à une causerie que j’ai faite à la librairie « Le Relais de poche » à Verniolle, dans l’Ariège où elle est élue. Puis, elle a voulu que je lui dédicace des livres, pour elle « et pour Jean-Luc ».
Ne lui dois-je pas de bien positionner ici ce texte de « Jean-Luc » qui est ce qui a été écrit de mieux sur la violence qu’elle a subie ?
Maxime Vivas
La violence contre Bénédicte Taurine est emblématique de l’anti-parlementarisme qui règne désormais dans un large pan de l’opinion policière conditionnées par l’idéologie d’extrême droite. Celle-ci est littéralement droguées aux faits divers à répétition et à la haine instillée par les organisations et les médias qui se font les relais des thèses de l’extrême droite. Les mentalités s’en ressentent au point qu’un geste comme celui de cet homme en uniforme ne semble pas lui avoir coûté la moindre hésitation. Frapper une femme n’est pas un acte banal pour un homme, en général, compte tenu de l’éducation que les femmes (et leurs hommes, y compris d’un point de vue viriliste) donnent à leurs fils en règle très générale. C’est d’ailleurs pourquoi le féminicide est ressenti comme si odieux en plus des dégoûts que le crime suscite en général. Tous les hommes sont donc normalement équipés d’un surmoi qui leur interdit de s’abandonner aux violences qu’ils commettraient pourtant très facilement sur d’autres hommes.
Mais la situation se perturbe quand une femme est investie d’une autorité publique. Dans ce cas certains esprit masculins, frustres et grossiers, se sentent provoqués. Imbus comme un Zemmour de l’idée que les femmes n’ont pas les capacités intellectuelles d’accomplir de telles missions ils se laissent aller à leur violence spontanée. Benedicte Taurine a été confrontée au cerveau reptilien de quelqu’un qui de ce fait ne mérite pas de rester dans la police sauf avec un très sérieux travail psychologique. On devine qu’un tel travail n’aura jamais lieu. Au contraire, toute la hiérarchie et les organisations policières vont s’arc-bouter pour légitimer la violence policière et même incriminer la victime selon un scénario désormais routinier.
D’ailleurs dès les faits connus, le préfet Lallement a aussitôt inventé je ne sais quel policier blessé dans cette affaire. Une diversion qui avait déjà servi contre une infirmière qu’un autre nervi en uniforme avait trainé par les cheveux. Puis il a péroré sur le fait que nul n’avait le droit de s’opposer à une action de police, reprenant la mauvaise sottise du garde des Sceaux. Tout cela avant d’être finalement obligé de saisir l’IGPN pour évaluer les violences constatées. Notons qu’elles le sont grâce à ces images vidéos que la macronie avait tenté d’interdire. On peut être assuré que l’IGFPN fera son boulot habituel : passer l’éponge et accabler la victime. Ainsi avait-il été fait à l’occasion des perquisitions au siège des Insoumis où toutes les violences physiques des policiers avaient été blanchies. Puis leurs auteurs, accablés par des « cauchemars » (sic) expertisés par des psychologues, et accablés par nos cris avaient obtenu d’importantes indemnités. Il va de soi que si je suis bien désolé d’avoir infligé ces terribles souffrances psychiques à ces policiers, je reste définitivement convaincu que l’IGPN (des policiers évaluant des policiers) est une mauvaise blague de république bananière. Ce machin inepte doit être dissous et remplacé par une instance ou les psychologues, les déontologues, les sociologues seront plus nombreux que les policiers. Et cela en même temps que le code de déontologie de 1986 sera rétabli. Et bien sûr, la formation des policiers sera portée à deux ans avec une remise à niveau obligatoire pour tous ceux qui ont été recruté au-dessous de la moyenne au concours d’entrée.
Jean-Luc MELENCHON
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir