par Jean Goychman.
Robert Mundell, économiste canadien, est décédé le 04 avril. Peu connu du grand public, il avait reçu le prix Nobel d’Économie en 1999, année de naissance de l’euro. Bien que ses théories soient quelquefois controversées, il est reconnu comme « un des pères de l’euro ».
Ses principales contributions portaient essentiellement sur l’étude des zones monétaires optimales. Il avait défini quelles étaient les conditions préalables auxquelles devaient satisfaire les différents pays qui voudraient adopter une monnaie commune. Cette théorie, publiée en 1961 et connue sous le nom de « théorie des zones monétaires optimales » et est toujours d’actualité.
Qu’énonce-t-elle ? Voici ce qu’écrivait Robert Mundell :
« Pour que plusieurs pays aient intérêt à faire monnaie commune, expliquait-il, il faut qu’il existe entre eux une excellente mobilité des facteurs de production : capital et travail. Car les pays de cette zone monétaire ne peuvent plus utiliser l’arme de la dévaluation : en cas de choc sur leur activité, ils ne peuvent plus se « refaire » en baissant la valeur de leur monnaie et donc les prix de leurs biens exportés. Seul un déplacement des capitaux (des autres pays de la zone vers son économie) ou des travailleurs (de leur territoire vers ceux des pays où il y a du travail) permet d’amortir ce choc. C’est ce qui se passe entre les États des États-Unis par exemple ».
Cela implique que les pays souhaitant se doter d’une monnaie commune soient économiquement et socialement proches entre eux. Ils doivent avoir la même fiscalité, les mêmes (ou quasiment) protections sociales et ne doivent pas se faire de concurrence, ce qui impliquerait une sorte de « dumping » (tirage vers le bas des conditions de travail et de rémunération).
Autrement, ils doivent être à la fois identiques dans leur fonctionnement et complémentaires dans leurs activités économiques.
De ce point de vue, l’Union européenne à tout faux. La monnaie unique utilisée par les États membres de la zone euro a été mise en place sans que les harmonisations préalables nécessaires n’aient été réalisées. Il faut croire que ce qui importait le plus était cette mise en place de l’euro la plus immédiate possible, quitte à sacrifier son espérance de vie. Dans un premier temps, ces disparités n’ont pas entravé le fonctionnement de l’euro, et les économistes virent avec satisfaction l’uniformisation des taux d’intérêts des pays de la zone monétaire, ce qui profitait aux plus pauvres qui pouvaient ainsi emprunter facilement.
Mais le poison était présent et ses effets sont apparus dès la crise de 2008 qui fit diverger d’une façon dramatique ces taux. Après avoir été un ardent promoteur de l’euro, Robert Mundell était devenu très critique envers lui.
Depuis, les choses ne sont jamais rentrées dans l’ordre et les disparités économiques se sont accrues.
Comment ne pas croire aujourd’hui que l’euro n’était, en fait, qu’un agent du fédéralisme européen et que le but réel n’était pas d’obtenir la prospérité de l’Union européenne mais d’imposer le fédéralisme. Nous aurions ainsi eu un État fédéral, gouverné par des commissaires européens non élus et cooptés entre eux, qui serait devenu, en quelque sorte, l’antichambre du gouvernement mondial qui est envisagé par le « great reset » objet des travaux du Forum économique mondial de Davos.
Ceci explique pourquoi la construction européenne s’est, en quelque sorte, faite « à l’envers » en inversant les finalités. Ce qui aurait dû être un objectif est devenu un moyen parce que le but réel demeurait inavouable.
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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