Je me souviens d’une sortie en sciences religieuses à laquelle j’ai participé à l’université. Un confrère de mon baccalauréat en enseignement y participait aussi. On sortait d’une église chrétienne réformée et on s’est mis à jaser dans le bus :
– C’est beau le christianisme… Toi tu es chrétien, mais moi je ne pourrais jamais l’être.
– Ah bon pourquoi ?
– Parce que j’aime les gars.
– Et alors ?
– Eh bien… On ne peut pas avoir de sexe hors mariage.
– Bah, c’est vrai aussi pour ceux qui sont attirés par les femmes !
– Ah ouais… vu de même…
17 mai, c’est la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie. Dieu sait que j’ai horreur de ces journées thématiques où tout un chacun peut faire son prêchiprêcha et se donner en exemple de vertus.
Dieu sait aussi qu’on serait très mal placés, les chrétiens, pour s’ériger en modèles d’amour des personnes ayant des attirances homosexuelles ou une dysphorie de genre !
On serait en droit de s’attendre à ce que les disciples du Christ soient plus prompts à l’accueil et à l’« inclusion » qu’au jugement péremptoire.
Trop souvent, malheureusement, la foi déficiente des chrétiens a provoqué le rejet des personnes qui osaient s’affirmer hors des cadres traditionnels; combien de blessures familiales et sociales auraient pu être évitées si plus de bienveillance et d’écoute avaient été montrées.
Au-delà de l’inclusion
Devant ce triste historique, il est tout à fait légitime de désirer l’inclusion. Car, oui, les personnes qui se disent trans ou homosexuelles devraient être accueillies inconditionnellement, dans l’Église comme ailleurs.
Mais spécialement dans l’Église – et j’oserais dire surtout – alors qu’elle tient un discours qui ne correspond pas toujours à leurs aspirations. Parce qu’à l’inclusion, je préfère encore plus la communion, c’est-à-dire l’unité dans la diversité.
Non seulement j’aimerais que ces personnes soient accueillies dans mon Église, mais j’aimerais encore plus qu’on puisse s’aimer malgré nos désaccords, et qu’on puisse se les dire…
L’inclusion aujourd’hui fait partie de ces « belles valeurs », avec le respect et la tolérance, qui suscitent l’assentiment de tous, mais qui ne veulent plus rien dire. Elles finissent même souvent par ressembler à de l’indifférence : « Je t’inclus, je te respecte, je te tolère, et fais ce que tu veux, je m’en fous ».
Lui ou elle – ou peu importe le pronom – pourrait m’inviter à faire attention à mes relations, à mon corps, à mon cœur. Réciproquement, je pourrais le ou la reprendre de manière bienveillante si cette personne devenait avare ou piquait des crises de colère.
Et inversement.
Cette lecture d’exclusion-inclusion est simpliste, parce que nous sommes tous inclus dans une réalité et, par le fait même, exclus d’une autre : je n’ai pas fait le choix de naitre blanc et je serai pour toujours exclu de la communauté noire.
La notion d’inclusion suppose qu’il y ait une minorité et une majorité qui l’inclut à elle-même. Elle est aussi étouffante; étymologiquement, elle évoque le fait d’être enfermé « à l’intérieur de ».
Alors, de quoi les LGBTQ+ sont-ils exclus et dans quoi veut-on les enfermer ? La communion implique plutôt une union commune qui se créée dans la différence.
Quand la marge veut devenir la norme
J’irais même jusqu’à dire que je voudrais aimer les personnes homosexuelles et trans alors qu’elles feraient le choix de s’autoexclure.
J’ai écouté hier l’entrevue de Jean-François Guèvremont, alias Rita Baga, à TLMEP.
Je ne sais pas depuis combien de temps existe cette réalité des drag queens, mais je sais qu’elle est marginale. Pourquoi tant de personnes qui s’identifient à la communauté LGBTQ+ veulent-elles à tout prix que leur réalité soit normalisée, voire comprise par tous ? Comme si elles avaient besoin de la confirmation de la majorité pour exister.
Je connais des personnes homosexuelles qui ne veulent rien savoir du mariage et de la famille parce qu’elles ne veulent pas copier ou tendre vers le modèle traditionnel. De tous temps, les réalités marginales ont un rôle à jouer dans la société; ne serait-ce pas nier leur spécificité que de vouloir les ramener dans les normes ?
À l’inverse de certains chrétiens qui désirent convertir les « homos » en « hétéros » (ou encore tout simplement en chrétien), ou encore de ces « homos » qui veulent absolument que les chrétiens (ou le reste de la société) approuvent leur mode de vie, la communion peut exister là où on ne veut pas rendre l’autre comme soi.
Ne pas approuver certains actes ne veut pas dire condamner ou discriminer les personnes. De même qu’inclure ou tolérer ne veut pas dire aimer. Au Québec particulièrement, où nous avons une tendance à chercher l’uniformité et le consensus, le désaccord est facilement vécu comme une atteinte personnelle.
Nous aurions réellement besoin d’une bonne thérapie de conversation.
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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