Il n’est pas anodin que ce soit un professeur d’écologie microbienne moléculaire qui soit à la tête de la « Task Force ». A l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zürich, il étudie la manière dont les micro-organismes interagissent avec l’environnement et entre eux, s’influençant ainsi mutuellement. Son regard scientifique est de cet fait fortement influencé par ses recherches et le conditionne quand il se penche sur la situation coronavirale.
C’est avec un tel bagage professionnel que Martin Ackermann fut nommé par la Confédération à la tête de la Task Force scientifique en août 2020. Dans cette entrevue de présentation, il affirme : « Je suis également heureux que nous ayons appris une quantité incroyable de choses au cours des derniers mois, par exemple comment coopérer au mieux avec les autorités. » Evidemment, la coopération est indispensable, mais qu’a-t-il appris de la population, de ses dynamiques, des différents écueils surmontés ou non? Qu’a-t-il perçu de l’état psycho-émotionnel des différents milieux sociaux et économiques?
Il exprime aussi : « Autre point important : nous avons convenu d’un échange de données encore plus efficace – c’est essentiel, car une recherche valable repose sur une bonne base de données ». Que signifie réellement « bonne base de données« ? Même si elle s’avère bonne par la quantité, peut-on réduire le bilan de la vitalité des habitants et de leurs élans brimés ou non à des données?
Il ajoute : « Nous sommes tous heureux d’avoir ramené le nombre de cas en Suisse à un niveau aussi bas ». Vu sous l’angle coronaviral, les chiffres peuvent sembler réjouissants. Mais en se réduisant au nombre de cas covid, ils ne reflètent nullement l’état général de la santé qui dépend de tant d’autres facteurs car les êtres humains sont des micro-univers et je le répèterai tant que la science les découpe en secteurs comme des pièces de puzzle alors que ce qui constitue l’essentiel de l’existence sont les interconnexions en soi, avec autrui et avec l’environnement.
Un regard animé d’une vision anthropologique ne se limiterait pas à des constats partiels : « Dans le débat public, l’économie et la santé ont souvent été mises en balance. Cette mise en balance repose sur l’idée que les mesures concrètes seules affaiblissent l’économie, mais cette idée s’est révélée fausse :la peur de la population envers le coronavirus paralyse également l’économie. C’est pourquoi nous voulons, au sein de la Task Force, mieux comprendre ces mécanismes. L’économie et la société ne peuvent se rétablir que si nous gardons le virus sous contrôle. » Ce distingué professeur met donc en avant la peur de la population. Est-il naïf à ce point ou manipulateur profitant de s’appuyer sur tous les moyens médiatiques utilisés pour attiser les émotions de peur dans la population? A quoi s’ajoutent des stratégies pour fermer des services de soins ou interdire certains traitements, ce qui a forcément abouti à davantage d’hospitalisations. Et puis actuellement, parler de cas même s’ils ne sont pas symptomatiques et de plus avec des tests non fiables à 100 %? Au contraire, si les dirigeants avaient été plus sensibles à la fragilité émotionnelle des habitants, ils auraient plutôt proposer des traitements pour renforcer l’immunité d’abord, puis des traitements pour soigner les cas précoces. L’équilibre aurait été tout-à-fait possible. De plus, avec les confinements, la peur a de quoi surgir pour tous ceux qui sont privés de leurs commerces, de leurs restaurant et autres lieux de vie. En outre, la privation d’activités sportives ou artistiques renforce la vulnérabilité des individus. Donc qu’ont fait les dirigeants pour renforcer les forces psycho-affectives de chacun? Estimer en plus que l’équilibre ne peut se rétablir que si nous gardons le virus sous contrôle relève d’une simplification extrême qui montre bien que si les sciences peuvent être sectorisées dans des facultés distinctes, la science médicale se doit d’être globale. Evidemment, le développement des spécialités soutenues par la technoscience arrive à son acmé et la crise que nous vivons appelle intensément à revenir à une médecine globale.
Si ce professeur d’écologie des microorganismes avait acquis un regard d’envergure sur l’ensemble de la société des êtres humains, pourrait-il enjoindre le peuple à tenir encore deux à trois mois? Il dénote là d’une grave cécité envers tous ceux qui n’en peuvent plus. Mais lui se contente encore et encore de chiffres et d’une mesure simplificatrice : La situation pourra se détendre seulement une fois que 50% de la population sera vaccinée. Avec une parole de psychologie élémentaire : La ligne d’arrivée est proche. Il s’appuie encore sur la position de l’Office Fédéral de la Santé Publique qui constate une baisse de l’âge moyen des patients Covid depuis le début de l’année. Evidemment, ils ne tiennent pas compte que l’ambiance du confinement et de toutes les mesures restreignant la santé en général ont affaibli les individus au point de devenir davantage malades. En plus, ils ne tiennent pas compte que l’hiver est propice à l’éclosion de différentes affections virales mais se satisferont du concept qu’il s’agit des cas qui touchent les 50 à 70 ans, qui n’ont pas encore été vaccinés.
Je me suis focalisée sur le président de la Task Force mais il est évident qu’il n’est qu’un représentant de toute une mentalité dirigeante qui, elle-même, est le reflet d’une mentalité plus internationale.
Si je déplore du fond du coeur la façon dont la population helvétique en subit les conséquences, je reconnais que la situation est bien pire dans d’autres endroits :
En France : un citoyen décrit très pertinemment l’ambiance internationale actuelle :
« Les dirigeants du monde entier se penchent soudainement sur notre santé, oubliant au passage les enfants qui meurent de faim et bien d’autres calamités sanitaires qui peuvent rapporter gros. Vous devez suivre à la lettre les prescriptions gouvernementales vous invitant à garder la chambre, à vous mettre à la diète sociale et à faire régulièrement un test qui plombe encore plus les finances de la Sécurité sociale. »
En Italie, nous prenons conscience de la souffrance de plusieurs milieux qui rappellent que « le travail c’est la santé » et que « Les gens méritent la liberté, ils méritent de pouvoir travailler. »
D’autres, au Québec, se débattent sur le plan scientifique : Une récente étude de L’INSPQ sur les contacts sociaux permet de mieux comprendre pourquoi les mesures sanitaires les plus sévères sont inutiles.
Ce qui est impressionnant, c’est quand le gouvernement dicte aux médecins expérimentés ce qu’ils ont le droit de prescrire : Ainsi, des médecins en France sont surveillés.
Il est donc temps d’enseigner à tout âge aux citoyens de prendre soin de soi, de comprendre les signes et la symbolique des messages de son corps et de connaître les multiples facteurs qui entretiennent et préservent la santé. Il est temps d’offrir aux étudiants en médecine une instruction couvrant l’ensemble de l’être humain et non pas les spécialités et les techniques à la mode.
Marie-France de Meuron
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