Nous, les racistes

Nous, les racistes

Au cours des siècles, nous sommes passés de bornés sous la botte de l’Église, de porteurs d’eau, d’illettrés, de fascistes à notre dernier statut : des racistes. Qui plus est, à cause de ses lois sur la langue et la laïcité, le Québec est désigné par nos adversaires comme une province sous l’emprise du racisme systémique, voire carrément comme fasciste et colonialiste à cause de nos liens historiques avec la France.

Dans les dernières années, nombre d’immigrants installés au Québec se sont ajoutés aux anglophones pour former une minorité, jusqu’à nouvel ordre tonitruante, opposée à nos lois « iniques », qui protègent notre identité et notre langue française.

Les racialistes et les woke en général, qui sont parmi nous et contre nous, s’en donnent à cœur joie. Ils occupent le haut du pavé dans les médias sociaux, mais ils ne dédaignent pas la rue où ils descendent selon les prétextes du moment.

En fait, tous les Québécois qui se perçoivent comme victimes de racisme manifestent. Les derniers en lice sont les Asiatiques. Ils étaient plus de 3000 dans les rues de Montréal durant le week-end dernier, pancartes en chinois et en anglais (quelques-unes même en français), pour combattre le racisme dont ils font l’objet. À l’évidence, ils considèrent que la tragédie survenue aux États-Unis, qui a coûté la vie à six femmes asiatiques employées dans des salons de massage, serait possible au Québec et au Canada.

Dénonciations

Il n’y a donc que les Québécois francophones qui, en appuyant une forme de laïcité et la langue française, n’ont pas le droit de se sentir agressés dans leur identité quand ils sont dénoncés par tous les multiculturalistes canadiens. 

Les Noirs, les autochtones, les Asiatiques, les LGBTQ+ et les islamistes se disent microagressés par nous. Ils sont en quelque sorte légitimés, tandis que les francophones nationalistes et laïques en défendant leur identité commettraient un sacrilège contre toutes les communautés de victimes réunies au Canada d’un océan à l’autre. 

A-t-on vu la semaine dernière Justin Trudeau se porter à la défense de François Legault, accusé d’être un suprémaciste blanc ? A-t-on vu les « démocrates » canadiens atténuer les injures qui s’abattent sur le gouvernement caquiste ? On sait cependant que celui-ci est au pouvoir grâce à l’appui d’une majorité de francophones au nationalisme bien plus modéré et raisonnable que l’on ne veut l’admettre. 

Risque

Organiser de grandes manifestations pour défendre le français risquerait d’être perçu comme une provocation et pourrait attirer des éléments perturbateurs de tous les extrêmes. Car on sait que ces derniers ne rêvent que d’en découdre avec la majorité des citoyens francophones dont ils tolèrent à peine qu’on exige le français dans les commerces. 

Il ne faut pas compter sur les jeunes pour raviver l’indignation et la volonté de se battre pour le français. Les nouvelles générations francophones ont été désensibilisées à la cause de leur survivance en français. Plusieurs croient aussi qu’en tant que blancs ils sont coupables des exactions commises sur les non-blancs. 

Il faudrait donc abdiquer et reconnaître que nous n’avons plus le droit de parole dans notre société majoritairement blanche. Que nous sommes, consciemment ou non, des agresseurs de ceux qui se revendiquent avant tout comme nos victimes. 

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