par Philippe Rosenthal.
Le journalisme, « principal vaccin » contre la désinformation en pleine pandémie, est « totalement ou partiellement bloqué » dans plus de 130 pays, rapporte Reporters Sans Frontières (RSF), qui a publié ce mardi 20 avril l’édition 2021 de son classement mondial de la liberté de la presse.
La France absente de la zone blanche de la carte de la liberté de la presse. « Le journalisme, est totalement ou partiellement bloqué dans 73% des pays évalués », écrit Reporters Sans Frontières (RSF). Tous les ans la situation sur la liberté de la presse dans 180 pays et territoires est scrutée par l’organisation indépendante basée à Paris dotée d’un statut consultatif auprès de l’Organisation des Nations unies, de l’UNESCO, du Conseil de l’Europe et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Ce rapport annuel montre que « l’exercice du journalisme », ce que RSF nomme comme étant le « principal vaccin contre le virus de la désinformation, est gravement entravé dans 73 des 180 États du Classement établi » par l’association et « restreint dans 59 autres, soit au total 73% des pays évalués ». Ces chiffres correspondent au nombre de pays classés rouge ou noir sur la carte mondiale de la liberté de la presse, c’est-à-dire ceux dans lesquels le journalisme est dans une « situation difficile », voire « très grave » et à ceux classés dans la zone orange, où l’exercice de la profession est considérée comme « problématique ».
La France (34e), classée pourtant jaune, dans le groupe où la situation est plutôt bonne selon RSF, est cependant derrière l’Espagne (29e), le Royaume-Uni (33e) et devant la Slovénie (36e), classée toujours jaune, qui est, elle, classifiée par RSF comme étant un pays qui bloque le journalisme en obligeant, par exemple, l’agence de presse STA à suivre la ligne politique du gouvernement au risque d’être privée de financement d’État. La France, pays des droits de l’homme par excellence n’est en tout cas pas dans la zone blanche de la carte de la liberté de la presse, qui indique une situation d’exercice du journalisme sinon optimale du moins très satisfaisante comme cela est le cas pour la Norvège, la Finlande, la Suède, le Danemark.
Les États-Unis et la France derrière des pays africains. La France, classée donc en jaune, se trouve, comme le montre RSF derrière des pays comme, la Costa Rica, la Jamaïque, l’Uruguay, le Suriname, la Namibie, le Cap-Vert, le Ghana et l’Afrique du Sud. L’organisation indépendante, qui place curieusement le Royaume-Uni (33e) juste devant la France alors qu’il garde le journaliste d’investigation, Julian Assange, dans la prison à haute sécurité de Belmarsh, où sa santé physique et mentale continuent de se dégrader, met la Russie en rouge en indiquant que ce pays a « déployé son appareil répressif pour limiter la couverture médiatique des manifestations liées à l’opposant Alexeï Navalny ».
Le deux poids, deux mesures est, d’emblée visible dans ce rapport. En effet, pourquoi placer le Royaume-Uni en 33e position et la Russie en 150e quand un reporter de renommé international ayant dénoncé les violations des droits de l’Homme et les meurtres de l’armée américaine est enfermé en prison à Londres ? Il semble que RSF prenne une défense arbitraire pour un pays occidental et porte un bandeau sur les yeux. Pourtant, RSF, souligne que le cas du fondateur de Wikileaks est un « type de revers pour le journalisme ».
Même si les États-Unis sont d’après RSF en 44e position et classée toujours en jaune bien loin derrière la France et le Ghana, le problème a été, selon l’organisation, la dernière année du mandat de Donald Trump qui « s’est caractérisée par un nombre record d’agressions (près de 400) et d’arrestations de journalistes (130), selon le US Press Freedom Tracker, dont RSF est partenaire ».
L’organisation Reporters Sans Frontières, qui même si elle prend une position favorable pour le Royaume-Uni alors que Julian Assange y est emprisonné, ne peut pas cacher le fait que la liberté de la presse est réellement en danger dans de nombreux pays occidentaux. Aussi, on peut vraiment écrire que la France, le Royaume-Uni et les États-Unis peuvent apprendre de pays africains comme le Ghana et l’Afrique du Sud. Cela prouve que de graves dérives non démocratiques ont actuellement lieu dans ces pays.
Même si « l’Europe et l’Amérique (Nord et Sud) restent les continents les plus favorables à la liberté de la presse » et « même si la zone des Amériques enregistre cette année la plus grande dégradation des scores régionaux (+2,5%) », RSF informe que « le continent européen accuse pour sa part une détérioration conséquente de son indicateur “Exactions” » car « les actes de violence ont plus que doublé au sein de la zone Union européenne-Balkans, alors que cette dégradation est de 17% au niveau mondial ».
L’organisation indépendante et défenderesse de la presse précise que « les agressions contre les journalistes et les interpellations abusives se sont notamment multipliées » en Pologne (64e, -2), en Grèce (70e, -5) , en Serbie (93e) et en Bulgarie (112e, -1) mais aussi en Allemagne, en France (34e) et en Italie (41e).
source : https://www.observateurcontinental.fr
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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