Édifiante interview de Frédéric Ploquin par deux anciens commissaires divisionnaires, Maurice Signolet et Patrick Yvars, à propos de la drogue en France. Ce marché, qui fait vivre probablement au bas mot 250 000 personnes dans notre pays, a envahi progressivement l’Hexagone depuis les années 60 et 70. Aujourd’hui, c’est un « nuage de cannabis et de cocaïne qui recouvre la France » tant les consommateurs sont nombreux et leur profil diversifié.
En 2021, la police a perdu la guerre contre la drogue. La cocaïne est partout, le cannabis aussi. Même l’héroïne qui était en recul revient en force. Les causes de l’envahissement des sociétés modernes par les stupéfiants de toutes sortes sont évoquées dans ce dialogue entre « professionnels » du narcotrafic : bien sûr l’assuétude de Français déjà accrocs aux tranquillisants et autres psychotropes légaux, mais aussi le show-business et les artistes qui ont rendu « cool » l’usage des drogues (fumette ou snifette).
Les consommateurs réguliers de joints, sous la forme de barrettes de shit à la provenance plus ou moins douteuse ou bien par la culture d’herbe soi-disant naturelle, voire thérapeutique ne sont pas conscients des répercussions neurologiques du tétrahydrocannabinol (THC) via ses propriétés psychoactives. Sans compter, pour cette drogue comme pour les autres, les produits de coupe utilisés dans leur fabrication (Destop, henné, cirage, pneu, verre pilé, sable, plâtre, etc.). Et, comme le rappelle l’auteur, tous les fumeurs de joints ne vont pas à la drogue dure, mais quasiment tous les consommateurs de drogues dures sont passés par le joint récréatif, passant du pétard « cool » à la cocaïne « hype ».
Face à un tel fléau, quelles perspectives et quelles solutions ? La légalisation du cannabis est une voie, mais les vices sont nombreux : les narcotrafiquants augmenteront la quantité de THC de leurs produits pour faire concurrence au cannabis légal, ils toucheront le public des mineurs à qui la vente ne sera sûrement pas autorisée, le marché des drogues dures se renforcera, etc.
Resterait donc soit une répression réelle, au risque de toucher de nombreux intouchables (nous n’en dirons pas davantage, un des commissaires évoque déjà le nombre faramineux de personnalités célèbres consommatrices – sans les nommer, bien sûr), soit la légalisation totale, cassant immédiatement tous les marchés illégaux et créant une économie légale source de revenus gigantesque pour l’État en plus de permettre un contrôle du marché de la drogue et de la qualité des produits vendus, voire d’aider les consommateurs désirant en sortir. Vaste débat.
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