RapSit-USA2021 : Woke-Capitalisme, “idiot utile” ?

RapSit-USA2021 : Woke-Capitalisme, “idiot utile” ?

RapSit-USA2021 : Woke-Capitalisme, “idiot utile” ?

Un auteur distingué, Jacques J. Marlin, qui fut directeur de la Port Authority de New York et du New Jersey, et qui se distingue depuis par de nombreux ouvrages et un activisme acharné en défense du christianisme et du catholicisme, s’emploie à montrer par quel chemin étonnant le Corporate Power, Big Tech en tête, est devenu un soutien zélé du wokenisme, du genrisme et autres LGTBQ, des antiracistes associés mais sélectifs de Black Lives Matter, etc. Marlin rend compte du livre très intéressant pour ce sujet, de Stephen R. Soukup, ‘The Dictatorship of Woke Capital : How Political Correctness Captured Big Business’. Il s’agit du Woke-Capitalisme, que nous avons déjà rencontré, et l’apport de Marlin-Soukup et du plus grand intérêt.

Ils prennent une approche très-idéologisée, en expliquant le rôle central du gramscisme dans cette évolution ; cela fait-il pour autant du Woke-Capitalisme un “idiot-utile” ? Pour bien s’y retrouver, nous allons d’abord donner une appréciation historique d’un autre côté, justement de celui du capitalisme.

Avant d’être séduit par le wokenisme, en effet, le capitalisme avait déjà subi une première “révolution”. Nous en avons parlé ici et là alors que vraiment il n’y a pas grand’monde pour en parler : il s’agit du fameux-mais-ignoré “Manifeste-Powell”, de 1971, du légiste et alors futur juge à la Cour Suprême Lewis Powell. Le journaliste fameux Bill Moyers écrivit dans The Nation, en 2011 (repris par nous le 19 novembre 2011) : « Le 23 août 1971, un avocat d'affaires du nom de Lewis Powell, – membre du conseil d'administration du géant du tabac Philip Morris et futur juge de la Cour suprême, – diffusa un mémorandum confidentiel pour ses amis de la Chambre de commerce américaine. Nous le considérons aujourd'hui comme un appel aux armes pour une guerre de classe menée du haut vers le bas… »

Moyers expliqua rapidement, à la fois les circonstances politiques qui conduisirent Powell à agir, et le contenu de l’esprit du “mémo” qui allait amener le Corporate Power à faire son plus grand tournant méthodologique, et indirectement “politique”, depuis les mesures prises pour le contrôler lors de la Grande Dépression, après qu’il ait réalisé combien l’orientation prise par les forces politiques durant les années 1960 le menaçait.
 

« Rappelez-vous le contexte du mémo Powell. Les grandes entreprises durent faire le ménage dans leurs affaires. Même les républicains suivaient. En 1970, le président Nixon signait la loi sur la politique nationale de l’environnement et installait à la Maison-Blanche un Conseil sur la qualité de l'environnement. Quelques mois plus tard, des millions d'Américains participaient à la Journée de la Terre. Nixon a ensuite créé l'Agence de Protection de l’Environnement (EPA). Le Congrès a réagi rapidement en adoptant des amendements durcissant la loi sur la qualité de l'air, et l’EPA annonçait les premières normes de pollution atmosphérique. De nouvelles réglementations s’appliquaient à la peinture au plomb et aux pesticides. Désormais, les entreprises ne s’en sortiraient plus impunément.
» Powell était choqué par ce qu’il désignait comme une “attaque contre le système américain de libre entreprise”, – conduite non seulement par des “extrémistes de gauche”, mais aussi  par des “éléments parfaitement respectables de la société”, notamment les médias, les politiciens et des intellectuels renommés. Il exhorta les gens du Corporate Power à se défendre et à se défendre avec force. “Créer un mouvement. Lancer des orateurs dans tout le pays. Acquérir ou influencer les grandes institutions de l'opinion publique, surtout les universités, les médias et les tribunaux. Faire en sorte que les programmes télévisés soient “surveillés de la même manière que les manuels scolaires devraient l'être en permanence”. Et surtout, reconnaître que le pouvoir politique doit être “cultivé assidûment [sic] ; et que, lorsque cela est nécessaire il doit être utilisé de manière agressive, avec détermination et sans embarras”. »
 

Nous parlons bien de “méthodologie” et non d’orientation politique, mais cette méthodologie implique indirectement une orientation politique. Le Mémo-Powell ouvrait la voie à deux orientations du Corporate Power ;
• d’une part, s’emparer par divers moyens de tous les réseaux et moyens d’influence, essentiellement culturels (on dirait “de communication” dans le sens le plus large) ; c’est à partir de ce moment que le Corporate Power commença à envisager d’investir systématiquement dans ce domaine de la communication, notamment télévisuelle, et engagea des campagnes d’acquisition diverses qui devaient mener à un quasi-monopole de la presseSystème dans son sens le plus large, au travers d’un nombre très réduits d’acteurs colossaux faisant partie de la confrérie ;
• d’autre part, manipuler, corrompre le monde politique d’une part, mais aussi et de plus en plus, et d’une façon de plus en plus sophistiquée, suivre les courants d’influence politique susceptible de définir le futur pouvoir à mettre en place, pour y occuper une influence privilégiée.

Ainsi, il faut placer à la lumière du nouveau (en 1971) modus-operandi défini par Powell, la description faite par Marlin-Soukup de la façon dont les idéologues divers qui se réuniraient dans le wokenisme, la Nouvelle-Gauche (la gauche éternellement renouvelée en Nouvelle-Gauche), ont préparé leur prise en main d’une idéologie terrorisante et imposant sa loi, puis la façon dont le cadre investi a produit les futurs cadres du Woke-Capitalisme. Les “idiot utiles” ne le sont pas tout à fait ; “utiles”, évidemment, mais pas nécessairement “idiots”, parce que leur “utilité” vaut aussi pour eux-mêmes, leurs revenus, leurs actionnaires, etc. Là, vraiment, le mariage du Capitalisme le plus avancé et de l’idéologie la plus gauchiste du plus grand “chic” possible (tant apprécié par grande bourgeoisie progressiste) constitue une noce absolument somptueuse… Cela nous fera beaucoup de petits déconstructeurs.
 

« En mai 2019, le gouverneur républicain Brian Kemp de la Géorgie signait une loi limitant les avortements aux six premières semaines de la grossesse, contre 20 semaines auparavant.
» Ignorant la légalité de cette loi, les magnats et acteurs d’Hollywood, Disney en tête, publièrent des déclarations menaçant de boycotter l’État de Géorgie.
» Bien que la question soit devenue sans objet après qu'un tribunal fédéral a jugé la loi inconstitutionnelle en juillet 2020, le boycott, s’il avait été mis en œuvre, aurait eu un impact économique dévastateur sur la ville d’Atlanta, qui est la capitale du cinéma pour la réalisation de films et d’émissions de télévision.
» La Géorgie a de nouveau été frappée par des boycotts après que le gouverneur a approuvé une loi visant à prévenir la fraude électorale. Croyant aux mensonges absurdes diffusés par les gauchistes selon lesquels les révisions étaient équivalentes aux lois Jim Crow d’antan [lois organisant l’apartheid dans le Sud à la fin du XIXe siècle], de nombreuses sociétés ont dénoncé la loi.
» Le coup le plus dur a été la décision de la Major League Baseball de déplacer le All-Star Game d’Atlanta à Denver. Ce changement de lieu coûtera à Atlanta plus de 100 millions de dollars de revenus et fera du tort aux classes populaires, dont la plupart sont des personnes de couleur.
» Ce type d’activisme des entreprises est relativement nouveau dans le paysage politique américain. Et pourquoi et comment cela s'est produit, voilà le sujet d'un livre intéressant de Stephen R. Soukup, ‘The Dictatorship of Woke Capital : How Political Correctness Captured Big Business’.
» Dans la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, les activistes de gauche ont travaillé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour imposer leurs valeurs culturelles dans tous les aspects de la vie américaine. Pour y parvenir, ils se sont infiltrés dans le parti démocrate, les universités, les gouvernements fédéraux, étatiques et locaux, ainsi que dans les grandes entreprises.
» Les racines intellectuelles de cette politisation, souligne Soukup, remontent à 100 ans.
» Le père fondateur et l’inspirateur en était le marxiste italien Antonio Gramsci (1891-1937).
» Gramsci rejetait le point de vue de Karl Marx selon lequel l’histoire de l’homme est l’histoire d'un conflit de classes économiques. “Les véritables conflits de classes”, affirmait Gramsci, “sont culturels… et ce n'est qu'après la destruction complète de la culture bourgeoise existante que la nouvelle culture, – et la nouvelle économie, – peuvent être établies”.
» L'ennemi principal de Gramsci était le christianisme, car il était “le créateur et le promoteur de la culture bourgeoise qui maintenait les classes relativement pacifiques et harmonieuses les unes avec les autres.”
» Ainsi, les marxistes anti-chrétiens devaient se lancer dans “la longue marche à travers les institutions” pour installer une influence pouvant renverser les normes culturelles avant qu’il puisse y avoir une révolution du prolétariat.
» Gramsci a eu comme descendance le marxiste hongrois György Lukács (1885-1971), qui a fait du marxisme “un effort philosophique, truffé de jugements de valeur normatifs explicites”.
» Gramsci et Lukács ont influencé un groupe de professeurs connu sous le nom d'École de Francfort.
» Les intellectuels de Francfort “ont intégré la psychologie issue du freudisme en même temps que de la fétichisation de l’état de nature de Jean-Jacques Rousseau, jusqu’à la l'antichristianisme agressif de Gramsci et à la détestation des mœurs sociales et sexuelles courantes de Lukács pour façonner le ‘marxisme culturel’ qui allait devenir l'idéologie dominante de la nouvelle gauche américaine et, par extension, de l'ensemble du système américain d'enseignement supérieur”.
» Après avoir conquis les écoles enseignant les “arts libéraux” [de connaissance générale] et de sciences humaines, les gauchistes ont jeté leur dévolu sur les écoles de commerce.
» Ils ont introduit des cours d’endoctrinement pour les étudiants avec la planification des “parties prenantes”, en rejetant la croyance de longue date selon laquelle “les gestionnaires des sociétés doivent faire ce qui est dans le meilleur intérêt de la société et de ses actionnaires”.
» Ils enseignaient que les décisions d'affaires devaient être fondées sur diverses théories de justice sociale, de redistribution économique, de féminisme, de race, de théorie critique, de diversité, etc.
» Les idiots utiles qui sont sortis des écoles de commerce de l'Ivy League ont depuis accédé à des postes clés dans les entreprises, en particulier dans les sociétés les plus puissantes, qui gèrent des dizaines de $milliards investis sur le marché boursier. De nombreux gestionnaires d’actifs ont utilisé leur pouvoir de vote par procuration pour faire pression sur les entreprises afin de promouvoir des programmes politiques de gauche.
» Les investisseurs “socialement responsables” ont fait pression sur les entreprises pour qu'elles se conforment au Sustainability Accounting Standards Board (SASB), qui définit ce qui constitue des pratiques commerciales “durables” en fonction des priorités idéologiques de la gauche.
» Et de nombreuses entreprises, comme Disney et Apple, ont suivi le mouvement.
» Pourtant, alors que nombre de ces géants de l'entreprise ont condamné les actions des élus de Géorgie, M. Soukup décrit comment ils s'inclinent devant l'un des régimes les plus répressifs de l'histoire de l'humanité, – la Chine… »
 

La suite est une longue litanie des arrangements que les entreprises du Corporate Power (Apple, Disney, Coca, etc.) passent avec ce qui est désigné comme les insupportables pratiques chinoises, – “l’un des régimes les plus répressifs de l’histoire”, est-ce bien sûr ? – parce que la Chine représente pour ces entreprises géantes un fantastique marché. Tous, ils font les efforts nécessaires pour assurer une position en accord avec les normes du PCC (Parti Communique Chinois) ; une fois démêlées les vérités-de-situation de l’invraisemblable amas de propagandes et de narrative lancés contre la Chine justement par les anti-wokenistes, – surprise, surprise, on change d’alliés comme de chemise ; en Chine, Apple retire le New York Times (merci, les amis) et les applications Skype de son App-Store, et également les nouvelles venues des amis LGTBQ couvrant pour les défendre les manifs’ anti-PCC de Hong Kong…

A cela, on ajoutera, mandarin sur le gâteau, que le PCC n’a pas de plus grand objet de son mépris, de concert avec Poutine, que toutes les facettes du wokenisme, du genrisme à la racisation et ainsi de suite ; de même, le PCC, de ce point de vue culturel qui est l’essentiel du wokenisme, est un adversaire affirmé de la globalisation (culturelle-gramsciste)… Et l’on se demandera à quoi pense la droite traditionnelle et anti-wokeniste US qui passe son temps à pilonner la Chine et le PCC ? Parce que Biden y est compromis jusqu’au cou ? Mais alors, la cible c’est Biden, pas le PCC qui prend ce qui lui est offert et qui est par ailleurs un allié objectif des anti-wokenistes.

Nous reconnaissons sans hésiter que tout cela n’est pas simple. La situation n’est pas simple, et la vérité-de-situation bien difficile à déterminer. Le monde d’aujourd’hui n’est pas simple du tout et il est bien difficile de savoir qui est votre allié et pour combien de temps ; dans tous les cas, si l’on s’en tient au genre humain et à ses facéties.

 

Mis en ligne le 26 mai 2021 à 21H25

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

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« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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