Macron a peur

C’est l’avocat Patrice Spinosi qui, s’exprimant le 12 janvier 2019 sur l’antenne de France Culture, en a tiré cette déduction.

Passionnante interview qu’a donné cet avocat dans la matinale de France Culture, ce samedi 12 janvier

Quand, sur les ordres de la présidence, le pouvoir décide de durcir les ordres donnés à la police, via le 1er ministre, et bien sûr, via le ministre de l’intérieur, c’est, pour l’avocat, le signe évident d’un pouvoir qui tremble.

Il s’agit aussi de durcir la loi, voire d’en instaurer une autre, ce qui est pour Patrice Spinosi totalement inutile, car l’arsenal des lois est selon lui « totalement suffisant, et d’autre part, répondre à l’inquiétude par une loi est inefficace car la loi prends du temps, et la réponse doit être immédiate », et de plus ces mesures seront « attentatoires à la liberté de manifester ».

Entre parenthèses, on a peut-être oublié qu’en mai 2016 Marine Le Pen souhaitait l’interdiction des manifestations : il s’agissait alors de se mobiliser contre la « loi travail », (lien) …ce qui n’est pas surprenant pour celle qui refuse aussi l’augmentation du smic. lien

Mais revenons à l’interview de Spinosi : « être fort, ce n’est pas forcément faire de la répression ni être sévère, cela démontre qu’on a peur, quelqu’un de fort, c’est quelqu’un capable de gérer les choses, de pardonner, d’expliquer les choses. La sévérité et la répression dont fait preuve le gouvernement démontre l’état de faiblesse dans lequel il est, et si il était fort, il n’aurait pas besoin de faire l’usage de la loi, et de méconnaître les libertés fondamentales des citoyens ».

Et l’avocat de conclure : « la loi ne peut pas tout, il y a des choses au-dessus de la loi comme la constitution, les conventions des droits, Si on perd ces éléments, on perd ce qui fait nos démocraties et ce qui a permis à nos démocraties de résister à l’oppression et à la violence ». lien

Et quand un humain a peur, il a tendance à faire un peu n’importe quoi...lien

Et quand cet humain dirige un pays, les conséquences sont encore plus graves…

Ainsi, certains mauvais bruits courent : on pouvait lire dans l’Hebdo « Marianne » qu’Emmanuel Macron aurait décidé, en toute dernière extrémité, d’utiliser une poudre paralysante, laquelle pourrait neutraliser une manifestation de la taille d’un terrain de football.

Les blindés utilisés récemment seraient pourvus de ce dispositif. lien

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Le témoignage de Pierre Jovanovic à écouter ici confirme cette information.

Ce gaz, au-delà de pouvoir paralyser les manifestants, pourrait provoquer la cécité.

C’est aussi à mettre en relation avec d’autres déclarations, notamment, celle de Luc Ferry, qui appelle à tirer sur les Gilets Jaunes, en utilisant des fusils d’assaut pour mettre un terme « au désordre », ajoutant sans complexe: «On a, je crois, la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies»lien

Profitons-en pour rappeler que nous devons à Bernard Cazeneuve, l’ex ministre de l’intérieur d’avoir équipé gendarmes et policiers de fusils d’assaut. lien

Or, au cours des 6 premiers mois de l’année 201719 tirs de fusils d’assaut ont été répertoriés par la police des polices, constatant que sur ces 19 tirs18 étaient accidentels.

L’avocat Yves Mahiu, à l’époque président de la Conférence des Bâtonniers, s’inquiétait à juste titre : « on a donné aux policiers des armes dont ils ne savent même pas se servir ».

C’est préoccupant, car le fusil d’assaut HK G36 qui équipe les policiers de la BAC, est capable de tirer 750 balles à la minute… lien

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Macron a peur, c’est entendu, mais Castaner a-t-il lui aussi peur ?

C’est la question que l’on peut se poser si l’on écoute les propos de nombreux gens du voyage, qui ont vu d’un très mauvais œil l’incarcération d’un des leurs, Christophe Dettinger, un ancien champion de boxe, lequel, pour protéger son épouse, gazée par les gendarmes, est entré dans la danse, et à mis en échec proprement et sûrement quelques gendarmes suréquipés. lien

Ces gens du voyage ont menacé purement et simplement le ministre de l’intérieur en lui affirmant : « on va venir te chercher »… lien

Aux dernières nouvelles, le gouvernement aurait négocié avec les gitans pour qu’ils ne viennent pas se mêler aux manifestations. lien

En tout cas, il n’y a pas si longtemps, le ministre se disait inquiet, sa famille et sa maison de Forcalquier aurait été menacée le 23 novembre dernier. lien

Laissons ces élus à leurs errements, car comment pourraient-ils être surpris par la réaction de ceux qu’ils n’ont cessé de martyriser ?…et intéressons-nous à la sociologie des gilets jaunes.

Au-delà de ceux qui ont rejeté en bloc le mouvement, le qualifiant de populiste, de désordonné, voire de poujadiste, comme pour se débarrasser d’un mouvement dont ils n’ont pas compris le fond, d’autres sociologues ont décrypté, parfois habilement, la personnalité du mouvement, qui s’est d’abord emparé de cette couleur jaune fluo, y voyant comme un signe, venant d’une grande partie de la population qui se sent la « grande oubliée de la République », comme s’il s’agissait d’une France invisible, corvéable et taxable à merci, silencieuse parce qu’elle n’avait pas la parole.

Les GJ ont bien compris qu’ils ne bénéficiaient ni de la libéralisation, ni de la redistribution, réalisant qu’ils n’intéressaient les politiques qu’au moment des élections.

Ils ont aussi constaté la désertification sociale de leur territoire, les structures administratives étant toujours plus éloignées, ou disparaissant tout simplement des petites villes et villages, à l’exemple des bureaux de poste, les gouvernements successifs les poussant donc à fuir leur territoire abandonnés pour rejoindre les grandes métropoles.

En arborant courageusement leurs gilets jaunes fluo, ils ont assumé leur existence, voulu se rendre visibles, et en se rejoignant autour des ronds point, ils ont cessé de tourner en rond, mais se sont rencontrés, découvrant leurs convergences, peaufinant leurs logiques revendications. lien

La « lettre aux français » n’y changera pas grand-chose, car une grande majorité de français semble bien avoir compris le sens de la manœuvre.

Sous prétexte d’ouvrir le débat, elle le cadre et donc le ferme, car quand un débat est verrouillé, ce n’est plus un débat, mais juste une tentative supplémentaire d’enfumage.

Macron prétend parler aux français, avec une pseudo bienveillance, mais, avec beaucoup de duplicité, il a écarté les questions qui tuent, tout en affirmant qu’elles étaient ouvertes.

Il évoque la possibilité de réduire les inégalités, mais interdit par exemple que l’on touche à l’ISF.

Finalement, au-delà des bons sentiments, des mots qui veulent séduire, seuls les actes comptent.

Et les actes, ce sont les atrocités commises sur le peuple lorsqu’il décide de descendre dans la rue, et la liste des morts et des éclopés ne cesse de s’allonger : que dire de ce père pacifique tabassé par une escouade de flics, malgré les hurlements de sa fille ? lien

Ou de ce jeune homme, frappé en pleine tête par un tir de flash-ball, et aujourd’hui dans le coma ? lien

Alors finalement, la réponse des français sera donnée samedi prochain : si les gilets jaunes enlèvent gentiment leurs gilets pour se rendre en mairie afin de remplir le « cahier de doléance », c’est que Macron aura réussi son pari…s’ils n’y vont pas, et continuent de manifester, le président saura à quoi s’en tenir.

Le pire dans cette situation, c’est que le président est seul, entouré seulement de conseillers, conseillers qu’il n’écoute pas.

C’est en tout cas ce qu’ils ont déclaré récemment, et un à un, ils quittent le navire.

Stéphane Séjourné a été l’un des premiers, tout comme Sylvain Fort, directeur de la communication, et d’autres, comme Ismaël Emelien, ou Alexis Kohler pourraient être les suivants sur la liste. lien

Quant à ses ministres, il suffit d’un peu de mémoire pour savoir ce dont il en retourne.

Gérard Darmanin ne disait-il pas en janvier 2017 : «l’élection de macron, au diable ne plaise, précipiterait la France dans l’instabilité institutionnelle et conduira à l’éclatement de notre vie politique » (lien)…et Bruno Le Maire d’ajouter le mois suivant : « Emmanuel macron c’est l’homme sans projet, parce que c’est l’homme sans convictions, il dit tout et son contraire, selon ses auditeurs ». lien

Quant à Alain Minc, l’un des artisans de la victoire de son poulain,  flairant l’insurrection qui vient, a pris ses distances avec Macron, estimant avoir été séduit puis trahi. lien

On pourrait aussi se demander où se situent aujourd’hui les autres artisans de la victoire de Macronlien

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On pourrait aussi s’interroger sur la rencontre discrète entre le gouvernement et Marine Le Pen… lien

L’occasion d’évoquer Voltaire qui aurait déclaré : « gardez-moi de mes amis, quand à mes ennemis, je m’en charge ». lien

Comme dit mon vieil ami africain : « l’enfant ne voit pas debout ce que l’adulte voit assis ».

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