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par Oscar Fortin.
La béatification du médecin José Gregorio Hernandes a été l’occasion pour le pape François de faire un appel majeur au peuple vénézuélien et à tous les acteurs de la société vénézuélienne, entre autres, épiscopat et gouvernement, pour qu’il y ait une grande réconciliation entre tous et toutes.
Je ne doute pas des bonnes intentions du pape François pour que la paix et la réconciliation entre adversaires soient réalisées au plus vite. Le problème qui se pose est celui de sa crédibilité. De fait, le pape François, l’État du Vatican et l’épiscopat vénézuélien ont suivi, en 2019, les directives de Washington de ne pas reconnaître la légitimité de l’élection de l’actuel président, Nicolás Maduro.
Il faut noter que les Nations unies et les 2/3 des pays du monde reconnaissent la légitimité de l’élection de l’actuel président ainsi que les observateurs internationaux qui ont suivis le déroulement de l’élection.
Lorsque le pape François demande la réconciliation du peuple, on ne sait pas à quoi il pense vraiment. Est-ce un appel à l’opposition radicale et à l’épiscopat pour qu’ils reviennent à l’État de droit et reconnaissent le président élu par le peuple ? Ou est-ce un appel à la démission du gouvernement et que de nouvelles élections soient convoquées ? Les deux alternatives sont possibles sans qu’il nous dise, toutefois, celle qui répond le mieux à son choix. Par contre, si nous en tenons à l’opinion de l’épiscopat vénézuélien avec laquelle le pape se dit en pleine conformité, la réponse est sans équivoque : la démission du gouvernement et de nouvelles élections.
Il y a dans l’intervention du pape, une phrase qui peut être interprétée de diverses manières, dont celle d’un appel aux forces d’opposition à reprendre le contrôle du Venezuela :
« Reprenez le Venezuela ». L’appel de Francisco à l’unité opérationnelle.
Que veut vraiment dire le pape lorsqu’il parle de récupération du Venezuela et à qui se réfère-t-il lorsqu’il parle de l’unité opérationnelle ? Vous conviendrez avec moi que c’est pour le moins ambigu.
Certains peuvent penser, avec raison, que le désir du pape est de récupérer le Venezuela de la démocratie néolibérale qui assure à l’oligarchie nationale la prise de contrôle des pouvoirs de l’État avec, évidemment, porte ouverte à Washington pour qu’il agisse comme bon lui semble au niveau des pouvoirs de l’État.
Les propos du pape ouvrent la porte à une telle interprétation. Dans son intervention, le pape ne revient pas sur sa décision et celle du Vatican de reconnaître comme président par intérim du Venezuela à l’autoproclamé, Juan Guaidó. Dans son intervention, le pape ne fait aucune référence à ce personnage dont l’image internationale en fait de plus en plus un profiteur éhonté de l’argent du peuple que Washington met entre ses mains. Des dizaines de millions de dollars, du peuple vénézuélien, sont détournés à des fins d’enrichissement personnel, de soutien à des interventions terroristes, planifiées depuis Washington, contre le peuple vénézuélien. Le pape François est au fait de tout cela. Pourtant il n’en dit mot. D’où vient ce silence sur tout ce volet des activités clandestines et terroristes ?
Pourtant, le pape se prononce clairement sur le fait que toute intervention extérieure devrait être exclue. Que dit-il de son président autoproclamé Juan Guaidó qui agit aux ordres de Washington ? Rien.
« Le pape François s’est prononcé jeudi 29 avril contre toute « intervention extérieure » au Venezuela dans un message vidéo envoyé à l’occasion de la béatification du docteur José Gregorio Hernández ».
Dans son discours, le pape François dit, en relation aux conditions de vie du peuple, qu’il est conscient : « comme mes frères évêques je connais bien la situation dont il souffre et je suis conscient que leurs souffrances prolongées et leur angoisse ont été aggravées par la terrible pandémie de Covid-19 qui nous affecte tous », a-t-il déclaré.
Ce que le pape ne mentionne pas, c’est cette autre pandémie, celle des sanctions, encore plus déstabilisante que celle du Covid-19. Qu’il n’en dise rien n’est guère compréhensible. Il parle de peines prolongées et d’angoisse, dans le paragraphe précédent, sans préciser à quoi ou à qui il se réfère, laissant entendre que cette souffrance prolongée est la cause du gouvernement, tout comme le pense et le dit l’épiscopat.
Pourquoi ne pas mentionner l’auteur ou les auteurs de ces longues peines ? Ç’eut été l’occasion toute désignée de s’adresser directement au président des États-Unis, dont il se fait proche, pour mettre fin à son interventionnisme criminel contre le gouvernement et à ses sanctions contre le peuple. Il n’y a pas encore longtemps, une délégation des Nations unies a mis à jour les effets dévastateurs de ces sanctions.
Il s’agit évidemment des États-Unis, une puissance qui, en dehors de toutes les lois internationales, intervient au Venezuela comme elle l’entend : geler des dizaines de millions de dollars, argent du peuple que le gouvernement ne peut pas utiliser pour acheter des biens essentiels tels que des médicaments et des vaccins, entre autres. Sur cette question, le silence complet du pape, qui est bien conscient des effets de ces sanctions, nous laisse avec de nombreuses interrogations.
Ses bonnes relations avec le nouveau président américain, Joe Biden, lui donnaient l’occasion de faire pression sur lui pour qu’il mette fin aux sanctions et qu’il respecte le droit international dans ses relations avec le gouvernement légitime du Venezuela.
Il est important que le peuple sache que bon nombre de ses souffrances proviennent des sanctions de l’empire et non du gouvernement auquel tous ceux de l’opposition et de l’épiscopat voudraient qu’il en soit ainsi. Le pape semble se ranger de leur côté, prenant pour parole celle de l’épiscopat avec lequel il se dit en pleine communion.
Si tel est le cas, l’intervention du pape ne serait pas de servir les intérêts du peuple vénézuélien, mais les intérêts des oligarchies et de l’empire.
Nicolás Maduro, président légitime du Venezuela prend la parole au terme des célébrations de la béatification de José Gregorio Hernandez. La version espagnole de son intervention se trouve dans ce lien : videos.telesurtv.net
Je pense que le président Maduro a su répondre au message du pape avec toute l’intelligence qu’on lui connait.
Il est allé à la rencontre du représentant de l’épiscopat, le cardinal Balthazar Porras et du nonce apostolique, représentant l’État du Vatican. Avec ces derniers il a passé 1 heure. De cette rencontre il nous informe que la grande réconciliation entre l’épiscopat et le gouvernement est chose faite. Il félicite l’intervention du pape qui a demandé qu’il y ait une grande réconciliation entre Vénézuéliens et Vénézuéliennes, ainsi qu’entre l’Église et le gouvernement. Pour le moment, aucun autre détail n’a été donné et aucune déclaration n’a été faite de la part de l’épiscopat et de la nonciature apostolique.
Dans son intervention, le président Maduro a pris en compte « les portes ouvertes » laissées par le pape, pour entrer dans le cœur du débat. Il a largement dénoncé l’interventionnisme des États-Unis et le caractère criminel des sanctions. Il a finalement dit ce que le pape n’avait pas osé dire en se référant aux véritables coupables des souffrances du peuple, à savoir les États-Unis et ses alliés.
Seul l’avenir nous dira la profondeur de cette grande réconciliation. Pour le moment, la presse mainstream nous dit que Maduro s’est réconcilié avec les évêques sans nous dire si les évêques se sont réconciliés avec Maduro. Là est également la question. Personnellement, je n’y crois pas. Les évêques vivent avec la certitude de leur analyse et de leur vérité.
Nous en sommes là.
source : https://humanisme.blogspot.com
Source: Lire l'article complet de Réseau International