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Jamel Gorchene, le terroriste de Rambouillet, avait été « désenvoûté » en Tunisie en mars dernier. Sa famille le croyait déprimé et comme possédé. Mais personne, ni même un psy consulté en février, n’avait anticipé son passage à l’acte.
La radicalisation de Jamel Gorchene, qui a assassiné vendredi 23 avril la fonctionnaire du commissariat de Rambouillet Stéphanie Monfermé, pouvait-elle être détectée ? Le Tunisien de 36 ans, entré illégalement en France en 2009 et naturalisé en 2020, restait inconnu des services de police.
Son compte Facebook témoigne d’une lente dérive. Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, il poste un drapeau tricolore, signe de son hostilité au commando de Daech. Puis, au fil des années, s’ancrent chez lui des idées d’abord complotistes, puis antisionistes… et salafistes. Un premier changement semble s’opérer début 2020. L’homme voit dans le premier confinement un « signe » envoyé par Allah à l’humanité. Ensuite, à l’automne 2020, ses publications révèlent « une adhésion à une idéologie légitimant la violence contre ceux ayant offensé le Prophète », a admis Jean-François Ricard, le procureur national antiterroriste. Mais pas de quoi le faire rentrer dans les radars. « Des comptes Facebook comme celui-là, il y en a des milliers », assure une source dans le renseignement.
« Il en voulait à son patron, avait l’impression d’être persécuté »
Sa famille non plus ne repère pas de signes avant-coureurs d’un passage à l’acte terroriste. Depuis le début de l’année, son père, un retraité à la pratique de l’islam très rigoriste, le trouve simplement « déprimé ». Sur son insistance, Jamel se présente le 19 février à l’hôpital de Rambouillet et, quatre jours plus tard, le médecin qu’il consulte ne décèle pas chez lui de dangerosité particulière. « Il en voulait à son patron, avait l’impression d’être persécuté », confie une source proche de l’enquête.
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Mal dans sa peau, sans compagne après l’échec d’un mariage arrangé, et « pas très sûr de son orientation sexuelle », au vu de ses consultations internet, Jamel se tourne vers la religion, et son front présente depuis le début de l’année la marque ronde des pratiquants assidus. En mars, son père décide de l’envoyer en Tunisie, pour lui faire « prendre un peu l’air ».
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Sur place, où vit sa mère, la pratique de l’islam n’a rien de radical. Sa famille le trouve « changé », anxieux, dépressif. Au point de l’emmener voir un « désenvoûteur ». « Certains pensaient qu’un mauvais sort lui avait été jeté ! », confie à Marianne une source policière. Mais la « séance » de désenvoûtement pratiquée par un marabout, comme la consultation psy de Rambouillet, ne va rien résoudre.
Sur sa page Facebook, à son retour en France, à la mi-mars, Jamel appelle Allah à « nous libérer de l’enfer »… « Rien n’indique un passage à l’acte imminent », constate une source haut placée dans le milieu du renseignement. « Au contraire, son père le trouvait mieux. Mais si la famille ou même le psy avaient pu nous faire un signalement, tout, mis bout à bout, aurait peut-être pu nous alerter », admet cette source.
Source : Marianne
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