Par Marc Rousset.
Les chiffres décevants de l’emploi américain ont paradoxalement retardé la perspective d’une hausse des taux d’intérêt à long terme, ce qui a permis au Dow Jones, au S&P 500 et au NASDAQ d’atteindre, ce vendredi, de nouveaux records. Le chiffre de l’emploi, en avril, est cependant effrayant sur le plan économique, puisque seulement 266.00 emplois ont été créés, alors que les analystes en attendaient plus d’un million ! Le taux de chômage a augmenté à 6,1 % quand les analystes le voyaient reculer à 5,8 %. Les républicains estiment que les aides au chômage du programme Biden ont fini par décourager la recherche d’emploi. Certains économistes prétendent que ce chiffre n’est pas représentatif et qu’en fait, l’économie repart d’une façon satisfaisante.
Les Bourses ont seulement retenu que le spectre d’une surchauffe et de l’inflation s’éloigne ; donc, pas de resserrement monétaire (tapering) et pas de hausse des taux à venir. Les taux d’intérêt à court terme proches de zéro, ce qu’ils sont depuis la crise du Covid-19, permettent en effet aux entreprises d’augmenter leurs bénéfices, ce qui est favorable au prix des actions.
On risque donc de se retrouver, en 2021, dans un monde où les gigantesques plans de relance financés par l’emprunt vont continuer de plus belle la fuite en avant de 2020, avec des liquidités monétaires (« QE ») des banques centrales qui continuent d’augmenter et de faibles taux d’intérêt de 0 à 0,25 %, tout ce qui sert à éviter l’effondrement systémique mais qui alimente aussi l’inflation. Joe Biden en a conclu que « l’économie américaine a encore un long chemin à parcourir » et qu’il fallait donc absolument investir encore 4.000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, dont plus de 2.000 milliards dans les infrastructures, pour créer des emplois.
En France, le Président Macron a évoqué « une grande concertation » dans les prochains mois pour inventer « un deuxième temps de relance » après les 100 milliards déjà annoncés, dont 40 en provenance de l’Union européenne. François Bayrou, haut-commissaire au Plan, plaide, lui, pour une reconquête de l’appareil productif «français» en empruntant 200 à 250 milliards d’euros. Un des problèmes, c’est que ces plans de relance peuvent provoquer de la stagflation dans les pays qui, comme la France, l’Angleterre et les États-Unis, produisent trop peu et importent trop de produits industriels en provenance de Chine et des pays émergents.
Aux États-Unis, la situation est d’autant plus complexe que, dans certains secteurs tels que le « fast-food », on ne trouve pas de personnel, ce qui peut contribuer à l’inflation par les coûts. Ce mardi, Janet Yellen, secrétaire d’État au Trésor, a effrayé les marchés en déclarant que les taux d’intérêt devaient augmenter un peu, pour éviter la surchauffe, avant de rétropédaler, suite aux réactions immédiates des Bourses. Jerome Powell a déclaré aux investisseurs qu’ils devaient s’attendre à ce que l’inflation dépasse 2 %, cette année, mais d’une façon temporaire ; le président de la Fed pourrait se trouver très vite dépassé par les événements. L’économiste américain Summers a pu dire, à ce sujet : « Il a peut-être raison, mais les présidents de la Fed qui ont le plus parlé des facteurs transitoires étaient ceux du milieu des années 70, et c’est à cette époque que l’inflation a accéléré très rapidement. » De combien, et pendant quelle durée, l’inflation va-t-elle dépasser, aux États-Unis, l’objectif de 2 % de la Fed ? Le cycle inflationniste n’est pas encore suffisamment avancé pour créer une panique institutionnelle, mais ce n’est qu’une question de temps.
Les prix des produits alimentaires augmentent partout dans le monde, selon la FAO (c’est ainsi que les riches ont commencé à faire payer les pauvres pour la crise sanitaire et commerciale NDÉ) : ceux du pétrole, du bois, du cuivre, du minerai de fer, du lithium, du nickel, du cobalt (folle transition énergétique bien trop rapide) grimpent en flèche tandis que nombre de secteurs industriels sont confrontés à des goulots d’étranglement dans les chaînes logistiques ou à la pénurie de puces électroniques. Stellantis n’a pas pu produire 190.000 véhicules au premier trimestre 2021.
L’Occident hyper-endetté, dont la France, se dirige vers l’inflation et, à terme, vers l’effondrement, mais les Bourses continuent de monter car les taux d’intérêt sont toujours bas et les politiques monétaires toujours aussi laxistes. Les particuliers allemands ont bien reçu le message et continuent d’accumuler non pas des Bitcoin mais de l’or ; ils possèdent, à eux seuls, presque 9.100 tonnes d’or, soit plus de 6 % des réserves mondiales d’or.
Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec