Cela devait être un grand coup médiatique, organisé par les petits génies de l’Élysée et de l’Intérieur, frais émoulus des grandes écoles, bardés de diplômes, nourris au sein de l’IA et des algorithmes, malheureusement ignorants des hommes et du terrain, et ce fut un coup d’épée dans l’eau : le ministre et son petit chien, le préfet de Paris, l’inénarrable Lallement, ont été copieusement sifflés. La police, à la base et au sommet, c’est sensiblement différent.
Plusieurs dizaines de milliers de policiers (selon les organisateurs) sont rassemblés devant l’Assemblée Nationale pour montrer leur colère. pic.twitter.com/zeWaIcE8q9
— Clément Lanot (@ClementLanot) May 19, 2021
Plutôt que de se faire tabasser comme de vulgaires Gilets jaunes, les deux représentants de l’ordre ont préféré se faire la valise. Naturellement, le pouvoir (visible) pourra toujours dire qu’il s’agissait de flics d’extrême droite, car on sait d’après le Cevipof (centre de recherches de Sciences po) que 60 % d’entre eux au moins votent ou voteront RN en 2022.
Justement, en parlant d’extrême droite, la bande à Zemmour avait tenu à défiler avec les hommes de terrain. On a donc vu Zemmour, très futur président de la République, marcher aux côtés de Jean Messiha, ex-RN devenu électron libre et vedette des débats de CNews, la télé droitiste de Bolloré qui mange des parts de marché à BFM TV.
Passer au milieu de milliers de policiers sans masque sans que personne ne leur dise un mot, ça donne le ton de la manif
La loi, ils d’en tapent, ce qu’ils veulent c’est l’ordre
Honte aux pseudos gauchistes qui se sont rendus complices de ça#ManifPolicepic.twitter.com/wxQtqalFdj— Marcel (@realmarcel1) May 19, 2021
En réalité, il n’y avait pas que les RN pour récupérer le vote policier : toute la droite non nationale était là, et même des récupérateurs de gauche, enfin, de ce qu’on appelle la gauche aujourd’hui, loin, très loin des principes sociaux de Jaurès. RT France a listé les démagos de service :
Dans l’opposition, plusieurs parlementaires LR sont venus, comme le patron des sénateurs Bruno Retailleau, celui des députés Damien Abad, la vice-présidente de l’Assemblée Annie Genevard, le député Éric Ciotti et le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez. L’ex-LR Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et candidat à la présidentielle, a également participé. A gauche, le potentiel candidat EELV à la présidentielle Yannick Jadot était présent, ainsi que le premier secrétaire du PS Olivier Faure et la maire de Paris Anne Hidalgo. Au Rassemblement national, le numéro deux Jordan Bardella est venu « comme citoyen », sans faire de « récupération politique », a-t-il assuré.
Bref, rien de nouveau sous le soleil, à part que l’élection de 2022 va se jouer à droite, et que les policiers et militaires auront leur mot à dire. Du coup, Macron déplace son centre de gravité à droite (il n’a aucun principe ni aucune conviction, à part se maintenir au pouvoir), et il a déjà commencé à acheter les leaders de droite, un par un. Muselier est tombé dans sa muselière, et ce ne sera pas le dernier. L’appel de la gamelle est trop irrésistible !
Du côté des policiers, ébranlés par les policides des derniers temps, Éric Masson abattu par un dealer à Avignon, plus les policiers visés nommément par les racailles, on réclame ce qu’on réclame au gouvernement depuis toujours : du fric et des effectifs. Même son de cloche chez les soignants, qui n’ont rien obtenu, malgré leur sacrifice pendant la grippe wuhanaise. Tous se sont fait, ou se feront avoir par un exécutif qui n’a pas besoin d’une police forte, car les néolibéraux mondialistes ne règnent que par le chaos et la corruption. Autant dire que la droiture et la sécurité sont le cadet de leurs soucis.
J’apprends que @E_DupondM, ministre de la justice, pourrait se rendre à la manif’ pour saluer les policiers qui, rappelons le, se réunissent devant l’Assemblée Nationale avec @GDarmanin, pour dénoncer le laxisme de la justice et l’inaction du gouvernement. On touche le fond.
— Julia Courvoisier (@JuliaCourvoizzz) May 18, 2021
« Le problème de la police, c’est la justice », s’est par ailleurs insurgé un représentant d’Alliance, alors que le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti a indiqué qu’il envisageait de se rendre à la manifestation. La mention de son nom a été sifflée par plusieurs des participants. Il a fini par répondre dans l’hémicycle, lors des questions au gouvernement. « En tant que citoyen j’aurais pu me retrouver dans cette manifestation pour apporter mon soutien aux services de police, commence-t-il. Ce qui me semble en revanche dangereux pour notre démocratie, c’est que l’on oppose en permanence et à des fins électorales et donc avec un certain cynisme, la justice et la police. Les policiers, les magistrats de ce pays sont dans la même barque républicaine (…) J’affirme que sur le terrain magistrats et policiers travaillent ensemble. » (Le Parisien)
Et puis, la justice est aussi pauvre et mal foutue que la police, en France. Le riche pénaliste en charge des Sceaux a même osé dire que la justice n’était « pas laxiste », alors que le projet du pouvoir profond, qui l’a infiltrée jusqu’à l’os, est de l’affaiblir pour pouvoir continuer à régner sans dommages, et sans enquêtes trop poussées sur la corruption. Dupond a été logiquement sifflé. Mais des sifflets ne font pas une révolution.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation