La Pâque juive (Pessah’) a lieu cette année du 27 mars au soir au 4 avril inclus. Durant ces huit jours, les Juifs qui pratiquent cette fête s’abstiendront de consommer tout produit avec du levain et mangeront du pain azyme. Ce rite rappelle qu’esclaves, ils ont quitté l’Égypte, dans la précipitation, en pleine nuit, et n’ont pu laisser lever la pâte.
La fête de Pâque célèbre en effet la fin de l’esclavage des Hébreux, après plus de deux-cents ans en Égypte. Le livre de l’Exode retrace cette servitude, la vocation de Moïse, aidé de son frère Aaron et de sa sœur Myriam, et le chemin, après bien des péripéties et des prodiges, de la libération de tout un peuple.
On raconte encore et toujours cet évènement qui a eu lieu, selon la tradition juive, il y a trente-cinq siècles. Comme si chaque année on devait sortir des « esclavages » et aller vers la libération.
D’ailleurs, d’autres esclaves les suivront, traverseront avec eux la mer Rouge et entreront dans le désert. Ce périple les mènera à la Révélation au mont Sinaï avec le don de la Torah et ainsi des dix commandements. Et au bout de quarante ans, à l’entrée en terre d’Israël.
Se raconter son histoire
Il y a un commandement essentiel au cœur de cette fête : l’injonction de narrer son histoire et de la transmettre. « Tu raconteras à ton enfant en ce jour-là (…) », ordonne le texte biblique (Exode 13, 8).
C’est pourquoi le premier soir de la fête en Israël (et les deux premiers soirs en diaspora), les Juifs se réunissent autour de la table familiale avec la Hagadah de Pessah’ (le récit de Pâque). Ils lisent ce texte (en hébreu ou dans une autre langue, ou les deux à la fois), le commentent et discutent durant des heures, car « celui (ou celle) qui raconte abondamment la sortie d’Égypte est digne d’éloges », précise ce recueil de l’Antiquité.
On raconte encore et toujours cet évènement qui a eu lieu, selon la tradition juive, il y a trente-cinq siècles. Comme si chaque année on devait sortir des « esclavages » et aller vers la libération.
Il ne s’agit pas seulement ici de se souvenir, ce qui en soi participe à l’élaboration d’une identité narrative collective, mais aussi d’être héritier d’une histoire, de la comprendre et de la poursuivre. Les Juifs, devenus conteurs ce soir-là, ne soupent qu’aux alentours de minuit, et encore, la nuit n’est pas terminée. Après le repas, il y a encore des prières et des chants. Et pour les plus courageux, la lecture du Cantique des Cantiques, qui est interprété comme la métaphore d’une alliance entre ce peuple nommé Israël et Dieu.
La force de la parole
Ce commandement de jaser auquel tout le monde participe, des enfants aux personnes plus âgées, est souligné par le titre même de la fête, en hébreu Pessah’, qui, si on le décompose, signifie « la bouche qui parle (Pé sah’) ».
Plusieurs commandements dans la Torah sont liés à la parole : bénir, prier, ne pas médire, ne pas faire de serment en vain, pour ne citer que quelques exemples. À l’image de Dieu qui a créé l’univers par la parole – au point qu’en hébreu parole et chose se confondent en un seul terme (davar) –, l’humain aussi a cette capacité (ici par le récit) de créer un monde de conscience et d’espérance.
La sortie d’Égypte, fêtée à Pâque, représente le paradigme de la libération dans la conscience juive. À telle enseigne que les prières quotidiennes et celles du shabbat la rappellent. Tout se passe comme si, pour s’être produit une fois, cet évènement devenait le garant que le salut ou la rédemption puisse à nouveau advenir.
Nombreuses ont été les occurrences où le peuple juif a été confronté à une adversité terrible, mais il a traversé ses épreuves, s’est relevé et a fait preuve de résilience. C’est cette pérennité, que l’on soit croyant ou non, qui fait que la Pessah’ est l’une des fêtes les plus célébrées dans le monde juif, aussi bien ici qu’en Israël.
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