Même si Laurent Gerra, bon dans sa partie, lit ces alexandrins en faisant entendre un rythme à peu près correct, d’assez nombreux vers sont boiteux et fautent contre la prosodie. Quelques exemples :
— « Pour moi monsieur Veran, vous êt’ z’à la ramasse ». Si l’on suit les règles, c’est un alexandrin de treize syllabes ;
— « Ne cherch’ plus tes lunett’ je te les ai cassées ». Normalement 14 syllabes si l’on respecte les règles ;
— « Ce n’sont pas des ministr’, c’est une band’ de nuls ». 15 syllabes si lu correctement.
Ceci dit non pour mépriser Laurent Gerra, loin de là, ou vous donner doctement la leçon. Je réagis à « des alexandrins […] on peut aussi en trouver ». Il est bien moins facile qu’on ne le croit de composer de bons vers, respectant des règles. Je sais parfaitement que ce n’est pas là le fond de votre commentaire. Mais l’on voit trop souvent repris le mythe romantique de la muse qui souffle la poésie à l’oreille. Ce n’est pas le cas. C’est difficile, bien plus que les raperies et autres slameries.
Par là l’on voit que notre littérature est exceptionnelle, ce qui n’amoindrit en rien celle des autres nations d’ailleurs. Sans doute Brigitte a-t-elle failli à le faire entendre à Emmanuel qui croit qu’« il n’y a pas une culture française ».
Si. bien sûr. Depuis les Serments de Strasbourg, La Chanson de Roland, en passant par les romans de Chrétien, La Pléiade, Villers-Cotterêts, la Défense et illustration de la langue français, Corneille, Pascal, Molière, Racine et Bossuet ou La Bruyère ; Montesquieu, Vauvenargues, Voltaire, Marivaux, Diderot, Rousseau, Buffon et Beaumarchais… et je m’arrête parce que déjà il manque Rabelais, Ronsard, Mathurin Régnier et d’Aubigné, et aussi Montaigne. Si, si, petit Emmanuel, toi l’enfant chéri de la z’élite, il y a une immense culture française ne serait-ce qu’en littérature. Les gens qui ne sont rien, les réfractaires, ont un peu travaillé.
Demeurent la cuisine, l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique… Ah ! la musique. Lully, Fauré et Debussy par pertes et profits ? Couperin s’est tourné les pouces, et Berlioz a coincé la bulle. Marin Marais n’existe pas ; Ravel ne sait rien faire.
Un maître on le reconnaît ; il n’a nul besoin d’« éléments de langage » et de contorsions communicantes. Un tyran se repère aussi vite.
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