Recherche menée par Robert Gil
Au moment où l’on demande aux catégories les plus modestes d’accepter des régressions sociales majeures au nom de la compétitivité il est inacceptable de voir se constituer des fortunes sur la base de pures logiques spéculatives et rentières. Tant pour des raisons de justice sociale que d’ordre public et de politique de santé, il faut donc stopper la dérive folle des très hauts revenus. Ce nouveau RMA (Revenu Maximal Acceptable) indexé sur les minimas sociaux serait d’ailleurs proposé par le MEDEFF qui n’est autre que le Mouvement pour un Espace de Désintoxication de l’Economie Financière et pour la Fraternité !
Quel est l’argument principal des dealers dans une cité de banlieue quand ils cherchent à convaincre un jeune de rentrer dans un réseau de revente de drogue ? « Pourquoi vouloir te fatiguer à gagner en un mois ce que tu peux gagner en une journée ? Regarde au JT on a encore eu l’exemple d’un grand patron qui rafle un paquet énorme de stocks options ou augmente son revenu de 30% alors que sa boîte est en difficulté.Telle est la loi de la jungle dans laquelle nous sommes ». C’est dire qu’au delà d’un certain seuil, les inégalités de revenu ou de fortune sont des incitations à l’incivisme et à la délinquance. C’est encore plus vrai à l’échelle mondiale. Quand la fortune de 225 personnes est égale au revenu de deux milliards et demi d’êtres humains (chiffres officiels du PNUD) le cocktail explosif de l’humiliation et la misère constitue un réservoir de choix pour les fondamentalismes, les intégrismes et les terrorismes de toute nature. Problème d’ordre public donc, mais aussi problème de santé mentale. Au delà d’un certain niveau de fortune, il se met en place un phénomène psychique de déréalisation que connaissent bien les personnes qui travaillent sur les psychoses maniaco-dépressives, et qui peuvent conduire à des mises sous tutelle ou sous curatelle, car les personnes atteintes sont incapables de gérer rationnellement leur argent. C’est le même processus qui se produit aussi chez nombre de sportifs, d’artistes, de PDG, de présentateurs de TV, etc…, qui « disjonctent » et, circonstance aggravante entraînent souvent les collectifs ou les entreprises dont ils sont membres ou responsables dans leur propre délire.
Outre des raisons de justice sociale évidentes (rien ne peut justifier que des êtres humains soient à la rue quand d’autres ne savent pas quoi faire de leur argent) une réforme de ce type devrait être proposée conjointement par le ministère de l’intérieur et le ministère de la santé. En attendant c’est le MEDEFF (espace de désintoxication de l’économie financière et pour la fraternité) qui se propose de lancer cette campagne civique ! Plusieurs modalités sont envisageables. L’une d’entre elles, libérale dans ses modalités d’application, consisterait à proposer un processus en deux temps :
- 1) le Parlement délibère du niveau maximal d’inégalités réelles (et non statistiques) compatibles avec l’idée que la collectivité se fait de ses propres valeurs. Il définit ainsi un seuil de revenu minimal et un seuil de revenu (personnel) maximal acceptable. Les deux revenus sont liés selon le principe thermostatique : quand il y a excès et insuffisance aux deux bouts de la chaîne on crée une boucle de rétroaction positive. Si l’on veut augmenter le RMA (personnel) il faut augmenter aussi les minima sociaux. Dans le cas où le Parlement refuse un plafond supérieur il doit assumer publiquement la réalité du niveau d’inégalités. Reconnaître par exemple qu’au pays de la déclaration des droits de l’homme l’inégalité effective est aujourd’hui dans un rapport de un à X milliers. (chiffres précis à venir).
- 2) le plafond maximal personnel étant défini, tout revenu supérieur peut être, au choix, versé dans l’ISF ou, si les personnes démontrent l’utilité sociale de ce supplément de revenu, affecté à une fondation. La fondation peut être en effet un bon cadre pour répondre de manière très libérale à cet objectif très radical. Dans ce second cas les personnes au dessus du RMA disposeraient donc de la première partie de l’année fiscale pour déposer un projet de fondation associant la personne concernée et la collectivité. La fondation peut d’ailleurs porter le nom de la personne si cela peut satisfaire son ego, mais comme toute fondation, la collectivité y est représentée et les objectifs doivent correspondre à des critères d’utilité publique ou sociale (au sens large écologique compris).
Il faudra bien entendu répondre à l’argument du risque d’évasion fiscale qu’une telle mesure ne manquera pas de susciter. Ce projet devrait donc être couplé avec d’autres propositions concernant la lutte contre les paradis fiscaux défendues notamment par Attac. Mais on peut d’ores et déjà dire que les personnes qui seraient à ce point dans une posture cynique et incivique pour refuser une telle mesure sont peu utiles à leur pays. Dans une économie de la connaissance et à l’heure de la révolution de l’intelligence, la qualité de l’intelligence est directement liée à la qualité d’écoute et de générosité. L’autisme et le cynisme ne sont guère propices à la fécondité de l’intelligence collective. Leur « délocalisation » volontaire ne serait pas pour le coup un drame national…
A FAIRE CIRCULER SANS MODÉRATION…….
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Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec