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Les traitements journalistes injurieux et condescendants des médias envers les manifestations de dissidence sont l’occasion de questionner les stéréotypes qui les animent, en partant de l’expérience personnelle de l’auteur du présent article.
par Gabriel Lacoste.
Samedi le 1er mai 2021, 30 000 personnes ont manifesté à Montréal contre les restrictions sanitaires. Le lendemain, des millions de Québécois ont ouvert le journal ou écouté les informations à la télévision pour s’en faire une opinion. Ils sont tombés sur une série de portraits caricaturaux de cette dissidence.
Sous une plume remplie d’insultes, Richard Martineau décrit les opposants comme des imbéciles qui se refusent à comprendre des évidences, soit parce qu’ils sont très égoïstes, soit parce qu’ils veulent que le virus circule davantage. Dans sa tête, il suffit de lire les dernières nouvelles sur l’Inde pour comprendre l’importance d’obéir au gouvernement. Même un enfant de 5 ans le comprend.
Sur un ton un peu plus raffiné, Patrick Lagacé affirme que la dissidence est généralement composée de nazis en puissance désormais incapables de raisonner, car passionnément désireux de faire partie d’un groupe, à la manière d’une secte. De plus, ce sont des imbéciles qui préfèrent croire le docteur Didier Raoult avec sa blouse blanche plutôt qu’un article dans The Lancet.
Il y a aussi eu de nombreux récits d’intimidation envers ceux qui soutiennent les mesures provenant de ces opposants, les dépeignant donc comme une foule stupide, violente et dangereuse.
Comment je suis devenu dissident
Ma propre histoire contredit cette caricature.
Lorsque cette pandémie a été déclarée par l’Organisation mondiale de la Santé, j’ai vu circuler sur mon fil d’actualités les prédictions de Neil Ferguson et de l’Imperial College, qui évaluaient à deux millions et demi le nombre de morts aux États-Unis s’il n’y avait pas de confinement strict. Ma première réaction a été d’y croire et de soutenir les mesures.
Deux événements sont venus changer ma perception.
Premièrement, j’ai lu un article de Reason Magazine mentionnant le cas du bateau de croisière Diamond Princess, dont les données indiquaient que les taux de mortalité utilisés par le modèle de Neil Ferguson étaient largement surestimés. J’ai donc fait une recherche supplémentaire sur l’auteur cité par cet article, John Ioannidis.
Deuxièmement, trois semaines après la déclaration de la « pandémie », nous avons eu un cluster sur mon lieu de travail. Cet incident a fait l’objet d’une couverture médiatique. Pour vous mettre dans le contexte, je travaille dans un centre d’hébergement pour personnes à risque d’itinérance.
Dans les plans du gouvernement, nous sommes traités comme autant à risque qu’une maison de retraite. J’occupais donc alors une position privilégiée pour observer comment les autorités intervenaient durant la crise auprès des populations les plus vulnérables.
Ce dont j’ai été témoin m’a choqué profondément. En tant qu’administrateur, pour répondre aux ordres de la santé publique, j’ai dû organiser un système de surveillance et de contrôle pour confiner dans de petites chambres individuelles, et pendant plus d’un mois, une soixantaine d’individus, avec un système d’escorte pour aller aux toilettes. Je devais quotidiennement composer avec la souffrance que j’imposais à ces gens et leur incompréhension des raisons d’agir ainsi.
Nombreux sont les employés qui ont démissionné ou été en congé maladie. Puis les résidents ont carrément préféré aller vivre dans la rue.
Après ces deux évènements combinés, j’ai passé de plus en plus de temps à utiliser le moteur de recherche Google Scholar pour m’informer de ce que dit vraiment la science.
J’ai suivi les activités des chercheurs signataires de la « Great Barrington Declaration ». J’ai écouté les podcasts critiques de Tom Wood et les analyses statistiques de Ivor Cummins. J’ai régulièrement cherché sur le site « World of Data » des données comparatives entre pays pour tester différentes hypothèses (ici et ici).
Plus je faisais ces recherches, plus j’étais opposé aux restrictions et plus la couverture qu’en faisaient les journalistes m’inspirait du mépris et de la colère. C’est alors que j’ai pris la décision de partager mes réflexions avec Contrepoints et donc avec vous.
Comment la caricature de la dissidence par les médias est trompeuse
Selon Socrate, le début de la sagesse commence avec le conseil « connais-toi toi-même ». Lorsque je lis Richard Martineau et Patrick Lagacé sur la dissidence, je suis dans une étonnante position. Il suffit de me regarder dans le miroir pour vérifier si ce qu’ils disent est vrai.
Ils prétendent que nous sommes des imbéciles qui réfléchissent peu, puis qui s’informent sur YouTube. Pourtant, j’utilise mes compétences de deuxième cycle universitaire pour trouver les études-clés des chercheurs. Je lis leur méthodologie et les évalue à la lumière de ce que j’ai appris lors de mes cours d’épistémologie ou de méthodologie de la recherche scientifique. J’imagine des moyens de tester des hypothèses en consultant les bases de données disponibles au grand public.
Sincèrement, lorsque je me regarde dans le miroir, puis me compare à Patrick Lagacé et Richard Martineau, j’en conclus qu’ils sont beaucoup moins réfléchis et informés que moi. Le fait qu’ils ignorent l’existence de dissidents comme moi est la preuve de leur profonde ignorance.
Richard Martineau prétend que nous sommes égoïstes. Pourtant, c’est la souffrance que j’ai été obligé d’imposer à des personnes vulnérables qui m’a motivé à entrer en dissidence et non mon propre intérêt. Ici aussi, lorsque je me regarde dans le miroir et me compare à lui, la conclusion est évidente.
D’un côté, il y a un homme qui gagne bien sa vie à nourrir des préjugés sur les autres pendant la crise dans un journal à sensation, en n’hésitant pas à multiplier le langage ordurier envers de larges portions de la population.
De l’autre, il y a quelqu’un qui travaille directement à prévenir l’itinérance, qui voit de ses yeux les conséquences du confinement et qui en est troublé.
Formez votre propre jugement…
Patrick Lagacé insinue que la dissidence est constituée de nazis en puissance, en utilisant les termes subtils de « négationnistes » et de « chemises brunes » pour les décrire. Il affirme aussi qu’ils sont motivés par un désir d’appartenance au groupe. Lorsque je me regarde dans le miroir, ce n’est pas ce que je vois.
Personnellement, je prends le risque de perdre des amis en m’exprimant aussi fortement contre les restrictions sanitaires. En fait, j’en ai vu quitté mon profil Facebook.
Sinon, je vous le demande : de moi ou de Patrick Lagacé, lequel aurait le plus de chance de suivre les nazis durant les années trente ? Quelqu’un comme moi, qui défend en public des libertés individuelles tant controversées ou quelqu’un comme lui, qui flatte les autorités dans le sens du poil pour s’assurer les bonnes grâces de son lectorat ? Qui de moi ou de lui aurait le plus de chance de résumer le visage de la dissidence ? Qui ressent le besoin de chiffrer le nombre de personnes qui sont d’accord avec lui pour se faire une opinion ? Poser ces questions, c’est y répondre…
Suis-je une exception ?
J’imagine déjà une réponse toute faite à mon argumentation : je suis une exception. La majorité des dissidents ressemble à la caricature qu’en font Richard Martineau et Patrick Lagacé.
La réalité c’est que ni vous ni eux n’en savez rien. Vous choisissez le visage de la dissidence qui plait à votre vision du monde avant même d’en avoir fait la moindre étude rigoureuse.
À ce titre, je mentionne au passage l’explosion de vidéos sur YouTube de gens qui dansent en public sur la chanson de HK et les Saltimbank, dans différentes langues. En voici quelques passages :
« Nous sommes des oiseaux de passage, jamais dociles ni vraiment sages. Nous ne faisons pas allégeance, à l’aube en toutes circonstances. Nous venons briser le silence. Et quand le soir à la télé, monsieur le bon roi a parlé, venu annoncer la sentence, nous faisons preuve d’irrévérence, mais toujours avec élégance. […] Chaque mesure autoritaire, chaque relent sécuritaire, voit s’envoler notre confiance. Ils font preuve de tant d’insistance, pour confiner notre conscience. Nous on veut continuer à danser encore, voir nos pensées enlacer nos corps… »
Il s’agit là d’un autre visage de la dissidence qui diffère de la caricature. Ce sont des artistes et des bons vivants qui ont vu leur existence chamboulée par les mesures relatives au domaine de la culture, puis qui expriment leur opposition « avec élégance ». Des exceptions aux stéréotypes, il y en a, et elles sont nombreuses.
Et même si nous n’étions qu’une exception, c’est une erreur d’accorder davantage d’importance aux points communs qui confortent des préjugés qu’aux détails qui les contredisent. Ne pas médiatiser des dissidents comme nous, c’est un choix.
Peut-être que les historiens du futur les désigneront eux et non pas nous comme étant les fascistes de notre époque. Peut-être que ce texte sera classé dans la même famille de discours que celui de ce héros du film de « V for Vendetta ». On verra.
« Ne soyons pas impressionnables, par tous ces gens déraisonnables, vendeurs de peur en abondance, angoissants jusqu’à l’indécence. Sachons les tenir à distance. » – HK et les Saltimbanks, « Danser encore ».
source : https://www.contrepoints.org
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