Le mémorandum d’accord visant à intensifier la collaboration entre l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) signée à Genève le 14 avril est fondamentalement une entente gagnante pour les deux parties. L’OMS va chercher la grande expertise accumulée par l’OIF dans la communication en milieu francophone et cette dernière obtient une meilleure couverture médicale pour ses pays membres. Cet accord prévoit, entre autres, intensifier la collaboration de ces deux organismes dans la promotion de l’équité en matière de vaccins, la lutte contre le paludisme et la santé des populations en général.
Les signataires ne retirent cependant pas le même prestige de cette entente. C’est l’OMS qui a besoin de l’expertise de son nouveau partenaire pour réaliser sa mission fondamentale. L’OIF voit ainsi sa position de joueur important sur la scène internationale confortée et confirme son influence en Afrique, le nouveau cœur de la francophonie. À l’échelle mondiale, cela vient aussi reconnaître l’importance de l’utilisation de la langue française dans le domaine de la santé.
Aider l’Afrique
Cette entente est particulièrement importante pour le continent africain, souvent perdant quand il est question de ses relations avec l’ONU. À ce sujet, le président du Sénégal, Macky Sall, affirmait en novembre 2020 que les règles qui gouvernent les Nations unies n’étaient pas dans l’intérêt de l’Afrique qui était sous domination coloniale à la création de cet organisme en 1945. Il donnait en exemple le fait qu’aucun des 54 États africains n’est membre permanent du Conseil de sécurité bien que l’essentiel de son agenda touche des problèmes sur ce continent.
Il est évident pendant cette pandémie de Covid-19 que l’Afrique est particulièrement mal desservie par les organismes de santé internationaux. Bien qu’un quart de la population mondiale y soit, au 31 janvier, seulement 20 000 Africains faisaient partie des 70 millions de personnes vaccinées. De plus, le directeur pour l’Afrique des Centres de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), le Dr John Nkengasong, affirmait le 15 avril que l’Afrique était « dans une impasse » pour son approvisionnement en vaccins contre le Covid-19 alors que la pandémie y touche de plus en plus de gens. L’inégalité d’accès aux vaccins contre le Covid-19 entre les pays riches et pauvres se creuse et devient grotesque, affirmaient aussi à ce sujet le 22 mars, le directeur général de l’OMS qui exhortaient les pays riches à renoncer aux droits sur les brevets contre le Covid-19.
La situation est toute aussi urgente au niveau d’autres problèmes de santé, comme le paludisme, touchant ce continent. Une étude apportait pour la première fois le 14 avril dernier la preuve clinique que les mutations du parasite responsable de cette maladie le rendaient plus résistant aux traitements en Afrique. Cette résistance avait déjà été trouvée en Asie du Sud-Est. La lutte contre d’autres maladies en Afrique, comme la tuberculose qui y cause annuellement environ 500 000 décès, pourrait aussi profiter de cet accord.
L’OIF encore plus utile au niveau mondial
Le Covid-19 entraîne actuellement la crise planétaire la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. En s’alliant à l’OMS pour le combattre, l’OIF voit donc son rôle de joueur international renforcé. En plus d’améliorer la lutte contre les maladies en Afrique, cette entente doit aussi permettre une collaboration pour la mise en place de l’Académie de l’OMS à Lyon, en France, devant former des agents de santé dans le monde entier. Cette entente pourrait aussi aider l’OMS à surmonter ses limitations causées par une augmentation des nationalismes et la polarisation des sociétés. Ces limitations influencent actuellement l’efficacité de ses actions et la santé économique de la planète. L’OIF joue donc maintenant un rôle de soutien à la croissance mondiale et pourrait aussi aider les pays francophones en leur permettant de se libérer plus rapidement de la pandémie et de maladies nuisant à leurs populations et leurs économies.
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