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par Pierre Duval.
En cas d’urgence, l’Otan veut pouvoir déplacer 50 000 soldats vers l’est en peu de temps. Les Etats-Unis, le Canada et la Norvège participent maintenant à l’expansion. Washington renonce à un rôle de leadership ici, mais a également d’autres intérêts.
Les débats ont duré des mois, entre l’Allemagne et la France. Berlin a pris le dessus. Il s’agissait de questions fondamentales qui ont ému et divisé les Européens pendant des années. Le quotidien allemand Die Welt, largement proche du gouvernement allemand et de l’Otan se demande dans quelle mesure l’UE devrait-elle être indépendante pour défendre sa sécurité, sa stabilité et sa liberté? Dans quelle mesure l’UE souhaite-t-elle s’appuyer sur l’Otan et les Américains pour sa défense?
«Lors de la réunion des ministres de la Défense de l’UE, nous ferons des progrès décisifs dans la coopération entre l’Otan et l’UE. A partir de ce jeudi, les partenaires de l’Otan, les Etats-Unis, le Canada et la Norvège, seront également impliqués dans le projet clé de l’UE sur la mobilité militaire», a déclaré la ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer (CDU). En conséquence, les Américains participent désormais au projet de création d’une union européenne de la Défense. A l’avenir, Washington sera directement impliqué dans la politique de sécurité européenne. C’est une étape importante qui peut avoir des effets considérables sur le partenariat transatlantique.
Selon la décision des ministres, Washington participera à un projet de plusieurs milliards de dollars visant à améliorer le transport transfrontalier de troupes et de matériel en Europe dans le cadre de l’initiative de défense de l’UE Coopération structurée permanente (Pesco). Cela semble très technique, mais c’est un projet central de la politique de sécurité européenne. L’objectif est de faciliter le transport de troupes et de matériel en Europe en investissant des milliards dans les ponts, les routes et le trafic ferroviaire, ce qui comprend également la réduction de la bureaucratie intergouvernementale impliquée dans l’octroi des permis de transit.
«Notre infrastructure détermine à quel point les forces armées européennes peuvent être agiles, flexibles et capables. C’est une contribution décisive à la sécurité commune de tous les Européens», a déclaré Annegret Kramp-Karrenbauer en rajoutant: «Surtout pour l’Allemagne au centre de l’Europe, la relocalisation rapide et sans heurts des troupes, du matériel et de l’équipement à travers notre continent est d’un intérêt particulier. Il renforce notre rôle de plaque tournante logistique dans la défense nationale et de l’Alliance sur laquelle s’appuient nos alliés et partenaires».
Processus remarquable. L’automne dernier, l’Allemagne est parvenue, sous la direction de Annegret Kramp-Karrenbauer, à un accord selon lequel les pays tiers devraient également pouvoir participer à Pesco à l’avenir. En quelques semaines, trois pays ont alors manifesté leur intérêt. Ils ont demandé leur adhésion fin février 2021. De hauts diplomates européens soulignent que ce processus est «remarquable» car les Américains se sont déclarés prêts à participer à un grand projet militaire dans lequel Washington ne joue pas le rôle de premier plan.
Pourquoi les Américains s’impliquent-ils? Il y a plusieurs raisons à cela, explique Die Welt. Le gouvernement américain dirigé par Joe Biden veut relancer le partenariat transatlantique avec des projets spécifiques et resserrer encore plus les liens entre l’UE et l’Otan. Après tout, 24 pays de l’UE font également partie de l’Alliance atlantique. L’intégration des trois alliés importants, la Norvège, le Canada et l’Amérique, profiterait à l’ensemble de la coopération UE-Otan», explique David McAllister (CDU), chef de la commission des Affaires étrangères au Parlement européen. Des structures politiques de sécurité seraient mises en place pour renforcer la coopération transatlantique. «Il s’agit de renforcer le pilier européen de l’Otan», a-t il déclaré. En effet, ce dernier a publié sur son compte Twitter le 6 mai: «Les Etats-Unis, le Canada, la Norvège ont officiellement demandé à rejoindre le projet Pesco concernant la mobilité militaire. Je serais très heureux que le ministre de la Défense de l’UE donne son feu vert lors de la réunion du Conseil d’aujourd’hui».
Mais les Américains ont aussi des intérêts financiers. Les marchés européens des équipements de défense d’un milliard de dollars doivent être redistribués à l’avenir, selon la volonté de Bruxelles. Washington veut donc avoir un pied dans la porte dans les grandes instances de l’UE et être informé en temps utile des projets lucratifs afin d’obtenir une part du gâteau. Mais, il y a une autre raison pour laquelle les Américains, en particulier, sont si déterminés à construire des routes et des ponts en Europe sous la direction européenne: améliorer la dissuasion militaire et la défense contre l’agresseur aux portes de l’Otan, à savoir la Russie. Au Pentagone, bien sûr, on connaît la phrase du manuel des stratèges militaires: si vous voulez être crédible, vous devez être capable de déplacer les troupes plus vite que l’ennemi.
Les routes et les rails manquent. Dans l’intervalle, l’Otan s’efforce de pouvoir déplacer 50 000 hommes pour la défense dans les Etats baltes en un mois en cas d’urgence. Cependant, cela ne fonctionne que si tous les rouages s’emboîtent et que l’infrastructure appropriée est en place.
Une étude menée par les deux anciens généraux, Heinrich Brauß et Ben Hodges, montre à quel point cela est nécessaire. Dans une nouvelle étude pour le groupe de réflexion CEPA basé à Washington, vous parvenez à la conclusion qu’en cas de conflit militaire avec la Russie, les transports de troupes de l’Otan depuis le port norvégien d’Oslo via la Suède et la mer Baltique vers l’Estonie pourraient entraîner des retards allant jusqu’à quatre semaines, uniquement parce que la Suède a trop peu de routes et de rails. C’est là que les intérêts de l’UE et de l’Otan se rencontrent: les transports rapides de troupes sont importants pour les deux organisations afin de garantir la sécurité de tous les alliés, explique Die Welt.
La France continue de considérer la nouvelle coopération militaire entre l’UE et Washington avec scepticisme, mais finalement le gouvernement de Paris a accepté, faisant comprendre que Berlin mène la danse alors que la France a des atouts colossaux pour réaliser une vraie armée européenne et non dépendante de l’Otan.
source : https://www.observateurcontinental.fr
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