Les pays développés défient les directives de l’OMS et se sont lancés dans le nationalisme vaccinal, favorisant les grandes entreprises pharmaceutiques au détriment d’organismes voulant un partage plus équitable des vaccins contre le Covid-19.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tente actuellement de convaincre la population mondiale des bienfaits de l’équité vaccinale. Trois points sont particulièrement problématiques au niveau des agissements de plusieurs pays et organismes occidentaux à ce sujet.
Nationalisme vaccinal
En janvier 2021, alors que la vaccination commençait à prendre de l’ampleur, l’OMS a appelé tous les pays à agir ensemble dans un esprit de solidarité. Le 21 avril, ses dirigeants constataient leur échec à faire accepter cette directive et s’alarmaient des risques sanitaires posés par l’accès inéquitable aux vaccins contre le Covid-19.
Les faits sont troublants. En date du 20 avril 2021, un peu plus de 843 millions de doses de vaccins contre le Covid-19 avaient été administrées dans près de 200 pays. Seulement 2 % de celles-ci l’avaient été dans des pays en développement. En terme plus concret, environ une personne sur quatre dans les pays à revenu élevé avait reçu ce vaccin. Ce nombre est d’une personne sur 500 dans les pays en développement.
Ce nationalisme vaccinal entre en conflit avec l’Accélérateur ACT, qui réunit des gouvernements et des entreprises pour aider les États pauvres à juguler cette pandémie. Un an après son lancement, cet organisme manque de financements. Un document d’analyse de l’ACT prédit que si ce problème de financement n’est pas réglé, les pays à revenu faible et intermédiaire verront en 2021 leur accès à des outils vitaux retardé, ce qui pourrait entraîner une prolongation de la pandémie, avec de graves risques sanitaires mondiaux et des conséquences économiques.
Supprimer les brevets sur les vaccins
L’OMS demande que les entreprises pharmaceutiques renoncent aux brevets concernant les vaccins contre le Covid-19 afin que les pays en développement puissent y avoir accès. « Notre tâche urgente désormais est d’étendre rapidement l’accès équitable à tous les outils », affirme à ce sujet le directeur de cet organisme onusien, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Les pays occidentaux et les grandes entreprises pharmaceutiques ont pourtant bloqué à huit reprises cette initiative. Ces derniers affirment qu’ils n’auraient pas autant investi dans la recherche s’ils n’avaient pas attendu en retour des gains financiers importants. La Suisse vient d’ailleurs d’être accusée de blocage de savoir-faire par Public Eye pour avoir défendu les intérêts des géants pharmaceutiques qui veulent garder le contrôle de la production de vaccins.
L’OMS a donc plusieurs fois dénoncé l’attitude des pays riches qui continuent à donner des contrats directement aux grands laboratoires, affectant la distribution des vaccins par Covax qui tente d’en faire une répartition plus équitable.
Passeport vaccinal obligatoire pour voyager
L’OMS s’est aussi opposée à plusieurs reprises à un passeport vaccinal obligatoire pour voyager. Ses recommandations s’appuient sur les faibles preuves de la performance réelle des vaccins sur la réduction de la transmission de la maladie. Le degré et la durée de l’immunité conférée par cette vaccination sont incertains plaide l’OMS qui affirme que « certaines études suggèrent que les personnes vaccinées peuvent encore transmettre l’infection par le SRAS-CoV2 à des contacts sensibles ».
L’organisme met aussi de l’avant l’injustice que cela créerait entre les citoyens des pays riches et pauvres, étant donnée la grande inégalité en matière de distribution mondiale des vaccins.
Cela n’a pourtant pas empêché plusieurs pays de s’engager dans cette voie. L’Union européenne (UE) planifie d’ailleurs d’ici le début de l’été la création d’un tel passeport pour ses 27 pays membres, a confirmé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Un cri de détresse
L’inégalité d’accès aux vaccins entre pays riches et pauvres se creuse et devient grotesque, a récemment affirmé Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Nous avons les moyens d’éviter cet échec, mais il est choquant de constater à quel point peu de choses ont été faites pour l’éviter », commente-t-il à ce sujet. L’OMS tente donc de changer cette situation en expliquant dans pratiquement chacune de ses conférences de presse sur le Covid-19 les terribles conséquences du nationalisme vaccinal sur l’évolution de la pandémie.
Les pays occidentaux finiront-ils par obéir aux les directives de l’OMS ou risqueront-ils d’entrer dans un cycle sans fin ou leurs citoyens devront être vaccinés à répétition pour contrer les nouveaux variant plus résistants, contagieux et dangereux venant des pays en développement qui n’auront pas eu les moyens de contrôler cette pandémie?
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