Lors d’une visite au CHU de Toulouse, vendredi 21 mai 2021, le secrétaire d’État chargé de l’Enfance a demandé des nouvelles concernant l’évolution de la santé mentale des jeunes.
Les équipes de l’hôpital des enfants tirent la sonnette d’alarme. Vendredi 21 mai 2021, Adrien Taquet, le secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles était en visite au CHU de Toulouse. L’occasion pour lui d’échanger avec les professionnels de santé sur le parcours spécifique des enfants nés prématurés et présentant des fragilités avec des besoins spécifiques en post-natal.
Lors d’un échange, Adrien Taquet a souhaité connaître l’avis des chefs de service sur l’évolution de la santé mentale des enfants et des adolescents dans le contexte de la crise du Covid-19. Et les nouvelles ne sont pas très bonnes…
À lire aussi
Les professionnels du CHU de Toulouse inquiets
Interrogé par le secrétaire d’État, le professeur Jean-Philippe Raynaud, chef du service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au CHU de Toulouse a une perception « assez pessimiste ».
Sans surprise, il s’attendait à ce que la crise impacte la santé des enfants. Il a toutefois été surpris par la gravité et le nombre de patients touchés. « Il y a vraiment un impact très important », souligne-t-il.PUBLICITÉ
À Toulouse, les professionnels de santé ressentent les effets de la crise sur les jeunes depuis novembre 2020. De son côté, Adrien Taquet indique qu’il a vu des premiers signaux dès septembre sur le territoire national. « On a eu un petit décalage car, depuis trois ans, nous ne sommes pas trop mal équipés sur le département pour les consultations précoces d’adolescent. À mon avis, cela a atténué les tentatives de suicide », explique le professeur Raynaud.
Des tentatives de pendaison dès l’âge de 6 ans
Malheureusement, dès le mois de décembre, le CHU de Toulouse a dû prendre en charge plusieurs tentatives de suicide chez les enfants. « Il y en a eu des sévères y compris chez de très jeunes adolescents. On est tous d’accord pour dire que nous ne sommes pas au sommet de cette crise », alerte Jean-Philippe Raynaud.
“Il faut souligner la gravité des tentatives de suicide. On a des petits enfants de 6 à 7 ans qui font des tentatives de pendaison. Personnellement, je n’avais jamais vu ça !”Professeure Isabelle ClaudetResponsable des urgences pédiatriques au CHU de Toulouse
Un témoignage qui a choqué Adrien Taquet. Le secrétaire d’État a même demandé à Isabelle Claudet de répéter l’âge de ces enfants. « 6 à 7 ans. Oui, oui ! On en a eu trois dans l’unité de pédiatrie générale. Ce n’est quand même pas commun et c’est inquiétant », martèle la responsable des urgences pédiatriques.
À lire aussi
Les troubles alimentaires en hausse
Actuellement, 20 à 24 enfants sont hospitalisés chaque semaine au CHU de Toulouse. « La moitié, c’est pour du trouble pédopsychiatrique que l’on peut qualifier d’habituel. Par contre, ce qui est étonnant, c’est le nombre de troubles des conduites alimentaires (TCA). C’est dramatique… », confie Isabelle Claudet.
Un constat partagé par le professeur Emmanuel Mas, gastro-entérologue pédiatrique. « C’est la surprise (les troubles des conduites alimentaires, ndlr). Mais c’était préalable à la pandémie. Nous avions déjà été alertés de l’augmentation de ces troubles. On ne l’explique pas, mais c’est un phénomène international », indique-t-il.
De son côté, le professeur Raynaud a une hypothèse pour ce qui concerne les cas d’anorexie mentale. « Au début de l’épidémie, les parents n’ont pas trop consulté. Majoritairement, les adolescents ne sont pas très favorables à être suivis ».
Pas pris en charge, ces TCA peuvent provoquer des états d’amaigrissement « très inhabituels » pouvant entraîner de plus longs séjours à l’hôpital.Santé Publique France dévoile une étude pour comprendre comment les enfants ont vécu le premier confinement
Jeudi 20 mai 2021, Santé Publique France a dévoilé les premiers résultats de l’étude CONFEADO « dont l’objectif est de comprendre, dans le cadre de l’épidémie de Covid-19 en France, la manière dont les enfants et les adolescents âgés de 9 à 16 ans ont vécu le premier confinement jusqu’au 11 mai 2020 et comment celui-ci a pu avoir des conséquences sur leur bien-être ».
Cette étude permet d’observer que la santé mentale a été la plus impactée chez les adolescents (13-18 ans) que chez les enfants (9-12 ans). En ce qui concerne le sexe, les filles ont été plus touchées que les garçons. Par ailleurs, les jeunes ayant ressenti le plus de détresse sont ceux issus des familles les plus « fragilisées » comme les « monoparentales, avec un niveau d’étude plus faible, davantage ouvriers ou employés, nés à l’étranger, et en situation d’isolement social », indique Santé Publique France.
Les résultats complets de l’enquête CONFEADO sont à retrouver sur le site internet de Santé Publique France.
Source : Actu.fr
Source: Lire l'article complet de Profession Gendarme