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par Christelle Néant.
Après l’arrestation de Roman Protassevitch à Minsk, les réactions et les sanctions prises par l’Occident et l’Ukraine contre la Biélorussie ont poussé Alexandre Loukachenko dans les bras de la Russie, ce qui s’est manifesté par deux déclarations : la première fut d’évoquer le fait d’organiser avec Moscou la mise en place de lignes aériennes directes vers la Crimée, et la deuxième fut la reconnaissance de facto de la RPD et de la RPL (Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk), via la proposition faite par le président biélorusse de laisser leurs enquêteurs interroger l’ancien membre du bataillon néo-nazi Azov. Ces deux propositions de Loukachenko ont sans surprise déclenché une véritable crise d’hystérie de la part de l’Ukraine.
Après la rencontre qui a eu lieu il y a quelques jours à Sotchi entre Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko, ce dernier a fait plusieurs déclarations qui ont provoqué une crise d’hystérie en Ukraine.
Russie et Biélorussie travailleraient à l’ouverture de lignes aériennes directes vers la Crimée
La première, faite le 1er juin, concerne les liaisons aériennes entre la Biélorussie et la Crimée. Alexandre Loukachenko a déclaré que lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine il a été convenu que la Russie et la Biélorussie régleront la question de l’ouverture de vols vers la Crimée. Une déclaration qui a suscité l’étonnement puisque jusqu’ici la Biélorussie n’a toujours pas officiellement reconnu la Crimée comme étant russe. Mais cette évolution de la situation est rendue nécessaire par la fermeture de l’espace aérien ukrainien aux compagnies aériennes biélorusses, comme l’a expliqué Loukachenko.
« L’Ukraine nous a fermé son espace aérien. Nous avons notre propre sanatorium en Crimée, à Miskhor, où les gens sont toujours allés, par la route ou par l’air. Afin de ne pas aggraver les relations, nous passons par l’Ukraine, qui par le train, qui par la voiture, qui par l’avion. Mais maintenant, ils ont fermé leur espace aérien. J’ai dit à Poutine : “Pense à la façon dont nous pourrions aller en Crimée. Nous ne passerons pas par la Pologne : ils ne nous laissent pas non plus y aller” » a déclaré Alexandre Loukachenko.
Selon lui, la Biélorussie et la Russie vont régler la question de l’ouverture des vols vers la Crimée. L’ordre correspondant a déjà été donné aux agences concernées.
« Je ne pense pas qu’il y aura de problèmes ici », a ajouté le Président. « Ils ont fermé leur espace aérien – eh bien, il y a des États plus ouverts par lesquels nous pouvons toujours aller en Crimée ».
Sans surprise, l’Ukraine a réagi de manière complètement hystérique face à cette éventualité, et menacé la Biélorussie de sanctions immédiates, si jamais Loukachenko mettait en pratique sa déclaration.
« Nous agirons instantanément contre toute tentative de légitimer l’occupation de la Crimée par la Russie. […] Si un seul avion d’une compagnie aérienne biélorusse se retrouve sur le territoire de la Crimée occupée, les sanctions seront inévitables avec toutes les conséquences négatives », a déclaré Emine Djaparova, la vice-ministre ukrainienne des affaires étrangères.
Cette réaction a été qualifiée par le député russe de la Douma d’État, Rouslan Balbek, de crise de nerfs, soulignant qu’au vu des sanctions déjà prises par l’Ukraine contre la Biélorussie, on voit mal ce que Kiev pourra faire de plus.
« L’Ukraine a déjà imposé des sanctions à l’aviation biélorusse, s’est jointe au harcèlement du président Loukachenko et s’est ainsi sciemment inscrite sur la liste des ennemis de la République de Biélorussie. Avec quelles sanctions vont-ils les effrayer alors qu‘ils achètent eux-mêmes de l’essence russe à la Biélorussie ? Il s’agit plutôt d’une crise de nerfs d’un fonctionnaire ukrainien – comme on dit ici, un nouvel échec dans la direction de la Crimée », a déclaré M. Balbek
Reconnaissance de facto de la RPD et de la RPL par Loukachenko
Malgré la réaction hystérique de l’Ukraine, Loukachenko a décidé d’aller encore plus loin, en proposant aux enquêteurs de la RPD et de la RPL de pouvoir interroger Roman Protassevitch concernant les crimes de guerre potentiels qu’il a pu commettre pendant qu’il servait au sein du bataillon néo-nazi Azov.
Le procureur général de la RPL a en effet annoncé avoir lancé une enquête sur les actions de Roman Protassevitch pendant qu’il servait au sein du bataillon néo-nazi Azov, et particulièrement sur les crimes de guerre qu’il aurait pu commettre contre la population et les infrastructures civiles du Donbass, et son appartenance à une organisation reconnue comme terroriste par la République Populaire de Lougansk.
« Au cours de l’enquête sur l’affaire pénale, l’implication de Protassevitch dans le bombardement de civils dans le Donbass et la destruction d’infrastructures civiles a été établie, dans le cadre de laquelle le bureau du procureur général de la RPL demande aux forces de l’ordre de la République de Biélorussie d’autoriser les opérations d’enquête impliquant le suspect Protassevitch sur le territoire de la RPL », a déclaré la porte-parole du bureau du procureur général de la RPL.
Dans la continuité des actions des autorités judiciaires de la République, la veuve d’un homme mort lors d’un des bombardements aériens de la RPL par l’armée ukrainienne a payé l’affichage sur panneaux géants de photos de Roman Protassevitch avec le mot « assassin » en surimpression.
La Biélorussie ne reconnaissant pas la RPD et la RPL, tout le monde pensait que cette requête resterait lettre morte. Mais Loukachenko a alors fait une déclaration surprenante, en proposant aux enquêteurs du Donbass de venir interroger Protassevitch, reconnaissant ainsi de facto la RPD et la RPL.
« Il y a une affaire criminelle sur ces personnes dans le Donbass. J’ai rappelé au président Poutine qu’une affaire pénale avait été ouverte et j’ai dit que s’ils (les enquêteurs chargés de l’affaire – NDLR) ont des questions à leur poser, ils sont les bienvenus, posez-leur des questions parce qu’ils ont tué des gens là-bas, dans le Donbass », a déclaré Loukachenko.
Le président a aussi commenté les affirmations selon lesquelles Protassevitch risque la peine de mort en Biélorussie, en expliquant qu’il risque au maximum 15 ans dans son pays natal, mais qu’il pourrait en effet en être autrement dans le Donbass.
« Nos journalistes ont démontré que cet article [celui sous lequel est accusé Protassevitch en Biélorussie – NDLR] ne prévoit pas la peine de mort, mais 15 ans. Il savait ce qu’il disait, il a compris que là-bas, dans le sud-est de l’Ukraine, il pouvait faire face à des plaintes, mais la situation y est complètement différente », a conclu M. Loukachenko.
Si le Président biélorusse parle de situation différente concernant les républiques du Donbass, c’est que le procureur général de la RPL a envoyé une requête au chef de la République, Léonid Passetchnik, et aux députés du Conseil Populaire, afin d’augmenter la peine prévue pour les crimes contre la paix et les crimes contre l’humanité. Si actuellement ces crimes sont punissables d’un maximum de 20 ans de prison, le procureur général de la RPL voudrait que la peine maximum soit purement et simplement la peine de mort.
« La punition doit être à la hauteur du crime commis, et le meurtre de civils dans le Donbass par les forces de représailles ukrainiennes ne peut être justifié en aucune façon. De tels crimes, comme le montre l’histoire, notamment la tenue des procès de Nuremberg, sont imprescriptibles.
Les enquêteurs du Bureau du Procureur général ont rassemblé suffisamment de preuves pour parler de la nécessité de durcir les sanctions pour certains articles du Code pénal actuel de la République populaire de Lougansk. En particulier, nous parlons de la punition pour avoir commis des crimes contre la paix et contre l’humanité.
À cet égard, le Procureur général de la République populaire de Lougansk s’adresse aux députés du Conseil populaire et au chef de la République populaire de Lougansk en leur demandant d’envisager la possibilité d’augmenter la peine pour la commission de crimes impliquant l’utilisation de moyens et de méthodes de guerre interdits, ainsi que pour la commission de génocide, en l’augmentant jusqu’à la peine capitale », a écrit le bureau du procureur général de la RPL sur son site.
Quoi qu’il en soit, la déclaration de Loukachenko a déclenché une nouvelle crise d’hystérie en Ukraine, qui a hurlé à la reconnaissance de facto de la RPD et de la RPL par la Biélorussie.
« La déclaration de M. Loukachenko selon laquelle il a suggéré à M. Poutine que des “enquêteurs” de la RPD-RPL viennent en Biélorussie pour interroger le rédacteur en chef de Nexta, Roman Protassevitch, qui a été enlevé par le KGB-FSB, peut être considérée comme une reconnaissance de facto par le régime de M. Loukachenko des “républiques” fantoches », a écrit sur son mur Facebook Sergueï Garmach, un des représentants de l’Ukraine au sein du groupe de contact trilatéral.
D’après Garmach, « après cette déclaration, Minsk a déjà ouvertement cessé d’être neutre », ce qui justifierait de déplacer le processus de négociation de la Biélorussie vers un autre pays.
Une déclaration qui rejoint celle qu’Alexeï Arestovitch, le porte-parole de la délégation ukrainienne au sein du groupe de contact trilatéral, a fait à la BBC Ukraine. Commentant la proposition de Loukachenko d’inviter des enquêteurs de la RPD et de la RPL à venir interroger Roman Protassevitch, le représentant ukrainien a ainsi déclaré que « si cela arrivait réellement, cela signifierait une chose – Loukachenko ne peut plus être un médiateur, et Minsk ne peut plus être une plateforme de négociations ».
Une tentative de la part de l’Ukraine de lier l’affaire Protassevitch et les négociations concernant le Donbass, que la RPD rejette fermement.
« Les autorités ukrainiennes subordonnent la poursuite des réunions en face à face du groupe de contact à des questions sans rapport avec les accords de Minsk », a déclaré Vladislav Moskovski, le porte-parole de la délégation de la RPD au sein du groupe de contact.
« Sur la base de cette déclaration [l’ultimatum d’Arestovitch – NDLR], un certain nombre de questions se posent aux dirigeants ukrainiens : si les forces de l’ordre biélorusses refusent la demande des forces de l’ordre de la RPD et de la RPL, les réunions de Minsk reprendront-elles ? Ou sommes-nous une fois de plus contraints d’assister aux spéculations personnelles d’une personne qui remplit les fonctions de responsable des relations publiques de la délégation ukrainienne dans les médias et qui n’a aucune influence politique au niveau des dirigeants ukrainiens. M. Protassevitch n’a rien à voir avec le processus de Minsk et la condition exprimée par M. Arestovitch démontre la volonté des autorités ukrainiennes de ne pas permettre la reprise des rencontres en face à face avec les représentants des républiques au sein de la plate-forme de Minsk », a ajouté le porte-parole.
Il faut rappeler que c’est déjà la troisième fois cette année que l’Ukraine essaye de justifier (avec des excuses toutes plus bidons les unes que les autres) de ne pas reprendre les négociations en face à face à Minsk une fois les mesures anti-coronavirus levées.
Quoi qu’il en soit, les réactions hystériques de l’Ukraine face aux deux déclarations de Loukachenko concernant la Crimée, la RPD et la RPL, montrent que ce dernier a appuyé là où ça fait mal pour Kiev. Peut-être une façon pour le Président biélorusse de se venger de l’attitude de l’Ukraine à son égard. Reste à voir si les jolies déclarations seront suivies d’actes concrets, ce qui serait l’occasion pour les officiels ukrainiens de nous offrir un nouvel épisode d’hystérie collective.
source : https://www.donbass-insider.com
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