Dans cette vidéo je voudrais revenir sur un aspect largement oublié aujourd’hui de la construction européenne.
"L’Union européenne, une nouvelle URSS ?" est un livre de Vladimir Boukovsky, dissident soviétique, sorti en 2005.
Invité à Moscou en 1992 pour le procès du PCUS, Boukovski eut accès à un très grand nombre de documents des archives soviétiques montrant la collusion de l’URSS et des socialistes et communistes d’Europe de l’Ouest pour la construction européenne.
26 mars 1987 : le politburo du comité central du parti soviétique s’est réuni pour redéfinir sa politique vis-à-vis de l’Europe.
Gorbatchev l’a résumé d’une expression glaciale : « Etrangler en étreignant. »
Evidemment, l’expression est réservée aux cercles intimes du parti, pour les occidentaux, le concept mis en avant sera « la maison commune européenne ».
Bientôt connu dans le monde entier, cette politique fut la nouvelle priorité absolu, Gorbatchev allant jusqu’à lui subordonner la prise de n’importe quelle autre décision de l’Union soviétique.
Janvier 1986, Alessandro Natta, secrétaire générale du parti communiste italien, se rend à Moscou voir Gorbatchev :
« Nous sommes nés et nous nous battons pour le socialisme en Europe de l’Ouest.
Les sociaux-démocrates allemands, les travaillistes britanniques, les communistes français rencontrent également de grands problèmes qui résultent du progrès scientifique et technologique, de l’écroulement de l’état providence et de la montée du chômage.
Les solutions progressistes dans la sphère sociale doivent entrer dans un cadre européen.
La création du marché unique est prévue pour 1992. Cela va signifier l’érosion de toutes les frontières nationales : géographiques, fiscales, économiques.
Cela conduira à la création d’une monnaie européenne unique, d’une banque centrale européenne.
Le processus sera complexe et provoquera inévitablement des conflits entre des opinions différentes. La gauche a une chance de succès. »
Le 26 novembre 1988, François Mitterrand se rend à Moscou rencontrer Gorbatchev :
« La construction d’une maison commune européenne est une grande idée. Je considère personnellement la réalisation de cette idée comme ma première priorité.
L’Europe unie dans la structure de la CEE n’est que le premier pas vers le véritable objectif qu’il nous faudra beaucoup de temps pour atteindre – vingt-cinq, cinquante ans ou peut-être même le siècle entier. Le véritable objectif est l’Europe tout entière. »
En mai 1988, Hans Jochen Vogel, président du SPD se rend à Moscou. Voici le compte rendu donné dans les archives soviétiques:
« La perestroïka a levé beaucoup d’obstacles sur la route de la coopération entre les forces de gauche…
Un moment décisif va bientôt arriver avec la création, en 1992, du marché unique, en voulant parler de la nécessité pour l’Europe de renforcer son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. »
Le 23 août 1988, le député britannique Ken Livingstone, élu maire de Londres en 2000, rencontra Vadim Zagladine, conseiller de Gorbatchev pour les affaires ouest-européennes:
« Les difficultés économiques de l’Europe occidentale stimulent le processus de délimitation politique entre elle et les Etats-Unis.
Le processus d’unification politique de l’Europe de l’Ouest va s’accélérer…
Il y a de très grandes possibilités de développer des contacts économiques mutuellement profitables et des contacts politiques intensifs entre l’Europe occidentale et l’Union soviétique. Une chose seulement est importante – se servir efficacement de ces possibilités. »
Le 3 mars 1989, Ordonez, ministre espagnol du gouvernement socialiste de Felipe Gonzales s’entretient avec Gorbatchev :
« Le succès de la perestroïka ne signifie qu’une chose : le succès de la révolution socialiste dans les conditions actuelles. »
Le 26 octobre 1990, lorsque Gorbatchev se rend à Madrid, le chef du gouvernement socialiste Gonzalez lui explique :
« Depuis que nous sommes arrivés au pouvoir, j’ai dû lutter avec mes camarades du parti pour leur faire comprendre que l’économie de marché est le meilleur instrument pour accomplir nos buts principaux.
Rien que le meilleur instrument, pas un but en soi."
Lorsque Zagladine a rencontré Henri Froment-Meurice, ancien ambassadeur de France en URSS, ce dernier a dissipé ses craintes :
« Mon interlocuteur m’a assuré que personne à l’Ouest ne songe à une militarisation, c’est plutôt le contraire.
Lorsque j’ai objecté que la plupart des membres de la CEE font partie des structures militaires de l’OTAN, mon interlocuteur a tressailli et m’a répondu : « de toute façon l’Europe veut avoir sa propre politique de défense et nous discuterons avec vous des problèmes y afférents. »
Avant d’ajouter : « nous ne devons pas « vendre de manière excessive » l’idée de la maison commune européenne, nous ne devons pas effrayer les européens… »
Source : Lire l'article complet par Carrefours du monde
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