FOCUS – Des tueries commises par Mohammed Merah en 2012 à l’attentat au commissariat de Rambouillet ce vendredi, 23 attaques islamistes mortelles ont eu lieu dans l’Hexagone, dont 5 depuis 2020. Il faut ajouter à ce bilan des centaines de blessés.
Impossible, bien sûr, de ne pas se souvenir des attaques les plus meurtrières (Charlie Hebdo, le «13 novembre» ou Nice) ou des plus marquantes (l’égorgement du père Hamel ou l’assassinat de deux policiers à Magnanville). Mais difficile de se souvenir spontanément du nombre, du lieu, de la récurrence ou de la gravité des attaques.
En voici une liste non exhaustive, dans la mesure où elle ne retient que ceux dont l’issue a été mortelle. Sur les 271 victimes, 217 ont été tuées lors des deux plus sanglants attentats – celui du 13 novembre 2015 à Paris et celui du 14 juillet 2016 à Nice. Cinq attaques mortelles ont par ailleurs eu lieu depuis 2020, causant la mort de 8 personnes.
Voici les données générales, année par année:
2012: 3 attaques mortelles (7 morts)
2015: 6 attaques mortelles (150 morts)
2016: 3 attaques mortelles (89 morts)
2017: 2 attaques mortelles (3 morts)
2018: 3 attaques mortelles (10 morts)
2019: 1 attaque mortelle (4 morts)
2020: 4 attaques mortelles (7 morts)
2021: 1 attaque mortelle (1 mort)
Et, dans le détail:
● Du 11 au 19 mars 2012: les trois attaques de Mohammed Merah (7 morts)
En mars 2012, moins de trois mois avant l’élection présidentielle, un djihadiste, Mohammed Merah, sème la mort dans le Sud-Ouest. Le 11 mars, il tue un militaire français à Toulouse, puis deux autres à Montauban le 13 mars. Le 19 mars, il commet une tuerie à l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse, où quatre personnes trouvent la mort, dont trois enfants. Le 22 mars, Mohammed Merah est abattu par le RAID.
● 7 janvier 2015: attentat contre Charlie Hebdo (12 morts)
Le 7 janvier 2015, entrant dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo , deux djihadistes, les frères Kouachi, assassinent onze personnes (dont huit collaborateurs du journal) et en blessent onze autres. Dans leur fuite, ils tuent un policier déjà blessé. Ils sont finalement éliminés par le GIGN dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). L’attentat est revendiqué par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).
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● 8 janvier 2015: assassinat d’une policière à Montrouge (1 mort)
Un jour plus tard, Amedy Coulibaly, proche des frères Kouachi, mais qui a lui prêté allégeance à l’État islamique, tue par balle une policière et blesse une autre personne à Montrouge.
● 9 janvier 2015: prise d’otages Hyper Cacher (4 morts)
Le lendemain, Amedy Coulibaly prend en otage les clients et le personnel d’une supérette cacher à la porte de Vincennes et tue quatre personnes. Il est abattu lors d’un assaut du RAID et de la BRI. Ces trois attaques en quelques jours étaient coordonnées.
● 19 avril 2015: l’affaire Sid Ahmed Ghlam (1 mort)
Étudiant algérien en France, Sid Ahmed Ghlam préparait des attentats, notamment contre une église de Villejuif. Dans le cadre de la préparation de ces attaques, il vole la voiture d’Aurélie Châtelain, mère de famille de 32 ans, qu’il tue d’une balle en plein cœur. Il est arrêté le même jour.
● 26 juin 2015: l’attaque de Saint-Quentin-Fallavier (1 mort)
À Saint-Quentin-Fallavier (Isère), le 26 juin 2015, Yassin Salhi commet un attentat sur le site d’une usine de production de gaz industriels et médicaux classée «Seveso» et appartenant à la société américaine Air Products. Deux employés sont blessés lors de l’explosion. Avant l’attaque proprement dite, le djihadiste a égorgé son employeur, Hervé Cornara. C’est la première décapitation dans le cadre d’un attentat sur le sol français.
● 13 novembre 2015: sept attaques meurtrières à Paris et à Saint-Denis (131 morts)
Il s’agit de l’attentat – en réalité une série de plusieurs attaques – le plus meurtrier commis en France depuis la Seconde guerre mondiale. Le 13 novembre 2015, des fusillades et des attaques-suicides islamistes font 131 morts et 413 blessés aux abords du Stade de France, au Bataclan et sur plusieurs terrasses de bars des 10e et 11e arrondissements. Elles sont revendiquées par l’État islamique. Parmi les neuf terroristes, le seul survivant est Salah Abdeslam, capturé par la police belge dans la commune bruxelloise de Molenbeek le 18 mars 2016.
● 13 juin 2016: le double meurtre de Magnanville (2 morts)
Un commandant de police, Jean-Baptiste Salvaing, et sa compagne Jessica Schneider, fonctionnaire du ministère de l’intérieur, Jessica Schneider, sont assassinés devant leur domicile à Magnanville par Larossi Abballa. L’attentat est revendiqué par l’organisation État islamique.
● 14 juillet 2016: l’attentat de Nice (86 morts)
Nouvelle attaque meurtrière, cette fois-ci le jour de la fête nationale. Au volant d’un camion, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, tunisien, fonce dans la foule réunie sur la Promenade des Anglais pour un feu d’artifice. 86 personnes sont tuées, 458 blessées. L’État islamique revendique l’attaque.
● 26 juillet 2016: le père Hamel égorgé à Saint-Étienne-du-Rouvray (1 mort)
Lors d’une messe, le 26 juillet 2016, deux djihadistes mènent une prise d’otages dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen. Le père Jacques Hamel, qui célébrait la messe, est égorgé, un fidèle blessé. L’État islamique revendique l’attaque.
● 20 avril 2017: fusillade sur les Champs-Élysées (1 mort)
Armé d’une Kalachnikov, Karim Cheurfi tire sur un véhicule de police, tuant son conducteur, Xavier Jugelé, blessant deux autres agents, ainsi qu’une passante. L’État islamique a revendiqué l’attaque.
● 1er octobre 2017: deux jeunes femmes égorgées gare Saint-Charles (2 morts)
Nouveau cas d’égorgement après ceux d’Hervé Cornara et du père Hamel. Criant «Allah Akbar», Ahmed Hanachi, un Tunisien en situation irrégulière, égorge deux jeunes femmes de 20 et 21 ans gare Saint-Charles à Marseille avant d’être abattu par des militaires de l’opération Sentinelle. L’attaque est revendiquée par l’État islamique.
● 23 mars 2018: attaques et prise d’otages de Trèbes et Carcassonne (4 morts)
À Carcassonne, le 23 mars 2018, le Franco-Marocain Radouane Lakdim vole une voiture, tuant l’un des occupants et blessant le conducteur. Il tire ensuite à six reprises sur des CRS terminant leur footing, l’un d’eux est grièvement blessé. Il se rend ensuite à Trèbes et entre dans le Super U, où il tue à bout portant le chef boucher, puis un client. Radouane Lakdim prend en otage une hôtesse de caisse. Alors que les gendarmes sont arrivés sur place, le plus haut gradé, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, s’échange contre celle-ci. L’officier de gendarmerie est grièvement blessé avant l’intervention du GIGN. Il meurt des suites de ses blessures et reçoit un hommage national aux Invalides. L’attaque est revendiquée par l’État islamique.
● 12 mai 2018: attaque à l’arme blanche à Paris (1 mort)
Vers 21 heures, au cri de «Allah Akbar» et armé d’un couteau, le Franco-Russe Khamzat Azimov, originaire de Tchétchénie, tue un passant et en blesse quatre autres, rue Monsigny dans le 2e arrondissement, avant d’être abattu par un policier. L’État islamique revendique l’attaque.
● 11 décembre 2018: attaque du marché de Noël de Strasbourg (5 morts)
Le 11 décembre 2018, armé d’un revolver et d’un couteau, un Franco-Algérien de 29 ans, Chérif Chekatt, pénètre dans le marché de Noël de Strasbourg, où il tue cinq personnes et en blesse onze autres. Il est abattu par les forces de l’ordre après une traque de 48 heures. L’attaque est revendiquée par l’État islamique.
● 3 octobre 2019: attaque de la préfecture de police de Paris (4 morts)
Le 3 octobre 2019, armé d’un couteau, un informaticien travaillant au sein des renseignements de la préfecture de police de Paris tue quatre de ses collègues, avant d’être abattu. Sa radicalisation islamiste n’a pas été détectée préalablement par les services de police.
● 3 janvier 2020: attaque de Villejuif (1 mort)
À Villejuif dans le Val-de-Marne, Nathan Chiasson, 22 ans, attaque à l’arme blanche des passants au cri d’«Allah Akbar». Après avoir épargné un homme car celui-ci était musulman, il en tue un autre et blesse gravement deux femmes. Converti à l’islam en 2017, par ailleurs diagnostiqué schizophrène par le passé, le terroriste est abattu par des policiers de la brigade anti-criminalité du Kremlin-Bicêtre.
● 4 avril 2020: attaque de Romans-sur-Isère (2 morts)
Réfugié soudanais de 33 ans, inconnu des services de police et de renseignement, Abdallah Ahmed-Osman tue au couteau et au cri d’«Allah Akbar» deux passants et en blesse cinq autres dans la ville de Romans-sur-Isère, en plein pendant le premier confinement. Il est arrêté juste après, en train de prier.
● 16 octobre 2020: attaque de Conflans-Sainte-Honorine (1 mort)
Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège de Conflits-Sainte-Honorine (Yvelines), est assassiné à l’arme blanche et décapité devant son établissement. Pour avoir montré lors d’un cours sur la liberté d’expression des caricatures de Mahomet publiées par le journal Charlie Hebdo, l’enseignant avait auparavant fait l’objet de vives attaques verbales de parents d’élèves musulmans puis de façon virale sur les réseaux sociaux, où son nom et son adresse ont été divulgués. Abattu quelques minutes après l’attaque par la police, le terroriste, Abdoullakh Anzorov, était un citoyen russe d’origine tchétchène âgé de 18 ans. Il bénéficiait du statut de réfugié.
● 29 octobre 2020: attaque de Nice (3 morts)
Tunisien de 21 ans en situation irrégulière, Brahim Aouissaoui entre dans la Basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice et assassine au couteau trois personnes, le sacristain ainsi que deux femmes. Quatre policiers municipaux interviennent et tirent sur le terroriste qui se dirige vers eux au cri d’«Allah Akbar». Blessé, Brahim Aouissaoui est hospitalisé.
● 23 avril 2021: attaque de Rambouillet (1 mort)
Tunisien de 37 ans entré illégalement en France en 2009 mais régularisé en 2019, Jamel G. pénètre dans le sas du commissariat de Rambouillet et tue au couteau une fonctionnaire administrative de police de 49 ans, mère de deux enfants. Dans la foulée de l’attaque, le terroriste est tué de deux balles par un brigadier.
De nombreuses attaques non mortelles
De nombreuses autres attaques terroristes ont été commises ces dernières années sans être mortelles, notamment contre des militaires ou des policiers. Des dizaines de victimes ont néanmoins été blessées, certaines gravement. Sans compter les attentats déjoués à l’avance par les services de renseignement, certains ont eu lieu mais ont échoué, alors qu’ils auraient pu avoir des conséquences funestes comme l’attaque du train Thalys le 21 août 2015: il y a eu «seulement» trois blessés grâce à l’intervention de plusieurs passagers, dont deux militaires américains, qui sont parvenus à maîtriser le djihadiste marocain Ayoub El Khazzani, armé d’une Kalachnikov et membre de la cellule terroriste qui avait organisé les attentats du 13 novembre en France. Le 24 mai 2019, un djihadiste algérien, Mohamed Hichem Medjoub, qui a prêté allégeance à l’État islamique, fait exploser une bombe rue Victor-Hugo à Lyon, blessant 14 personnes. Plus récemment, le 27 avril 2020, Youssef Tihlah, né en 1990 en Meurthe-et-Moselle et ayant fait allégeance à l’État islamique, percute au volant de sa voiture deux motards de la police, grièvement blessés. Le25 septembre 2020, deux personnes sont grièvement blessées à l’arme blanche près des anciens locaux du journal Charlie Hebdo par un Pakistanais de 25 ans, Zaheer Hassan Mehmood, ayant bénéficié à tort du statut de mineur assisté. Il affirme avoir agi en représailles à la récente republication par le journal satirique des caricatures de Mahomet.
Source : Le Figaro
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