Hitler n’en finit pas de tourmenter : telle est sa plus sinistre revanche depuis l’outre-tombe… Alors que les Éditions Fayard publient le 2 juin Historiciser le Mal, une édition critique de Mein Kampf, un travail de contextualisation par des historiens de renom comme Florent Brayard, Andreas Wirsching, Henry Rousso et Christian Ingrao, une question se pose. Même accompagné de mille notes, explications et avertissements, faut-il republier un ouvrage maudit dont on s’accorde à dire qu’il est un tissu d’horreurs et de folies ? Pour quoi faire ? Pour qui ? […]
Dans ce volume de 800 pages que presque personne n’a lu en entier tant le style en est lourd, rugueux, tortueux et torturé – Hitler y a vomi son monde intérieur et sa folie paranoïaque. […] À partir des années 1960, on se procurera encore Mein Kampf ici et là car le livre existe chez les bouquinistes. Ouvrage d’histoire ou de propagande ? Livre totem pour les curieux et les esprits malsains ou mine pour les historiens en herbe ? Entre 2003 et 2016 les Nouvelles Éditions latines auraient ainsi écoulé près de 50 000 exemplaires du livre fameux, selon Claude Quetel. Mais ces chiffres ne sont rien en comparaison de ceux du monde arabo-musulman où il se vend par millions. Il est aujourd’hui très en vogue en Turquie, et plus surprenant, en Inde. Là-bas ce sont les ultranationalistes hindous qui le trouvent fascinant. Décidément la haine fait vendre. (Le Figaro)
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Quand Kersten rencontre Himmler en mars 1939, il est renommé pour avoir soulagé de grands industriels allemands grâce à ses dons de masseur thérapeute. C’est même l’un d’eux qui lui demande de soigner Himmler, lequel souffre d’horribles crampes d’estomac, pour tenter de l’influencer au moment où le régime nazi veut nationaliser l’industrie allemande. Kersten n’en a pas envie, mais il cède par amitié. Très vite, il gagne la confiance du chef SS, et, peu à peu, le « manipule » pour obtenir la liberté des persécutés qui parviennent à entrer en contact avec lui.
« Voilà mes honoraires : la liberté de cet homme », dira Kersten à Himmler quand celui-ci lui propose, en échange de ses services, de le nommer colonel de la SS. […] Au départ, Kersten demande à Himmler d’épargner des individus triés sur le volet en lui communiquant des listes de noms, puis, au fur et à mesure que son pouvoir quasi hypnotique s’accroît – Himmler l’appelle son « Bouddha magique » –, il intervient sur des questions plus générales, notamment quand il apprend que Hitler envisage de déporter la population des Pays-Bas.
« Un homme apparemment inconscient du danger s’efforce de soustraire le plus de gens possibles au naufrage. Il aura sauvé des centaines de vie puis des dizaines de milliers. On peut devenir grossiste tout en restant détaillant », écrit Kersaudy, qui fait allusion à la liste de Schindler, qui sauva mille Juifs du massacre. (Le Figaro)
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Comme l’a dit à juste titre maître Goldnadel, « l’assassin présentait le profil classique des criminels islamistes ordinaires », au fond le même que celui du meurtrier de Samuel Paty, le chichon n’ayant fait que porter à son point d’incandescence une haine des Juifs omniprésente dans le fondamentalisme islamiste. Il y a quatre ans déjà, une Une de L’Express consacrée aux nouveaux visages de l’antisémitisme titrait tout simplement : « Dans les quartiers, les Juifs sont la cible de l’islam radical », comme si cette vérité allait désormais de soi.
Ces analyses furent largement confirmées par une étude de la Fondation pour l’innovation politique. Intitulée « Violence antisémite en Europe 2005-2015 » et publiée en septembre 2017, elle portait sur sept pays (Allemagne, Danemark, France, Royaume-Uni, Norvège, Suède et Russie).
Réalisée par un jeune chercheur suédois, elle concluait que « parmi ces pays, c’est en France que l’exposition des Juifs à la violence antisémite semble la plus forte. Concernant les auteurs des actes antisémites violents, les données disponibles montrent en Europe de l’Ouest la prédominance de personnes de culture musulmane et la quasi-disparition de l’extrême droite, à l’exception de la Russie où, par ailleurs, l’antisémitisme violent semble beaucoup moins répandu que dans les autres pays considérés ». Fallait-il dans ces conditions, comme l’ont fait les juges, « comprendre la haine », expliquer par la drogue seule le geste du salaud qui torture et tue une vieille dame parce qu’elle appartient à la « nation des ennemis » et incarne le « diable » ? (Le Figaro)
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Premiers à se faire vacciner, les résidents des maisons de retraite seront-ils les derniers à retrouver leur vie « d’avant » ? Ce paradoxe, difficile à accepter après plus d’un an de privation du lien, fait grossir les rangs de nouveaux collectifs qui regroupent des familles en colère contre la limitation des visites. « Je vois toujours ma mère derrière une vitre plexiglas. Les visites en chambre ne sont autorisées qu’en situation de fin de vie. Les résidents, bien que vaccinés, sont soumis à un isolement de sept jours au retour d’une sortie. Ma mère a 91 ans. Je n’ai pas envie de lui infliger cette peine. Qui accepterait cela ? C’est inhumain », dénonce Marguerite, membre du collectif Ehpad 42, créé en juin dernier pour « libérer » les personnes âgées prises en charge dans des établissements.
« Je n’ai toujours pas le droit de prendre ma mère dans les bras, de la sortir dans le parc, voir sa maison, l’emmener se recueillir sur la sépulture d’un ami décédé pendant le confinement, lui faire essayer des vêtements dont elle a besoin… Par contre, les soignants qui s’en occupent ne sont toujours pas vaccinés, continuent à la toucher. Pour moi, c’est incompréhensible », se désespère un membre d’un autre collectif, Ehpad familles Bretagne. « Cet Ehpad est son dernier lieu de vie et nous pensions qu’elle y serait bien. Actuellement, ce lieu s’apparente à un milieu carcéral où plane la menace de l’enfermer dans sa chambre pendant sept jours si nous la sortons. Quel avenir, quelle perspective pour elle ! Elle souhaite mourir. » (Le Figaro)
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L’ancienne directrice générale de la santé à la Commission européenne Anne Bucher, le mathématicien Miquel Oliu-Barton et l’économiste Bary Pradelski préconisent, dans une tribune au Monde, l’adoption d’un passe sanitaire, permettant aux citoyens de recouvrer leurs libertés. […]
Défendu par le conseil scientifique, un tel outil fait débat à l’Elysée, qui devra trancher dans les jours à venir. Et si l’Élysée hésite, c’est en partie parce qu’une telle mesure paraît mettre à mal le principe d’égalité, auquel nous sommes tant attachés – tout le monde n’a pas accès au vaccin, et nous devons protéger les données individuelles car le vaccin n’est pas obligatoire.
Cependant, un reconfinement strict nous serait, aujourd’hui, difficilement supportable : voilà pourquoi il faut, dès que nous en avons la possibilité, renouer avec cette liberté qui a tant été sacrifiée ces derniers temps. Le retour à la normale n’est pas un privilège, mais un droit que chacune et chacun d’entre nous a hâte de recouvrer. Et pour cela, nous avons besoin d’un passe sanitaire fiable, temporaire et accessible pour tout le monde, sans quoi son adoption pourrait mettre à mal les fondements de notre démocratie. (Le Monde)
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L’importante curiosité autour du professeur Didier Raoult n’a pas profité à RMC Story mardi soir puisque le nouveau numéro du magazine La face cachée de qui lui était consacré n’a attiré que 188.000 téléspectateurs en moyenne (0,8 % de PDA) selon Médiamétrie. Un score très faible pour la chaîne de la TNT, avant-dernière du tableau des audiences juste devant France 4. Parmi ses concurrents directs, c’est TFX qui a pris la tête avec la rediffusion de la comédie L’élève Ducobu, avec Élie Semoun, suivie par 802.000 téléspectateurs en moyenne (3,4 % de PDA).
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Pourtant, l’humour de certains « camarades » est mal passé lors de la cérémonie des Césars du 12 mars. « Ce n’était pas drôle. Avec Blanche Gardin, Marina Foïs, Laurent Laffitte… J’ai trouvé que c’était de l’entre-soi. Ils n’ont pas donné envie aux gens. Or, par les temps qui courent, tout le monde avait envie de flamboyance. » Pourquoi, dans ces conditions, Michèle Bernier ne s’y collerait pas, à la présentation des Césars ? Parce que « personne ne me le demandera jamais ! D’abord, parce que je fais peu de cinéma. Ensuite, je n’ai pas la carte qu’il faut. » (Le Monde)
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On aurait pu croire que la panthéonisation de Gisèle Halimi, proposée par Benjamin Stora, et réclamée par bon nombre de collectifs féministes, ainsi que par la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Élisabeth Moreno, soit assez consensuelle pour aller de soi. Mais ce n’est pas le cas, concède l’Élysée, rappelant que la seule préconisation du rapport Stora a suscité de vives réactions, comme en témoigne cette tribune du « Figaro Vox », signée par une cinquantaine de « filles et femmes d’harkis », fin janvier.
« Nous nous élevons de manière unanime, forte et déterminée, contre la proposition émise par Benjamin Stora, écrivaient-elles. Sur France Inter, le 3 mai 2010, dans l’émission “Comme on nous parle”, Gisèle Halimi a été interrogée sur le fait de savoir si “la femme n’est jamais […] la meilleure ennemie de la femme”. Et Gisèle Halimi a fait cette réponse : “Je crois que, quand la femme… oui, cela arrive, hélas… Moi, j’ai appelé ça, en référence à la guerre d’Algérie, les femmes harkis. Les femmes harkis, malheureusement, cela existe.” Est-ce ainsi que Benjamin Stora veut favoriser la réconciliation ? Gisèle Halimi, qui a affiché en plusieurs autres occasions son mépris pour les harkis, n’est pas une femme de réconciliation. » (Mediapart)
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Les dirigeants de l’UE ont, également, réagi aux 8000 arrivées enregistrées dans l’enclave espagnole de Ceuta, pointant à la fois la responsabilité des autorités marocaines – elles instrumentalisent la migration pour manifester leur désapprobation à l’hospitalisation, en Espagne et sous une fausse identité, du chef du Front Polisario, Brahim Ghali – et la nécessité pour les États membres de faire front commun dès lors qu’il est question des frontières extérieures de l’Union. Si beaucoup de migrants ont été renvoyés par l’Espagne, ce pays doit gérer les 1500 mineurs restés sur place. « Ces arrivées concernent toute l’UE », prévient Margaritis Schinas, le vice-président de la Commission en charge des migrations et de la promotion du mode de vie européen.
Selon un spécialiste des questions migratoires, ces arrivées ne sont qu’un avant-goût de ce qui attend l’UE dans les semaines et mois à venir, à mesure que les frontières rouvriront et que les moyens de transport seront remis en service. « La reprise des voyages légaux facilite l’immigration irrégulière vers certains pays de transit. La pandémie a également créé des difficultés économiques importantes. C’est le cas au Maghreb où le nombre de chômeurs et la pauvreté ont explosé du fait du coup d’arrêt qu’a connu l’industrie du tourisme », analyse-t-il. […]
En plus des fonds supplémentaires alloués à Frontex, 6 milliards d’euros ont été débloqués pour permettre aux États membres la protection de leurs frontières. (Le Figaro)
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Désespérée, Élise l’était après une peine de cœur en plein Covid. La trentenaire, qui n’a jamais cru en la magie, contacte en septembre 2020 un marabout francilien qui lui garantit le « retour de l’être aimé ». Derrière les promesses du sorcier, quatre semaines d’invocations en visioconférence, à base de bougies et de potions salées – et une confiance qui s’installe. « Il m’appelait tous les jours pour avoir un compte rendu, pour me rassurer », confie-t-elle au Figaro, la voix tremblante.
Le marabout lui conseille de retirer de l’argent à la banque, afin qu’il soit purifié « en même temps que son âme ». Pour se garantir une vie heureuse à nouveau, Élise ramène chez elle « des liasses et des liasses de billets. Ça n’avait pas éveillé mes soupçons, à l’époque. » Rapidement, un dernier rituel est proposé « en terrain neutre ». Au sein d’une location AirBnB, Élise rencontre son sorcier, les bras chargés d’effets personnels : « une photo, le parfum de l’être aimé, un citron, mes billets », énumère-t-elle. « Il a tout béni, et placé le tout dans un sac, qu’il m’a tendu ».
Au sortir de l’appartement, le marabout la contraint à ne pas ouvrir ce sac avant la fin du rituel, sous peine « d’attirer le mal ». Dix jours devaient suffire… Quatre mois de reports plus tard, le rituel n’était pas fini et le sac toujours fermé. En mars dernier, Élise craque et déchire le sac. Vidé de ses 55.000 euros. « Une décennie d’économies volées à cause de ma stupidité. Il a anéanti ma vie, et l’avenir de mes enfants. »
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« Nous faisons des menus variés, en alternant plats africains, maghrébins, français, et même italiens ou grecs, comme la moussaka », explique le chef cuisinier, Vincent Dautry. La semaine prochaine, l’équipe essaiera une nouvelle recette, proposée par Demba Camara, le second de cuisine, un jeune Malien de 23 ans. « C’est le plat de ma mère au bled, explique-t-il. C’est à base de potiron mixé. On y ajoute oignons, carottes, ail, tomates, épices… On mélange tout, et on le sert avec un riz blanc cuit séparément. »
En se lançant dans l’aventure Label Gamelle, Vincent Dautry a changé de monde. Enseignant à la prestigieuse école Ferrandi, étant passé par plusieurs restaurants gastronomiques, comme Apicius – un deux-étoiles du VIIIe arrondissement parisien où il cuisinait « des repas à 250 euros avec un budget de 110 000 euros par mois » –, ce chef dispose aujourd’hui de 15 000 euros mensuels pour des repas à un coût de revient de… 1,36 euro en moyenne. Sa passion est intacte. « Je cherche tout autant à faire de la qualité. Certes, je n’ai pas de truffes ni de foie gras… Mais je peux faire évoluer des produits simples avec des épices, ou en créant des combinaisons. Des crevettes peuvent donner de la saveur à une quiche, par exemple. » (Mediapart)
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D’habitude, Élodie croise ses voisins deux fois par semaine : le jeudi quand ils se rendent au marché de la ville voisine de Harnes et quand ils vont faire quelques courses au Lidl. Toujours inséparables. Francis est handicapé mental et sa sœur souffre également de problèmes de santé. « J’ai constaté qu’ils ne sortaient plus, même les poubelles n’étaient pas vidées, détaille cette secrétaire médicale. Le lundi matin, un huissier s’est présenté mais la porte est restée close. J’ai appelé la police puis les pompiers. Ils ont dû casser une fenêtre pour rentrer. »
À l’intérieur, les secours découvrent le corps de Francis dans la cuisine puis celui de Karine à l’étage, dans la chambre. Les décès remontent déjà à plusieurs jours. Un représentant du parquet de Béthune se déplace. La maison n’est pas en désordre et ne présente aucun signe d’effraction. Mais un élément intrigue : il n’y a aucune nourriture à l’intérieur. Une enquête pour « recherche des causes de la mort » est ouverte. Les résultats de l’autopsie ― glaçants — vont rapidement y mettre un terme. Francis et Karine Lampin sont morts de faim et de soif.
« De dénutrition, précise Thierry Dran, le procureur de la République de Béthune. Ils se sont laissés mourir. » […] Les racines de ce drame sont certainement profondes. La vie des défunts est une succession de ruptures brutales au sein d’une famille modeste, désunie et meurtrie. Francis est l’aîné d’une fratrie de huit. Un père mineur de fond adepte d’une éducation stricte et une mère au foyer qui décède prématurément au début des années 1980. En 1995, un fils Lampin installé en région parisienne est assassiné dans des conditions atroces pour un motif crapuleux – ses agresseurs écoperont de 25 années de réclusion criminelle. Premier choc. « Ils ont commencé à avoir peur de tout », avance Alain (le prénom a été changé), un membre de la fratrie. (Le Parisien)
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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation