Si le Deep State pensait que l’influence de Donald Trump s’évanouirait avec son départ de la Maison blanche, il a dû être cruellement décu. Quatre mois après ses adieux officiels, l’ombre de la Houppette blonde est toujours omniprésente au sein de son parti, comme l’a encore démontré l’affaire Liz Cheney.
Fille du vipérin Dick, le vice néo-con de Bush Junior, la dame, Républicaine elle aussi, a voulu se démarquer du Donald en votant son impeachment ou en critiquant son refus de reconnaître le résultat de l’élection. Bien mal lui en a pris, elle qui voit sa position de plus en plus contestée. CNN va même jusqu’à pousser un déchirant cri du coeur : « La dévotion du GOP pour Trump menace de détruire la démocratie américaine », rien que ça…
Les ténors Républicains sont en réalité bien embêtés. On imagine qu’ils ne verraient pas d’un mauvais oeil la retraite définitive de l’ex-président mais ils doivent aussi composer avec leur base électorale, fanatiquement donaldienne. Si celui-ci met ses menaces à exécution et fonde son propre mouvement, c’en sera fini du Grand Old Party.
C’est dans ce contexte que l’on apprend la création d’une coterie politico-stratégico-intellectuelle par le peu ragoûtant Elliott Abrams, bien connu de nos lecteurs pour son rôle dans la déstabilisation du Venezuela. La camarilla en question, nommée Coalition Vandenberg, vise à maintenir le statut des Etats-Unis en tant que « superpuissance du monde libre » et « nation la plus puissante et influente de la planète ». Tout un programme…
Point n’est besoin de gratter bien longtemps pour voir une tentative de réincarnation du Projet pour un Nouveau Siècle Américain, étendart néo-conservateur apparu à la fin des années 90. Mais, chose intéressante, il n’est pas bipartisan et s’adresse avant tout aux Républicains. Et à ce titre, le choix du nom est tout sauf un hasard.
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Vandenberg était le patron, Républicain lui aussi, de l’éminent Senate Foreign Relations Committee, qui apporta un soutien massif à l’interventionnisme du président Démocrate Harry Truman. L’antithèse parfaite d’un homme dont nous avons parlé l’année dernière : sénateur comme lui, Républicain comme lui, Robert Taft pronait au contraire un relatif isolationnisme qui effraya jusqu’à ses propres alliés politiques.
Pour la bande à Abrams, ce concept est un véritable « cancer » dont il faut expurger définitivement le GOP. Est-ce tout à fait un hasard si la dernière trouvaille néo-con sort comme un lapin du chapeau à un moment où le parti est sous très forte influence trumpienne ? Evidemment non.
Certes, le non-interventionnisme du Donald est plus que sujet à caution et nos Chroniques s’en sont plusieurs fois fait l’écho. M’enfin, il est indéniable qu’il n’a déclenché aucune guerre – une grande première depuis longtemps pour un président US – et qu’à défaut de la pratiquer réellement, il a remis au goût du jour l’idée isolationniste, particulièrement dans l’électorat Républicain.
La bataille pour gagner les coeurs et les esprits* du parti à l’éléphant est lancée…
* L’expression anglophone Winning hearts and minds, qui a fait florès en Irak et en Afghanistan il y a quelques années, est en réalité bien plus ancienne et sans doute d’origine française. Il faut vraisemblablement en chercher la paternité du côté de Lyautey, Gallieni et/ou Auguste Pavie il y a plus d’un siècle. On attribuera d’ailleurs à Gallieni la phrase suivante qui résumait assez bien sa vision : « Tous les officiers savent s’emparer d’un village à l’aube. Moi, je veux des officiers qui sachent s’emparer d’un village à l’aube et y ouvrir le marché à midi. »
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