Décidément, les films de science fiction ont de moins en moins d’avance sur la réalité. C’est même à se demander si les employés des labos militaro-industriels ne se précipitent pas au cinéma pour mettre immédiatement en oeuvre ce qu’ils voient sur grand écran.
Ce genre de scène, propre à faire mal aux yeux, où chasseurs pilotés, droïdes aériens et autres drones s’entrecroisent dans un inextricable fouillis…
… pourrait bien devenir prochainement réalité.
Si, au départ, la Russie a pris quelque retard sur la technologie des drones, privilégiant l’armement conventionnel (missiles, avions, tanks), on peut dire qu’elle se rattrape bien. La dernière trouvaille en date est paradoxalement à mettre au crédit… du sultan !
L’on sait que la livraison à l’Ukraine des fameux drones Bayraktar – qui ont changé le cours de la guerre dans le Haut Karabagh mais n’ont de turc que le nom – agace sérieusement Moscou. Aussi, un concept a surgi, tout droit sorti d’un soap opera intergalactique et sur lequel travaille le légendaire fabricant Kalachnikov : un champ de mines aérien, rien que ça.
L’idée est de créer un nuage de drones en vol stationnaire – Star Wars n’a qu’à bien se tenir – dont l’un des éléments se dirigerait vers l’intrus en explosant.
Le projet n’en est encore qu’à ses débuts mais il semble avoir un brillant avenir devant lui, tant les évolutions dans ce domaine sont rapides. Au début du siècle, les drones de combat étaient inconnus ; ils ont pris une ampleur démesurée ces dernières années ; ils pourraient bientôt rentrer dans le rang aussi vite qu’ils en étaient sortis.
Il y a cinq ans presque jour pour jour, nous nous étions penchés sur le perpétuel balancier de l’histoire militaire :
Tout amateur de rugby sait que le noble sport marche par phase : à certaines époques, les attaques prennent le pas sur les défenses ; à d’autres, c’est l’inverse. Au rugby-champagne des années 90, les entraîneurs de ce jeu infini et complexe ont répondu par la mise en place de systèmes défensifs très élaborés. Il en est de même dans l’éternelle course-poursuite de l’armement entre l’attaque (aviation, missiles) et la défense (systèmes anti-aérien et anti-missiles). Amusante coïncidence, les périodes sont relativement similaires.
Les années 90 ont marqué l’apogée de l’attaque, du pouvoir absolu des airs. Durant la première guerre du Golfe (1991), les avions furtifs et missiles américains sont entrés comme dans du beurre irakien ; la guerre du Kosovo (1999) a, pour la première (et dernière ?) fois de l’histoire, vu la victoire de la seule aviation, sans hommes à terre. Cette « dictature du ciel » a provoqué, plus qu’une prise de conscience, une véritable révolution mentale dans les principaux états-major de la planète.
Les Russes ont été les premiers à relever le défi avec la création et la fabrication de systèmes anti-aérien et anti-missiles : les fameux S300 puis S400 (…)
De même, si, à terme, les champs de mines aériens se généralisent, la défense prendra le pas sur l’attaque et le chapitre ouvert il y a une quinzaine d’années se refermera, au grand dam des pays en pointe dans la dronautique militaire.
Supériorité aérienne bridée, c’est à nouveau le terrain qui décidera pleinement de l’issue des combats (ce qui aurait bien arrangé les Arméniens il y a quelques mois). On plaint cependant d’avance les pauvres oreilles des combattants, obligés d’entendre un bourdonnement continuel au-dessus de leur tête…
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