de P. Marie-Pravin ERTZ
1. Qu’est-ce que l’Infaillibilité pontificale ?
Beaucoup de personnes ignorant la définition exacte élaborée par le Concile Vatican I sur le dogme l’Infaillibilité pontificale, il n’est pas inutile de la rappeler. Le concile Vatican I vota, le 18 juillet 1870, ce dogme en ces termes :
« Le pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu’une doctrine en matière de foi ou de morale doit être tenue par toute l’Église, jouit… de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que soit pourvue son Église lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi ou la morale. »
« L’infaillibilité ne joue que dans des conditions très restrictives. Il faut que le pape s’exprime comme pasteur universel : est donc exclue la prise de position sur des problèmes particuliers. (…) Il faut ensuite qu’il engage explicitement son autorité apostolique, celle qu’il détient comme successeur de Pierre : sont ainsi exclues les prises de position personnelles et les enseignements de circonstance, même très officiels comme les encycliques. Enfin, il faut que les « définitions » touchent à la foi et aux mœurs : sont ainsi exclues les questions politiques, ce que redoutaient les gouvernements de l’époque. »
« À proprement parler, l’infaillibilité du pape n’a joué qu’une seule fois : pour la définition de l’Assomption de la Vierge Marie, à la Toussaint 1950. En réalité, la méthode a été exactement la même que pour le dogme de l’Immaculée Conception. Le pape Pie XII avait écrit à tous les évêques, en leur posant deux questions : « Est-ce que vous pensez que l’Assomption corporelle de la Bienheureuse Vierge puisse être proposée et définie comme dogme de foi et est-ce que vous, votre clergé et vos fidèles, vous désirez cela ? » Le Pape interroge donc sur la légitimité mais aussi sur l’opportunité d’une telle définition. Elle était demandée depuis longtemps. Elle était célébrée liturgiquement le 15 août. Elle découlait logiquement de l’Immaculée Conception. L’approbation fut donc très large. »
C’est donc de cette manière, au demeurant très restrictive, que s’exerce l’Infaillibilité pontificale. Elle est bien loin de ce que la plupart des personnes, même catholiques, imaginent. Il est donc évident qu’en matière de santé, et en l’occurrence, quand une vaccination d’un type nouveau fait son entrée sur le marché, le Pape ne peut en aucun cas engager son Infaillibilité. Il s’agit d’un point de vue personnel, autorisé et librement partagé, qui se doit d’être discuté. En définitive, comme il ne s’agit pas de matière de foi ni de morale, l’Infaillibilité ne pourra jamais être engagée en ce domaine, moins encore lorsqu’on a affaire au toboggan disruptif transhumaniste.
2. Qu’est-ce que le toboggan disruptif transhumaniste ?
La réaction de panique d’un grand nombre de parents, de grand-parents, et même de jeunes, en prise directe avec la souffrance d’un membre de la famille, voire son décès, est tout à fait compréhensible. La souffrance sur le terrain ne m’est pas étrangère, particulièrement sur le plan psychologique, étant moi-même psychologue, accompagnant de nombreuses personnes en souffrance.
L’expérience du terrain est importante, certes, mais la prise de distance et de hauteur l’est tout autant. Il nous faut étudier la carte, pas uniquement le territoire, pour comprendre la direction et le changement paradigmatique qui s’opère sous nos yeux. Pour avoir étudié le Transhumanisme depuis 2013, pour avoir fait un mémoire de Maîtrise en Anthropologie sur ce sujet, pour avoir rencontré de nombreux transhumanistes et assisté à des Colloques internationaux, je puis vous dire avec certitude que cette idéologie s’est aujourd’hui invitée, sans tapage médiatique, sur le terrain médical. Laurent Alexandre l’avait prévu, dans son livre « La mort de la mort » (2011) : ce sera par la thérapie que le Transhumanisme s’imposera.
La première étape disruptive est l’arrivée des biotechnologies, prévues par Ray Kurzweil et Terry Grossman dès 2004, dans « Serons-nous immortels ? Oméga 3, nanotechnologie, clonage,… ». Avec le CRISPR-cas9 (les ciseaux génétiques dont les auteurs, Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, ont obtenu le Prix Nobel de chimie 2020, donnant à penser l’orientation future de la médecine) et les vaccins ARN, nous sommes engagés dans le toboggan démiurgique de la modification de l’Homme. Klaus Schwab, dans « La 4ème révolution industrielle » (2016) prévoit, comme une des multiples mutations futures provoquées par cette nouvelle révolution, l’avènement de l’« Humain sur mesure » ! Ce ne seront plus des modifications génétiques pour les personnes en fin de vie, mais également pour les embryons, et les bébés à la carte (prévus par les GAFAM).
La seconde étape sera l’arrivée des nanotechnologies dans le domaine médical : la finalité sera de remplacer les fonctions biologiques par des nanorobots injectés, par milliards, dans le corps. L’Humain aura alors disparu pour devenir « Post-humain », finalité avouée du Transhumanisme. Qui résistera aux nanotechnologies, si on n’a pas été capable de s’opposer aux biotechnologies ?
Bref, accepter des thérapies géniques pour des personnes saines (puisque c’est elles qui doivent bénéficier des vaccins), c’est consentir à la modification de l’Homme, et s’engager vers sa disparition prochaine dans le Posthumain. Prôner la vaccination génétique, sans en comprendre les conséquences disruptives futures, sans même proposer d’autres solutions thérapeutiques existantes (les interdisant même quelquefois), c’est faire preuve de légèreté et d’insouciance coupables.
L’Église ne peut être à la remorque du monde et se laisser conduire sans discernement, sans « voir » ce qui se passe, sans comprendre les dérives thérapeutiques et déontologiques actuelles (car les personnes vaccinées ne savent même pas qu’elles sont les cobayes d’une étude, est-ce légal ?). Elle ne peut se contenter d’adopter l’unique discours médiatiquement recevable : celui de l’émotion. Mais elle se doit d’étudier la marche de l’Histoire et l’entrée de l’Humanité dans la « Technocène ».
3. Qu’est-ce que la « Technocène » ?
Sans tapage médiatique, nous avons quitté le Néolithique (12.000 ans d’Histoire !) durant ces 40 dernières années. Alors qu’en 1946, il y a avait encore 46 % de la population française qui travaillaient au champ, ils ne sont plus que 7,1 % en 1982 et 1,5 % en 2019 ! La société est sortie de la paysannerie et elle n’y retournera plus. On ne verra plus de paysans dans les champs, mais des machines agricoles de plus en plus perfectionnées. Ayant quitté le Néolithique, nous avons du même coup quitté l’Anthropocène, c’est-à-dire la période où l’action de l’homme façonnait la Nature, avait un impact direct sur celle-ci. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une toute nouvelle ère de l’Humanité : la Technocène, ou l’ère de la machine et de la technique qui imprime de sa marque à la Nature tout entière. Dans ce contexte, l’Humanité impose de moins en moins ses Lois à la machine. C’est la machine décisionnelle qui, grâce à l’évolution exponentielle de sa puissance, imposera désormais ses diktats à l’Homme. C’est pourquoi la Technocène sera l’ère de la « post-vérité », de la « post-médecine » et du « post-droits humains » :
La post-vérité ne sera pas l’affaire de l’intelligence humaine, de sa raison, de son bon sens, de sa logique. Elle sera l’affaire de l’Intelligence Artificielle et de ceux qui s’y soumettront. Il s’agira d’une « Vérité Artificielle » qui exclura toute donnée sensorielle immédiate et toute étude de terrain, dont on affirmera le manque de scientificité ! On comprend dans ce contexte le conflit entre Big Pharma et les médecins de terrain.
La post-médecine est la « médecine 2.0 » que Big Pharma est occupé à imposer. Il s’agira de moins en moins de « soigner » l’humain, mais de plus en plus de le « modifier ». Les remèdes naturels seront confisqués au profit de remèdes artificiels de transformation de l’Homme et, in fine, du « Grand Remplacement » de l’Homo Sapiens par le Post-Humain. Comme le soulignent Kurzweil et Grossman :
« (…) nous discuterons de plusieurs projets remarquables de Freitas pour le remplacement des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes de notre sang par des robots ». Plus loin, ils affirment : « Selon un scénario hybride impliquant la biotechnologie et la nanotechnologie, on envisage de transformer les cellules biologiques en ordinateurs. »
Mais pour mettre en place une telle médecine 2.0, il faudra passer outre des Droits Humains.
Le post-Droit est l’obsolescence des lois anciennes au profit de nouvelles lois en faveur de ces modifications humaines. Il a déjà lieu actuellement puisque l’Ordre des médecins oblige les médecins, sous peine de poursuite et de sanctions très graves, à promouvoir le vaccin ARN, les mettant dans l’illégalité totale au regard de la loi du 22 août 2002, relative aux droits des patients. Comment informer les personnes si aucun médecin ne connaît ni l’efficacité réel du vaccin, ni les effets secondaires à moyen et à long termes ? Il y a comme une obligation déguisée de participer à une expérimentation scientifique de masse. Cela ressemble étrangement à ce que la Direction Générale de la Recherche de l’Union Européenne dénonçait en 2008 dans le 6ème Programme-cadre, projet « Knowledge NBIC » :
« L’horizon normatif du Transhumanisme oriente en direction du renforcement indéfini de diverses capacités (…) rendant des personnes aux capacités normales ‘toujours déjà handicapées’. Ceci est renforcé par l’argumentation en faveur d’un ‘devoir d’amélioration’ et d’une participation obligatoire à des expérimentations scientifiques. Semblable vision du monde justifie une sorte de sacrifice de soi de l’humanité dans l’intérêt de quelque autre entité qui réaliserait plus complètement ce que nous valorisons le plus en nous, une idée du posthumanisme que l’auteur relie à une ‘théologie politique high tech’ et à la gnose technologique. »
Dans l’ère de la Technocène, les Droits de l’Homme seront obsolètes puisque l’Humain aura disparu dans une soumission totale à la machine…
En conclusion, dans un tel contexte de disruption anthropologique et civilisationnelle, dont personne ne connaît l’issue finale pour Homo Sapiens, le chrétien ne peut aucune manière faire appel à l’Infaillibilité pontificale pour conforter ses décisions personnelles. Notre Pape a l’intelligence de ne pas avoir engagé son Infaillibilité en matière de vaccination. Il sait qu’il ne le peut en aucune manière en ce domaine. S’il convient de respecter sa parole et ses choix, il revient à chaque homme et chaque femme de bonne volonté de faire preuve d’intelligence et de bon sens, tant qu’il lui reste une once d’Humanité…
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