Ce mercredi 19 mai restera une tâche indélébile. Journée noire pour les forces républicaines. Des milliers de policiers français, ayant signé pour servir le peuple et non l’État, et leurs syndicats prétextant rendre un nouvel hommage à leur collègue assassiné, manifestent devant l’Assemblée Nationale en proférant de nombreux slogans contre la justice française qu’ils désignent comme leur adversaire. Ce fait se déroule au moment où des militaires actifs et retraités, des policiers actifs et retraités dénoncent ce qu’ils appellent « la déchéance du pays qui annonce le chaos et la violence » et se déclarent prêts à l’action autrement dit prêts à se compromettre dans des actes répréhensibles dans un état de droit. Ces groupes minoritaires créent une ambiance délétère qui peut déstabiliser notre république et à ce titre méritent d’être sanctionnés.
S’abritant derrière de véritables revendications portant sur les moyens humains, matériels et financiers, les syndicats de policiers comme Alliance dont les liens avec les mouvements d’extrême droite sont forts tentent de dévoyer le mouvement social et l’entraîner dans l’aventure politique. Un de leurs responsables s’exprimant à la tribune pour affirmer « que le problème de la police, c’est la justice » portant le fer contre les institutions républicaines en opposant les deux institutions qui doivent être au service de la population. Il est temps que le gouvernement intervienne pour remettre de l’ordre dans la police. Or le ministre de l’intérieur lui-même Gérald Darmanin, responsable des difficultés sociales des policiers, manifestait avec le syndicat Alliance qui accusait le Garde des sceaux, Éric Dupond-Moretti ouvrant ainsi une confrontation au sein même du pouvoir.
Avouons que tout celà ressemble plus à la chienlit qu’à l’ordre républicain. Et pour couronner le tout, des responsables politiques et des élus de droite, d’extrême droite, du centre, socialistes, écologistes, et communistes participaient à la confusion générale. Heureusement, les élus de la France Insoumise sauvaient l’honneur en ne participant pas à cette mauvaise et nocive comédie qui nous ridiculise aux yeux du monde. Dans sa conférence de presse, le candidat Mélenchon a eu raison de dénoncer l’amalgame. La masse des policiers demande des moyens indispensables pour bien faire leur métier et refusent de participer aux manipulations du syndicat Alliance. Ils attendent des réponses concrètes que le gouvernement leur refuse depuis des années.
Mélenchon a eu raison de se démarquer de cette initiative visant à faire pression pour avancer dans la voie de la répression sans fin. Refuser le mélange des genres, le rassemblement hétéroclite avec le Rassemblement National, la présence au côté de Darmanin, donneur d’ordres répressifs lui fait marquer un point dans le camp des gilets jaunes, des syndicalistes, des jeunes, des travailleurs, des retraités, des progressistes qui ont appris ces derniers temps de quel côté venaient les coups de matraque, de flash-ball, de LBD.
Mais au fait, avez-vous entendu Macron sur toutes ces questions ? Il nous abreuve de discours vaseux sur les vaccins, sur le déconfinement, sur la saturation des hôpitaux, sur l’efficacité de l’Europe dans la pandémie mais refuse de s’exprimer sur les questions politiques posées par l’appel des militaires à l’insurrection, les manifestations de policiers contre la justice, le délitement de l’État, toutes questions sensibles qui demandent des réponses républicaines. Cette situation lui semble bonne pour lui en vue de la présidentielle car elle masque les problèmes sociaux énormes qu’il ne parvient pas à maîtriser. A nous de les lui rappeler en montant d’un cran le niveau des luttes dans le pays. Les jours heureux sont à ce prix !
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir