En 2019, les cathos intégristes se sont écharpés pour une obscure association. Des divisions habituelles de l’extrême droite scolaire sont nées pléthore de nouvelles organisations qui, chacune à leur place, veillent au démantèlement de l’école de la République. Mais au royaume des fachos, certains sont (encore) pires que d’autres…
Toujours reconnue d’utilité publique, la Fondation pour l’école (FPE), qui n’est aujourd’hui que l’une des organisations de promotion de la « liberté scolaire » (lire l’école pour les riches ou pour endoctriner), fait l’objet d’une double enquête judiciaire, pour harcèlement moral, fraude fiscale et abus de confiance.
Elle est de surcroît convoquée au tribunal des Prud’hommes pour la mise à pied et licenciement pour faute grave de plusieurs salariés dont sa directrice générale. Et là ça ne rigole plus.
Retour vers le passé
Il faut dire qu’entre les errances de la Fondation « Espérance banlieues », placée à l’époque sous la responsabilité légale de la fondation pour l’école qui l’abritait et établies par un audit extérieur dont le rapport a été rendu fin mars 2019 (et que nous nous sommes procuré), et les frasques fiscales alléguées d’un administrateur, la justice doit s’amuser.
Ah ! Espérance banlieues, la coqueluche des médias de « droite » bienpensante mi-catho mi-marteau à la recherche de solutions miracles pour pacifier les quartiers… Il faut voir ce qu’en a fait un certain Eric Mestrallet, qui confondait apparemment philanthropie et business. Rémunéré illégalement, Mestrallet avait entrainé la fondation pour l’école dans ses frasques. Le rapport d’audit sur lequel se fonde l’enquête administrative d’ailleurs toujours en cours du Ministère de l’intérieur indique, aussi, que l’autre fondateur d’ « Espérance banlieues » est Loup Mautin, agriculteur fanatique des thèses homophobes de la Manif pour tous et du Rassemblement national …Encombrant compagnonnage pour un Mestrallet désormais soucieux de political correctness.
Mais que devient vraiment la fondation pour l’école, qui défrayait encore la chronique à la fin de l’année 2020 ? Nous avons mené l’enquête. Une chose est sûre, l’antre du fascisme scolaire n’a pas entamé sa cure de désintox !
Entre hommes…
Après avoir viré la directrice générale la fondation a logiquement radié toutes les femmes des postes à responsabilité. On en trouve (quand même) au sein du Conseil d’administration, à l’instar de Marie-Bénédicte Rivière-Pain, et de Marie de Préville, fille de l’encombrant Jean-Marie Schmitz, patron du très droitier Secours de France. Pilier d’ICHTUS, aussi, jadis présidé par Jacques Trémolet de Villers en flamboyant avocat de Paul Touvier, l’homme vient toutefois d’être poussé vers la sortie… A croire que l’OAS ne fait plus recette.
Le changement, ce n’est pas maintenant. D’autres très droitiers personnages composent cette étrange fondation qui prône le catholicisme en latin à tous les étages : Hervé Rolland, le nouveau président, prend une posture d’homme d’ouverture. Problème, Rolland est tout bonnement l’ancien président de Notre-Dame de Chrétienté, l’association qui gère le très traditionnaliste pèlerinage de Chartres fondé par Bernard Antony, où se montre parfois Marion Maréchal…
Conséquence directe de ses sulfureuses accointances sans doute, il a gardé au CA l’encombrant Lionel Devic, ancien président de la FPE. Devic est avocat chez DELSOL, cabinet connu pour conseiller les partis et mouvements de droite et les organisations catholiques. Comme Jean-Marie Schmitz, c’est un pilier du très pétainiste ICHTUS, mais aussi un homme à affaires. Cofondateur avec son proche ami, Eric Mestrallet, d’une société de conseil (Maecenas) au moment-même de la création de la FPE, il ne nie pas qu’elle ait facturé du conseil à un réseau d’écoles de dominicaines intégristes…
subventionnées par la Fondation pour l’école. En tant qu’avocat, il aura du mal à expliquer qu’il n’a jamais entendu des conflits d’intérêts et des doutes sur la gestion désintéressée de la Fondation que posent de telles pratiques.
Autre figure intéressante, Thibault Collin, qui vient tout juste d’entrer au CA. Professeur de philo à Stanislas, il est membre du conseil scientifique de l’ISSEP, qui n’est autre que l’école de… Marion Maréchal Le Pen. Interviewée par Charlotte d’Ornellas, il explique en toute bonne foi que les catholiques peuvent voter RN sans faire pénitence pour leurs mauvaises pensées. Des cathos utiles, en somme.
Nouveau venu aussi, François-Xavier Huart, qui se rattache ouvertement au courant ultra-conservateur catholique. Quant à l’administrateur Jean-Dominique Vauthier, il a fait carrière chez Toshiba et aime mettre les choses en musique, comme le suggèrent ses responsabilités de longue date dans la Fondation des Académies musicales de Liesse – fondation abritée de la fondation pour l’école qui soutient une école fondée par Vianney Chatillon, ancien séminariste des tristement célèbres Légionnaires du Christ. Il ne faut pas manquer de foi pour confier sans sueurs froides des garçons en internat à un ancien disciple du père Maciel.
Thierry Reveau de Cyrères, lui, travaille chez Total. Adepte de la Fraternité Saint-Pie X, il a écrit sur le fameux Mgr Lefebvre dans une revue classée parmi les plus ultras de la Tradition catholique. Pas sûr qu’on puisse compter sur lui pour incarner l’ouverture vendue par Rolland !
Valérie d’Aubigny, elle, est conseillère municipale de Versailles Famille Avenir. Tout un programme : figure de proue de la Manif pour tous elle est aussi patron d’émission sur Radio Courtoisie. C’est pour mieux donner à voir le changement à l’œuvre à la fondation pour l’école qu’elle invitait son président, il y a quelques jours à peine pour parler d’éducation « libre » sur les ondes de cette radio réactionnaire et urticante.
La fondation pour l’école, c’est fini ?
Si les informations relatives à la gouvernance de cette fondation moisie sont facilement accessibles, puisque nous n’avons pas eu de mal à y accéder, l’opacité règne toujours sur les écoles qu’elle finance… On ne sait toujours pas quels établissements sont subventionnés, ni quels montants sont alloués, et ce en dépit d’une communication apparemment habile qui consiste à citer quelques noms d’écoles mises à l’honneur dans le cadre de mail-bombing, sans jamais en établir la liste exhaustive…
Puisqu’on vous dit que les voies du seigneur sont impénétrables !
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir