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par Valery Mikhaïlov.
Hier soir, le tribunal Petcherski de Kiev a décidé d’assigner à résidence, à titre de mesure préventive, le chef du conseil politique du parti « Plateforme d’opposition – Pour la vie » (POPL), Viktor Medvedtchouk, soupçonné de haute trahison et de violation des lois et coutumes de la guerre concernant le « pillage des ressources nationales en territoire occupé ».
Les procureurs, qui ont présenté les documents de l’accusation au cours de la session du tribunal, avaient l’air étonnamment misérables. C’en est arrivé au point que le juge, spécialement sélectionné pour cette affaire, leur a adressé de nombreuses plaintes. Il semblait avoir compris que l’on voulait lui faire porter toute la responsabilité du spectacle de cirque qu’était devenu le procès, et qu’il laisserait donc le suspect partir n’importe où. Cependant, il n’a pas permis au gouvernement d’être complètement déshonoré : il a refusé la demande du procureur de placer Medvedtchouk en détention, avec l’alternative d’une caution énorme (selon les normes ukrainiennes, mais abordable pour un suspect) de 300 millions de hryvnia, et a ordonné qu’il soit placé en résidence surveillée.
Dans l’ensemble, le premier tour de la confrontation a été à l’avantage de Viktor Medvedtchouk. Les autorités vont certainement préparer une contre-attaque. Mais jusqu’à présent, les cas concoctés par les forces de l’ordre sont si faibles et parfois même anecdotiques, qu’il est difficile de croire à un quelconque succès. Bien sûr, Zelensky et Cie ont toujours la possibilité d’opter pour l’illégalité, ce qu’ils font régulièrement, par exemple en organisant des persécutions extrajudiciaires par le biais du Conseil de Sécurité nationale et de Défense (CSND). Mais dans le cas de Medvedtchouk, cet outil a déjà été utilisé – cet hiver. Ils doivent donc chercher autre chose. Pour l’instant, dans un contexte de mécontentement massif à l’égard des autorités, la persécution de Medvedtchouk fait plutôt grimper sa cote.
Deux jours avant la séance au tribunal, la procureure générale Irina Venediktova a publié une déclaration sur Facebook indiquant qu’elle avait signé « des avis d’accusation envers deux députés du Parlement ukrainien – M et K » et qu’elle était « arrivée à la conclusion qu’il fallait prendre la responsabilité d’informer ces « députés » de l’accusation. Les députés M et K sont donc soupçonnés de haute trahison et de tentative de pillage des ressources nationales en Crimée ukrainienne ».
Cette déclaration a été suivie d’une perquisition au domicile de Medvedtchouk.
Dans la soirée du 11 mai, un point de presse conjoint d’Irina Venediktova et d’Ivan Bakanov, le chef du SBU, a eu lieu au cours duquel les noms de Viktor Medvedtchouk et Taras Kozak ont été mentionnés. Le point de presse lui-même avait l’air plutôt pathétique. Les participants ont eu l’impression que la Procureure générale était surexcitée après les fêtes, tandis que le chef du SBU semblait n’avoir pas eu le temps de se remettre des effets de quelques drogues. Le contenu n’a pas non plus impressionné, étant dans l’ensemble limité à :
– La promulgation d’un nouvel enregistrement de conversations téléphoniques interceptées de Medvedtchouk (avec un degré d’authenticité peu clair) ;
– Accuser vaguement Medvedtchouk d’avoir remis des informations secrètes sur « le déploiement d’une unité militaire ukrainienne camouflée » à Kozak, qui se trouvait alors à Moscou, en 2020. Cela ressemble à une blague pure et simple dans le style de la série de celles de Stirlitz.
Même en mentionnant les articles de loi sous lesquels Medvedtchouk et Kozak sont accusés, Venediktova a réussi à faire une gaffe, en confondant leurs numéros. Une autre stupidité flagrante a été sa mention que les soupçons étaient la suite logique des sanctions du CSND précédemment imposées contre Medvedtchouk : le fait est que les sanctions ont été imposées pour « financement du terrorisme », alors que les accusations ne font aucune mention de cela.
Dès le 12 mai, il est apparu clairement que le point de presse avait pour but de pousser Viktor Medvedtchouk à quitter l’Ukraine en panique. Mais lui, au contraire, s’est présenté au bureau de a procureure générale, et la panique a frappé Venediktova, qui avait dit la veille que les forces de l’ordre avaient mené une enquête approfondie et qu’elle avait toute confiance dans l’affaire. Elle a d’abord refusé de recevoir le « suspect », puis elle a appelé le bureau du Président, et quand elle a accepté de le recevoir, elle ne lui a pas remis l’acte d’accusation – elle lui a seulement donné une copie à lire.
Lors de l’audience d’hier, l’accusation a révélé les détails des affaires incriminées.
L’essentiel était le soupçon du bureau du procureur que Medvedtchouk aurait aidé à réenregistrer en Russie la firme ukrainienne New Projects, propriétaire depuis 2012 du champ Gloubokoye sur le plateau de la mer Noire. Les enquêteurs ont affirmé que la société était affiliée à Medvedtchouk, qui a ainsi aidé la Russie à s’emparer du puits après l’annexion de la Crimée. Tant la haute trahison que le pillage des ressources nationales sur le territoire « occupé » sont « ficelés » par ce fait.
En fait, l’enquête n’a trouvé aucune preuve de pillage et de dommages, aucune preuve des accords passés par Medvedtchouk avec les autorités russes, et même aucune preuve d’une quelconque relation entre le suspect et la société New Projects. Le fait que le gisement soit situé sur le territoire d’un terrain d’entraînement militaire russe et, bien sûr, qu’il ne soit pas exploité, ajoute au côté anecdotique.
Une autre partie des soupçons concernait le transfert par Medvedtchouk à Taras Kozak de données sur la localisation de la Direction principale du renseignement, qui auraient ensuite été remises à des représentants des autorités russes compétentes. L’accusation n’a pas du tout pu confirmer ces soupçons, invoquant le caractère secret des données. Ce à quoi même le juge s’est indigné : « Est-ce que « la parole honnête du procureur » existe encore ? C’est-à-dire qu’il n’y a pas de preuve ».
Les mots du procureur, accusant Medvedtchouk de « s’opposer au cours politique de l’État », « les intérêts personnels sont plus élevés pour lui que la vie de l’État », et sa digression à rebondissements sur l’histoire de l’État ukrainien, l’ont littéralement fait pleurer (de rire).
Tout cela a été suivi non seulement par la présentation d’un dossier extrêmement mal construit, mais aussi par tout un tas d’irrégularités procédurales – à commencer par l’enregistrement de la procédure pénale par un organisme non autorisé et la date erronée à laquelle Medvedtchouk a reçu le statut de suspect – presque sans fin. L’opacité de l’enquête et du bureau du procureur a fait que ces violations se comptent par dizaines.
Cependant, il est clairement trop tôt pour que Viktor Medvedtchouk se détende, et pas seulement lui.
Il convient de noter que toutes ces actions ont eu lieu immédiatement après les vacances de mai et peu après le départ de Kiev du secrétaire d’État américain Anthony Blinken, qui, lors de sa visite, a déclaré qu’il était nécessaire de lutter contre certains « individus puissants poursuivant leurs propres objectifs » et faisant obstacle aux réformes. Cela semble impliquer que les nouvelles actions des autorités ukrainiennes à l’égard de Medvedtchouk ont été convenues avec les curateurs de Washington.
Et, très probablement, Washington a donné son feu vert non seulement pour persécuter Medvedtchouk, mais aussi pour écraser le seul parti parlementaire d’opposition par ce biais. Les États-Unis ont une bonne expérience de mise en place de « démocraties » dans les pays latino-américains dans les années 1970 et 1980 sous la forme de régimes fascistes, avec un nettoyage complet de la dissidence politique et une élimination simultanée des personnalités locales importantes sur le plan économique.
Il ne s’agit donc pas seulement de Medvedtchouk. S’ils « le mettent en prison » pour une affaire cousue de fil blanc de manière aussi flagrante, l’opposition politique en Ukraine sera complètement éradiquée. Et les prochains à être nettoyés seront les gros bonnets ukrainiens politiquement loyaux, mais toujours influents et autonomes.
Les récentes déclarations de Zelensky concernant la préparation d’une sorte de loi sur le statut des oligarques montrent clairement que cela pourrait se produire non pas dans un avenir lointain, mais très prochainement.
source : https://ria.ru
traduit par Christelle Néant pour Donbass Insider
via https://www.donbass-insider.com
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