L’hommage de Haaretz aux Palestiniens de Jérusalem, ‘résistants’ face au ‘fascisme’ et au ‘nettoyage ethnique’

L’hommage de Haaretz aux Palestiniens de Jérusalem, ‘résistants’ face au ‘fascisme’ et au ‘nettoyage ethnique’

Merci, résidents d’Al-Quds !

Par Odeh Bisharat

Source : Haaretz, 9 mai 2021

Traduction : lecridespeuples.fr

[Note du Cri des Peuples : cet article ne représente malheureusement qu’une frange insignifiante de l’opinion israélienne, et ce n’est même pas un éditorial de Haaretz, mais méritait d’être traduit. Il a été traduit la veille de la guerre, et on peut être sûr qu’il n’aurait pas été publié le lendemain. En 2006, Haaretz avait pleinement soutenu la guerre au Liban, encourageant dans un éditorial l’armée à ne pas aller au cessez-le-feu avant d’être parvenu au fleuve Litani].

Quand l’actualité sera un passé lointain gravé dans les livres d’histoire, les historiens écriront que le fascisme a été tenu en échec en Israël grâce à la position inébranlable des habitants de Jérusalem-Est. Dans une vidéo devenue virale, Suleiman Maswadeh, journaliste à la chaîne 11 israélienne, a demandé à une jeune colon si elle s’identifiait aux slogans « Mort aux Arabes » et « Nous brûlerons leur village » ; elle a répondu qu’elle préférait s’exprimer de manière polie et modérée, mais quand Maswadeh a insisté, elle a répondu simplement que les Arabes doivent quitter le village pour que les Juifs puissent s’y installer.

Les remarques de cette jeune colon ne font guère réagir le journaliste militaire vétéran Ron Ben-Yishai, et son savant commentaire sur Ynet, allez savoir pourquoi, ne fait même pas référence au nettoyage ethnique croissant qui se propage lentement à travers Sheikh Jarrah. Pas un mot sur les résidents qui ont subi la déportation massive en 1948, ni sur le spectre de la deuxième déportation qui plane actuellement sur eux.

Au contraire, Ben-Yishai loue le miracle de la manière « mesurée et raisonnable » avec laquelle la police gère les incidents à Jérusalem, et poursuit placidement en ajoutant que plus de 200 Palestiniens ont été blessés, que 300 policiers ont envahi l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa et qu’ils ont tiré une cartouche de gaz lacrymogène à l’intérieur. Naturellement, vous n’entendrez pas le journaliste prononcer un mot sur les abus persistants à l’encontre des habitants des quartiers arabes de Jérusalem, ni un mot sur les points de contrôle mis en place à Bab al-Amud (porte de Damas). Ben-Yishai épargne à ses lecteurs le mal de tête de la « marche de l’horreur » du groupe extrémiste juif Lehava, les cris de « Mort aux Arabes » et les provocations d’Itamar Ben-Gvir, chef du parti religieux Otzma Yehudit (Force juive).

Voir Les leçons à tirer des élections israéliennes

Alors pourquoi est-ce que je remercie les habitants de Jérusalem-Est ? Parce qu’ils se battent la tête haute. Ce n’est pas quelque chose qui doit être tenu pour acquis ou allant de soi : une ville assiégée par une occupation et des checkpoints, avec des habitants qui subissent des abus constants de la part d’extrémistes messianiques, et qui pourtant ne cèdent pas et ripostent de manière épique à ces racistes… Chaque chant raciste reçoit une réponse décuplée, et en même temps, ces Palestiniens résistent courageusement à l’oppression policière. Cela ne doit pas être tenu pour acquis. Chaque jeune homme là-bas est un mur contre le fascisme, chaque jeune femme qui marche la tête haute dans les ruelles de la vieille ville est une lueur d’espoir contre les forces des ténèbres.

Dans les livres d’histoire, nous lisons que les gens qui ont vécu pendant les attaques des fascistes restaient enfermés dans leurs maisons, rideaux tirés, alors que les fascistes régnaient dans les rues avec le soutien de la police. Mais à Jérusalem-Est, ce n’est pas le cas. Et c’est important pour les démocrates en Israël parce que chaque victoire des fascistes augmente leur appétit pour continuer leur campagne contre les « traîtres » au sein de la société israélienne. Les héros de Jérusalem-Est sont la barrière la plus importante contre les fascistes, qui ont déjà commencé le travail « à l’intérieur ».

Nous avons vu les bourgeons du fascisme commencer à fleurir dans les attaques contre les manifestations de la rue Balfour et contre les gens à tous les intersections et ponts, manifestant contre le maintien du régime de Netanyahou.

Imaginez Benzi Gopstein (fondateur de Lehava) et Ben-Gvir, patrouillant dans les rues de Tel Aviv, après un nettoyage ethnique, Dieu nous en préserve, perpétré ici ou là. Le simple fait d’y penser devrait faire sortir chaque démocrate juif de sa complaisance. Ils doivent retrousser leurs manches et se tenir aux côtés des habitants de Sheikh Jarrah.

Voir ‘Mort aux Arabes’ : ces pogroms israéliens dont les médias ne parlent jamais

A cette occasion, il est important pour moi de dire quelques mots sur le post provocateur présumé du Premier ministre Yair Lapid, dans lequel il a exprimé son soutien aux forces de police qui ont fait des centaines de victimes au sein de la communauté palestinienne : en son temps, le gouvernement de Yitzhak Rabin comptait sur le soutien extérieur des factions Hadash et Ra’am, le soi-disant bloc préventif. Mais lorsque son gouvernement a soumis au vote la résolution de créer un quartier à Jabal Abu Ghneim (Har Homa), ces deux factions se sont opposées à la résolution et ont conduit à son échec.

Voir Israël est un État à parti unique (et Sharon fut le dernier des Rois d’Israël)

Face au nouveau gouvernement, quand il sera finalement formé –et il est important qu’il le soit pour mettre fin au règne de Netanyahou– se trouve une nouvelle équation : toute bonne décision doit être soutenue, et toute mauvaise décision doit être combattue.

Voir Norman Finkelstein : Netanyahou est un raciste et un suprématiste juif, à l’image d’Israël

Telle est la valeur ajoutée du bloc préventif : il fait obstacle au Likoud et à Ben-Gvir, et fait également obstacle aux propositions néfastes. La Liste commune n’a pas à changer son ADN pour être acceptable pour Lapid et Naftali Bennett. De plus, elle n’a pas besoin d’un certificat d’approbation des rabbins les plus puissants et non éclairés du pays.

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« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

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